Erasmus et moi
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sophie janodErasmus ce n'est pas qu'une ligne sur un CV. Témoignages.
« J'étais différente, mais les autres ne s'en apercevaient pas »
Aurélie Chaudieu, française, 25 ans, responsable de projets dans une ONG
« Erasmus ? Indescriptible. J'ai étudié la géographie à l'Université de Roskilde au Danemark en 2004. De là, ils m'ont envoyée en Suède pour réaliser une enquête de terrain sur la minorité ethnique des Sami. Pendant mon séjour Erasmus, nous avons créé une véritable famille avec les autres participants, comme pour nous protéger du monde extérieur, d'un pays dont il est difficile de percevoir immédiatement toutes les subtilités. J'ai rencontré des personnes que j'aurais probablement tout simplement ignorées dans mon pays d'origine et qui, rapidement, me sont devenues indispensables. Une fois rentrée, je me suis rendu compte qu'Erasmus était devenu une bulle qui avait fini par m'isoler de ma vie ‘d'avant’. Comme quand on recommence à parler de banalités à tables et qu'on retrouve ses amis qui n'ont pas changé. Moi par contre, j'étais devenue une autre, mais j'étais la seule à m'en apercevoir. Aujourd'hui, trois ans plus tard, l'Europe fait partie de ma vie quotidienne. Au niveau professionnel, parce que beaucoup de projets sur lesquels je travaille sont financés par la Commission. Et au niveau personnel, grâce à des amis dispersés sur tout le continent. Et puis j'ai développé une conviction : Erasmus est le début de quelque chose de beaucoup plus important : la construction d'une Europe de citoyens qui va au-delà de l'Europe économique. »
« Moi, pionnière et 'malade' d'Erasmus »
Annalisa Zinani, italienne, 34 ans, à la recherche d'un poste de contrôleur financier
« J'ai étudié l'économie à Marseille en 1995. C'était les débuts du programme Erasmus et ça avait tout l'air d'une conquête. Obtenir une bourse, les contacts à l'université, se battre pour expliquer aux profs en quoi consiste le projet d'équivalence des examens. Puis expliquer à la famille ce qu'on part faire. Une épreuve de ‘survie’ que je compare souvent à une sorte de service militaire pour connaître les autres européens. Au début on se découvre influencé par la vision et la conception des choses d'une manière différente de celle à laquelle nous sommes habitués, pour ensuite se retrouver avec les racines bien ancrées de l'éducation de base, mais enrichis de tolérance et de curiosité. On découvre que le monde est un arc-en-ciel aux nuances infinies dans lesquelles chaque personne représente un point de couleur différent. Erasmus est le commencement d'une vie et d'une ferveur dont la recherche peut ne jamais se terminer. On commence à se servir de sa propre boussole intérieure, se déplaçant dans l'espace en étant enfin libres. Mais attention : ça peut aussi être le début d'une nouvelle ‘maladie’ qui provoque une confusion des repères rendant impossible l’obtention d’un équilibre. Mais le jeu en vaut la chandelle. »
Translated from «Vi raccontiamo il nostro Erasmus»