Énergie nucléaire : l’Espagne sous la menace
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Fernando Navarro SordoDerrière l’accord signé entre Berlusconi et Sarkozy pour que les entreprises françaises construisent de nouvelles centrales nucléaires en Italie, se cachent d’ultérieures étapes dans la reconquête nucléaire en Europe.
À chaque crise économique resurgit l’illusion pour l’énergie nucléaire
La compagnie publique française d’électricité EDF s’est alliée à la compagnie électrique publique italienne ENEL pour construire 4 centrales nucléaires en Italie. Silvio Berlusconi, dans son style de gouverner le pays comme s’il s’agissait d’une entreprise, c’est à dire, à coup de sondage et de gestes personnalistes, a décidé d’enterrer le référendum qu’en 1987 avait banni par la volonté de la majorité des italiens l’énergie nucléaire de leur pays. Il est vrai qu’aujourd’hui 53% des citoyens italiens se montre favorable à l’énergie nucléaire, même si plusieurs dirigeants régionaux ont déjà hissé leur voix pour s’opposer à la construction de centrales nucléaires dans leur région. Le gouvernement conservateur italien présidé par Berlusconi, qui a traité les écologistes de « fondamentalistes », a annoncé qu’avant 2020 on aurait fini de construire au moins une nouvelle centrale nucléaire.
Tout cela se passe la même semaine que l’entreprise publique électrique italienne Enel s’est fait avec 92% des actions de l’entreprise électrique la plus importante en Espagne: Endesa. Si à ceci nous ajoutons que l’Espagne et la France sont en train de construire une nouvelle connexion électrique à travers les Pyrénées, que l’Espagne achète à la France de l’électricité produite dans des centrales nucléaires, et que même les syndicats des compagnies électriques espagnoles réclament pouvoir parier sur les centrales nucléaires pour réduire le coût de la facture énergétique, il est facile de déduire que dès que Zapatero abandonnera le pouvoir, le bref rêve écolo de l’Espagne aura fini.
Si l’Espagne tombe du côté des partisans du nucléaire, rien n’arrêtera cette vague en Europe
Cela fait déjà un mois, le 26 janvier, que sous l’impulsion de l’Allemagne, le Danemark et l’Espagne, est née IRENA, l’alternative « renouvelable » à l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA). Car il existe notamment trois différences entre l’Espagne et l’Italie. D’abord, la majorité de la population se manifeste contraire à ouvrir de nouvelles centrales nucléaires : face à la moyenne européenne qui soutient l’énergie nucléaire (44% selon un eurobaromètre d’Août 2008), en Espagne seul 24% des citoyens se montre totalement en faveur de cette alternative énergétique. Qui plus est, 57% des espagnols se disent complètement contre. Deuxièmement, l’Espagne, pour une fois, se trouve à la tête des pays européens qui parient pour les , comme la solaire, l’éolienne, la géothermique ou la biomasse. Tous les mois, on annonce des records de production d’énergies à travers les sources renouvelables et la prévision veut qu’en 2010 29% de l’énergie électrique générée sur le sol espagnol soit sur la base des renouvelables. Finalement, les entrepreneurs espagnols portent leurs espoirs sur le plan annoncé par le président nordaméricain, Barack Obama, en vue de réorienter la production énergétique vers les sources renouvelables, ce qui permettrait les industries espagnoles de pointe dans ce secteur d’entrer dans le marché des États Unis avec peu de concurrence.
Le fantôme de la pollution
Par-dessus tous les discours idéologiques, l’Espagne reste le dernier de la classe quant à la réduction des émissions de CO2 et le respect des objectifs du Protocole de Kioto. Pour toute solution elle semble résignée à acheter des droits d’émission de CO2 aux pays de l’est européen, tels que la Hongrie, la Pologne la Tchéquie ou les pays Baltes. Ceci dit, la crise, soudainement, pourrait jouer en sa faveur : en 2008, les émissions de CO2 dans le secteur électrique espagnol se sont réduites de 17% par rapport à l’année précédente. (Photos : )
Translated from Energía nuclear: España en el disparadero