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Emmanuel Macron à Bruxelles : « Nous avons besoin de l’Europe pour nous en sortir »

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Bruxelles

Le ministre français de l’économie a partagé sa vision de la politique française et européenne avec des journalistes de Politico.

Il y avait du monde à Bruxelles pour la venue d’Emmanuel Macron, ministre français de l’Économie, le 18 avril, à l’occasion du premier anniversaire du lancement du média Politico dans la capitale européenne. C’était la première fois que ce journal accueillait un ministre national en activité pour des débats politiques.

Force est de constater que la politique française intéresse toujours autant à Bruxelles et dans la sphère européenne. La venue du ministre était effectivement attendue par les milieux politiques, mais également par les médias. Plus d'une centaine de personnes, globalement acquises à sa cause et à ses idées, étaient réunies pour assister à son intervention, quelques jours après l’inauguration de son mouvement politique, En marche.

Les discussions étaient essentiellement axées sur deux sujets : la politique française et l’Union européenne. M. Macron a répondu, en anglais, de manière franche et détendue aux questions des journalistes.

« Nous avons besoin d'une société ouverte »

Si les questions relatives à la politique française étaient censées être introductives pour laisser la place aux sujets européens, elles ont monopolisé une bonne partie des débats. Et le ministre de l’économie a, d’emblée, été invité à se positionner quant à une candidature de François Hollande à l’élection présidentielle en 2017. Il a réaffirmé que ce dernier était le seul à décider, rappelant ce qu’avait déclaré le président de la République il y a quelques jours, à savoir qu’il prendrait sa décision dans les prochains mois.

Toujours est-il que M. Macron soutient, officiellement, actuellement le chef de l’État français et n’a pas créé son mouvement politique en vue de le concurrencer. Selon le ministre, « l’offre politique actuelle n’est pas suffisante ». Il souhaite l’émergence d’une véritable plate-forme politique pour l’après 2017. Et surtout, il insiste sur les idées de fond, qui selon lui manquent, à l’inverse des candidats. « Jamais on ne parle d’idées » a-t-il affirmé, avant d’ajouter qu’une douzaine de candidatures ont déjà été annoncées.

L’énarque a confirmé à l’audience que le mouvement En marche avait vocation à être transpartisan et donc à accueillir des personnes venant de la gauche et de la droite. Et il se veut surtout à l’origine d’une plate-forme inclusive, intégrant des personnes de la société civile : « La société civile parle de la politique en disant ‘Vous êtes des technocrates’. Nous avons besoin d’une société ouverte ».

Présentation du vidéo du mouvement de Macron, En marche.

Quant aux questions sur l’économie, le ministre, connu pour ses positions libérales et réformatrices, a réaffirmé qu’il souhaitait un « renouveau de l’économie », avec davantage de flexibilité. Et ce, afin de donner la possibilité aux personnes exclues du marché du travail de faire des « petits boulots » plus librement, reprenant ainsi l’exemple d’Uber. « On ne créera aucun futur avec des règles datant des années 50, 60, 70. Nous sommes dans un monde ouvert. Il faut adapter notre modèle économique et de formation », a-t-il conclu sur l’économie.

Une volonté de « plus d’Union européenne » et de plus de solidarité

Après avoir évoqué la responsabilité des politiques quant à la montée du Front national, Emmanuel Macron a répondu aux questions relatives à l’avenir de l’Union européenne. Favorable au Traité transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis, le fameux TTIP, il considère que celui-ci n’est pas mort et qu’il est une « bonne chose pour l’Europe », s’il est bien négocié. Les cycles de négociation se multiplient effectivement depuis plusieurs années et des points sont encore sensibles, à savoir l’agriculture ou les marchés publics.

Il a également été question de la crise de l’acier en Europe. Sur ce point, le ministre français est pour un certain protectionnisme, face à des « pratiques commerciales chinoises inacceptables », qui « tuent les prix de 40 à 50% ». « Si vous pensez à la liberté, vous pensez à des règles de libertés », a-t-il déclaré, prônant une protection plus efficace et plus rapide de l’industrie européenne.

Sur des questions plus institutionnelles et politiques, l’homme politique a maintenu que « nous avons besoin de l’Europe pour nous en sortir. On n’est pas mieux équipés à l’échelon national pour faire face aux crises [crise financière, terrorisme, crise des réfugiés] ». « Nous avons l’opportunité d’être de plus en plus forts », a-t-il affirmé, maintenant tout au long de la discussion son europhilie et son envie d’avoir davantage d’intégration européenne, mais aussi de réformer l’Union.

Enfin, les questions des speakers se sont achevées sur le couple franco-allemand. Le ministre s’est montré solidaire de son président et de son gouvernement, assurant que les relations étaient très bonnes entre Angela Merkel et François Hollande. Il a même affirmé que les relations du couple sont actuellement meilleures qu’elles ne l’étaient sous l’ère Nicolas Sarkozy. Mais d’après lui, chacun doit faire des efforts : la France doit avancer sur un nouveau traité et l’Allemagne doit accepter plus de transferts de compétences.   

Si la discussion fut dense pendant plus d’une heure, elle n’a pas donné lieu à des prises de position ou des déclarations nouvelles et fracassantes. M. Macron s’est contenté de rappeler sa ligne politique et sa conception de l’Union européenne. Aucune surprise donc mais un enthousiasme affiché du ministre dans un contexte politique tumultueux pour la gauche française.