Élections Européennes : stupeur et défaillances
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Si les élections européennes font l'objet d'un intérêt décroissant, c'est souvent parce que ceux qui sont censés en faire l'écho sont défaillants. Exemple d'une campagne dans le sud-ouest.
Nous n'allons pas parler ici des records d'absentéisme souvent enregistrés lors des élections de nos représentants au Parlement européen. Visons plutôt l'un des détonateurs du désintérêt pour l'Europe des citoyens européens : des candidats défaillants.
Beaucoup d'entre nous avons voyagé, étudié, travaillé et vécu dans un pays membre de l'Union européenne différent de celui où l'on a grandi. Pourquoi alors la génération Erasmus, et plus spécifiquement celle issue du Sud-Ouest de la France, ne s'intéresse-t-elle pas à la politique européenne si tant est qu'elle existe ?
L'idée du jeune eurodéputé dynamique et proactif ne fait pas l'unanimité ici, et pour cause : cette circonscription compte plus de candidats ex-ministres à la recherche d'une pré-retraite honorable que de jeunes hommes et femmes politiques motivés et convaincus par cette idée d'une Europe forte et dynamique.
Seulement, cette méchante naïveté nous dégoûte... Comment expliquer aux électeurs qu'ils soient de droite ou de gauche, de l'hypercentre ou de l'extrême extrémité qu'ils faut aller choisir entre une Michèle Alliot-Marie à la recherche d'une heure de gloire perdue (vous savez, notre ancienne Garde des sceaux, ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur et ministre des Affaires étrangères et européennes, déchue du gouvernement Sarkozy/Fillon et défaite aux élections législatives de 2012 dans son fief basque), un Louis Aliot vaincu lui aussi aux législatives de 2012 et à la recherche d'un lot de consolation (pour la petite info c'est l'heureux assistant parlementaire et compagnon de Marine Le Pen, ne voyez là aucun népotisme bien sûr), un Jean-Luc Mélenchon lui aussi ancien ministre et sénateur défait aux législatives de 2012 dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais (c'est à dire dans le département français le plus éloigné du Sud-Ouest) néanmoins déjà eurodéputé ici dans le Sud, toujours prompt à hurler son mécontentement dans les rues parisiennes mais pourtant incapable de prendre la parole dans l'hémicycle strasbourgeois, c'est à se demander s'il n'a pas oublié que sa fonction suppose qu'il se déplace (un peu quand même) à Bruxelles et à Strasbourg voter, amender les propositions de Règlement, participer aux débats, proposer des rapports ; remplir son rôle d'eurodéputé en fait... Quelques stats pour Mélenchon : il n'a participé qu'a 63 % des votes en plénière à Strasbourg et Bruxelles et il n'a rédigé aucun rapport en 5 ans mais rassurez-vous il a bel et bien perçu l'intégralité des 6 200 € mensuel de salaire que suppose le poste d'eurodéputé... La grande classe.
Ensuite il y a le PS... (long soupir)... Que dire de ce parti largement majoritaire ici dans le Sud-Ouest qui s'est vu imposer par la direction du parti rue Solférino en vertu d'un accord PS-PRG, une candidate, tête de liste qui-plus-est, issue du Parti Radical de Gauche contre l'avis des militants PS d'ici... Nous n'avons rien contre cette pauvre Virginie Rozière, qui semble-il est brillante par ailleurs et représente le renouveau et le dynamisme européen trop souvent absent.
Seulement voilà, c'est compliqué d'aller expliquer à Mme Françoise Castex (eurodéputé PS qui va se représenter mais maintenant pour le parti Nouvelle Donne) que malgré son travail remarquable, notamment concernant le rejet du budget européen de l'austérité, dans la fronde contre les négociations de l'accord de libre échange avec les États-Unis ou encore et surtout dans son activisme contre le traité ACTA. Il faut qu'elle se pousse avec le sourire et qu'elle accepte les ordres de la direction du parti (rassurez vous, le secrétaire général du PS, Harlem Désir, lui sera bel et bien tête de liste en Île-de-France... OUF... Personne du PRG pour lui prendre son siège).
Qu'à cela ne tienne : votons d'abord, indignons-nous ensuite. En citoyens responsables.