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Endless : les espoirs brisés des migrants

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Société#OPENEUROPE

Un voyage en images dans l’ancien Centre d'accueil pour demandeurs d'asile de Salinagrande, à Trapani, représentatif des nombreux « camps de concentration » où étaient parqués les migrants sur les côtes européennes. L’équipe palermitaine de cafébabel présente Endless, reportage du photographe sicilien Francesco Bellina.

Le CARA (Centro di Accoglienza per Richiedenti Asilo) de Salinagrande était un des Centres d'accueil pour demandeurs d'asile de la commune de Trapani (en Sicile, ndlr). Cette structure, fermée le 31 mai 2015, a fait l’objet de plusieurs polémiques, surtout en raison des effroyables conditions d’hébergement des migrants. En décembre 2011, une délégation de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen l’a définie comme un véritable « camp de concentration ». «  L’eau est froide dans les douches, les toilettes sont dans un piètre état et les dortoirs, plus que bondés », avait déclaré la suédoise Cecilia Wikstrom, chef de la délégation, « dans ces conditions, la dignité humaine est difficile à défendre ».

Photoreporter de 26 ans, Francesco Bellina a choisi d’observer l’ancien CARA de Salinagrande pour attirer l’attention sur les limbes de cet accueil, en particulier lorsqu’il s’agit de structures délabrées, peu accueillantes et mal gérées (comme c’est le cas ici). Le projet photographique Endless a été réalisé après la fermeture de la structure : il confronte les photos des pièces désormais vides, où les hôtes étaient obligés de vivre, à divers images extraits des journaux télévisés, qui racontent le phénomène de l’immigration.

Les espaces silencieux du CARA de Salinagrande côtoient – par affinités chromatiques ou thématiques — les images aux couleurs vives ou pixellisées des frontières grecques ou hongroises, jusqu’à l’enclave espagnole de Melilla, sur le sol africain. Un voyage sans fin et sans frontières.

Avant l’évacuation du CARA de Salinagrande le 31 mai 2015, les demandeurs d’asile ont été contraints de vivre dans de très mauvaises conditions. Sur les murs, on trouve des numéros de téléphone d’amis, de membres de la famille, de connaissances : les traces d’un passage qui s’est répété des années durant.

La structure renferme des « zones grises » créées pour y enfermer certains hôtes. Pendant la nuit du 28 au 29 décembre 1999, dans un autre centre d’accueil de Trapani (l’ancien Centre de retention administrative de Serraino Vulpitta, ndlr), six migrants ont perdu la vie dans un incendie. D’après les témoignages, les forces de l’ordre auraient bloqué la sortie de secours avec une barre de fer. Les migrants ont brûlés vifs.

La première coopérative à avoir la responsabilité du CARA de Salinagrande fut la Cooperativa Insieme (« Ensemble ») de Giuseppe Scozzari, lequel comparaît actuellement devant le tribunal de Gorizia pour association de malfaiteurs en vue de fraude aux dépens de l’État, pour la gestion des centres de Gradisca d'Isonzo.

En août 2011, la gestion est passée à la Cooperativa Badiagrande, liée au diocèse de Trapani et au père Sergio Librizzi, directeur de la branche locale de Caritas. Le prêtre a été arrêté en juin 2014, puis condamné à 9 ans de réclusion pour concussion et violence sexuelle.

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Cet article a été publié par la rédaction locale de cafébabel Palermo. Toue appellation d'origine contrôlée.

Translated from Endless, le speranze infrante dei migranti