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Erasmus à Istanbul : la fête ou la vie

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Default profile picture Roch Hannecart

Société

Les étudiants étrangers installés pour un an en Turquie ont deux possibilités : se plonger dans la vie palpitante et extrêmement politique de la ville ou s’en remettre aux beuveries Erasmus sur le campus. L’avis tranché d’une Allemande.

Une étudiante Erasmus, inscrite à la Halic, une université privée située dans une partie de la ville majoritairement musulmane, me racontait récemment qu’elle appartient à la petite minorité d’étudiantes sur le campus qui ne portent pas le voile, ce qu’elle trouve très étonnant. Bien que dans la Turquie laïque, le port du voile soit interdit dans les lieux publics, il est toléré dans la plupart des universités. A cet égard, comme à beaucoup d’autres, mon université fait exception : les étudiantes musulmanes qui portent le voile, le retirent devant les agents de sécurité à l’entrée et souvent, elles ne semblent pas s’en trouver particulièrement malheureuses.

« I do not know anything about the life in Istanbul but at least I had the best time of my life »

A propos d'entrée. Ces jours-ci, à l’entrée de l’Université Yildiz, chaque étudiant voit son sac méticuleusement fouillé. Pour quelle raison ? Il y a quelques semaines, il y a eu une altercation entre deux groupes politiques étudiants entre lesquels la police a dû s’interposer. Une amie Erasmus qui étudie à la Yildiz m’a raconté que ce jour-là, lorsqu’elle est sortie du séminaire, le campus était enveloppé d’un nuage de gaz. La police, qui en fait n’est pas habilitée à entrer sur le campus, bombardait les chamailleurs avec des gaz lacrymogènes, jusqu’à ce qu’ils finissent par se lâcher. La façon dont l’Etat utilise la violence contre ses citoyens n’est pas seulement intéressante pour les étudiants qui travaillent sur le thème du pouvoir et de l’Etat, il est également possible d’en faire l’expérience et de l’observer concrètement.(Tcp909 / Flickr)

Argent = alcool

Ceci, à condition de mettre un pied en ville. Car les étudiants en Erasmus qui, comme c’est souvent le cas dans mon université, vivent dans des foyers étudiants du campus sécurisé et propret, situés à presque deux heures du centre sur le versant asiatique, n’en subissent finalement que peu les conséquences. A cause de la distance, ils ne vont pratiquement jamais dans la partie turque, où la vie palpite, et leurs contacts se limitent en général aux autres étudiants Erasmus de leur université, avec lesquels ils vont dans des bars et boivent autant d’alcool que le leur permet leur porte-monnaie.

« Au début, je voulais vivre avec des Turcs, mais alors les autres Erasmus ont trouvé leur appartement ici »

Leur effort pour s’intégrer dans la vie d’Istanbul se limite à la portion congrue parce que la plupart ne parviennent pas à apprendre la langue. Il y a à cela des raisons très concrètes. Les étudiants Erasmus qui vivent avec des colocataires turcophones sont minoritaires. Même lorsqu’ils vivent dans des colocations – un concept qui jusqu’ici n’est pas aussi populaire que sous nos latitudes, surtout dans sa variante mixte – ils la partagent avec d’autres étudiants Erasmus. « Au début, c’est clair, je voulais vivre avec des Turcs, mais alors les autres Erasmus ont trouvé leur appartement ici. Je pense que maintenant ça n’a plus de sens de déménager. » C’est souvent la question que j’obtiens lorsque je demande pourquoi, s’ils veulent apprendre le turc, ils ne vivent pas avec des étudiants turcophones. En tout état de cause, le fait que dans la plupart des universités, on enseigne en anglais, n’aide pas non plus.

Une langue = un pays

(jhefele/Flickr)La langue est le premier pas dans une culture. Qui veut parler une langue, doit parler le plus possible avec les gens dans la rue, en faisant ses courses, avec le conducteur de bus, etc... C’est souvent très distrayant et parfois frustrant aussi. Après neuf mois à Istanbul, je ne comprends souvent pas encore la moitié de ce qu’on me dit et je ne peux pas encore lire le journal, mais au moins, je comprends de quoi on parle et je peux me faire comprendre. Plus je maîtrise la langue, plus je m’immerge dans la culture, dans la vie, plus je récolte des informations. Ça motive à aller de l’avant. Un autre étudiant Erasmus que je connais et qui, comme moi, est arrivé dans la métropole du Bosphore au cours du dernier semestre d’hiver, n’a pas encore été capable d’apprendre « Salut ! » en turc. A la place, il s’est éclaté dans sa colocation internationale, de soirée en soirée, et il dit qu’il va revenir parce qu’il a vécu ici « le meilleur moment de sa vie ».

A la fin du premier semestre, lorsque la plupart des étudiants Erasmus de l’université Yeditepe sont repartis chez eux, certains parmi eux ont organisé une soirée d’adieu. L’événement était organisé à la façon « Misses and Mister Whatever ». Tous les étudiants Erasmus furent appelés à choisir parmi les catégories suivantes : Absent « I never see you around », Fashion « When you walk, everyone says : wooooooooow », Cool « Yeah man, I’m pissing ice cubes », Patriotic « In my country… », Wise « What was first : the chicken or the egg ? », Altruistic « Are you OK ??? », Sexy hot hot « Oops, you are burning, baby ! » Comme pour la plupart des soirées Erasmus, j’ai pour ma part brillé par mon absence. Mais j’aurais eu une suggestion à faire concernant une autre catégorie : No brain, no pain ! « I do not know anything about the life in Istanbul but at least I had the best time of my life ».

Lire la première partie du compte-rendu Erasmus de Harika.

Translated from Erasmus in Istanbul: „Die Zeit meines Lebens“