Electorallemand : Wong Kar Wai fracasse la Berlinale
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Hier soir avait lieu l’ouverture du festival du film de Berlin. Pratique, c’est le président du jury lui-même, Wong Kar Wai, qui présentait son propre film, hors compétiton bien entendu.
Article publié le 08.02.2013 sur le Blog Electorallemand
La Berlinale qui reprend, c’est une impression de camp de vacances où on retrouve les mêmes gens, les mêmes lieux chaque année pour une petite semaine.
Oui, oui, l’accréditation, je sais où c’est. Ouais, ouais, le sac. Ah, c’est mon septième sac en toile de jute, je suis blasé, je l’offrirai à quelqu’un. Ouais, je sais, je vais poireauter pour voir le premier film, mais je suis bien équipé, Brötchen et Cookies dans la besace. Bref, comme on se retrouve !
Hommage au Kung Fu
Cette année donc, constellation assez atypique, le film d’ouverture, Yi Dai zong shi (The Grandmaster, pour ceux qui trouveraient la prononciation plus facile) est donc celui du président du jury, le réalisateur de Hongkong Wong Kar Wai. Il faut dire que la Berlinale attendait depuis des années de le faire venir, donc là, on lui déroule le tapis rouge, au propre et au figuré. Avant la projection, ma voisine de projection, une journaliste chinoise, m’aborde et me demande si je connais bien les films de Wong Kar Wai. Aie, la vache, j’ai pas révisé. Heureusement, il passait My Blueberry Nights deux jours avant sur 3sat. Ouh, j’évite le zéro pointé. Et les films de Kung-Fu ? Ah, là, j’ai vu Tigre & Dragon, celui avec la fille qui veut pas qu’on lui vole son peigne ! C’est bon, l’honneur est sauf, et j’ai même pas eu besoin de citer Kung Fu Panda.
Digne d’une expo photo
Bref, The Grandmaster nous présente les destins croisés de deux grands maîtres du Kung Fu au milieu du siècle précédent, Ip Man (Tony Leung, la star de In The Mood for Love) et Gong Er (Zhang Ziyi, de justement Tigre & Dragon) . Des années 30 au début des années 60, leurs combats, spirituels et physiques, seront interrompus par les conflits qui troubleront la planète et plus précisément l’Asie. Le film commence par une scène grandiose de combat sous la pluie qui donne le ton des deux heures qui suivront : une esthétique à couper le souffle, des ralentis en veux-tu en voilà et une sutrcture du film où il va falloir s’accrocher pour tout comprendre. Au niveau photographies du film, on en prend plein les mirettes, que ce soit les combats en eux-mêmes, sous la pluie, la neige (v. photo (c) Berlinale), en bordel (en vrai bordel, hein, pas en bordel) ou pour les paysages du Nord et du Sud de la Chine. Tony Leung et Zhang Ziyi ont assuré dû donner beaucoup de leurs personnes pour atteindre ce niveau de précisions des mouvements pour incarner Ip Man, celui qui fut le mentor de Bruce Lee. Par contre, entre les sauts dans le temps, dans l’espace et entre les personnages, des fois, on se demande bien : mais de qui c’est qui parle, là ? Comme en plus, le film était en chinois, sous-titré anglais, ca aidait qu’à moitié, quand même. Donc, comme il s’agit bien là d’un film d’action, d’un film romantique mais aussi d’un film historique, n’hésitez pas à réviser avant le petit manuel de l’Histoire de l’Asie au 20e siècle, ca pourra pas faire de mal pour situer le contexte. Mais j’ai bien retenu : « Le Kung-Fu, ca se résume en deux mots : horizontal et vertical. Une erreur : horizontal. Si tu restes debout, tu as gagné ». Bref, le film qui a eu un accueil mitigé en Chine, devrait ravir les amateurs de Kung-Fu et tous ceux qui attendaient avec impatience le retour du réalisateur d’ In the mood for love sur les écrans.