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Élections en Hongrie : Fidesz au poste

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Politique

Di­manche 6 avril au soir, à l'is­sue des élec­tions lé­gis­la­tives hon­groises, le Fi­desz a en­core une fois rem­porté la ma­jor­tié des suf­frages. Entre l'écla­te­ment de l'op­po­si­tion et la pous­sée in­exo­rable de l'ex­trême droite, notre re­por­ter est allée humer l'am­biance d'une soi­rée élec­to­rale di­luée dans le faste et les bulles.

Comme prévu, les élec­tions lé­gis­la­tives en Hon­grie du 6 avril der­nier se sont sol­dées par une nette vic­toire in­con­tes­table du Fi­desz-KDNP (la coa­li­tion de droite qui porte Vik­tor Orban, nda). Un nou­veau par­le­ment hon­grois ré­so­lu­ment orange (cou­leur Fi­desz), à 199 dé­pu­tés (au lieu des 386 exis­tants), a donc été élu en un seul tour (au lieu de 2 jusque-là). Les ré­sul­tats res­tent à confir­mer mais le Fi­desz ob­tien­drait 133 sièges, suivi de la grande coa­li­tion de « gauche » (com­por­tant 5 par­tis très hé­té­ro­gènes et 2 an­ciens Pre­miers mi­nistres dé­criés) avec 38 dé­pu­tés, 23 pour le Job­bik, et 5 pour LMP, le parti éco­lo­giste qui a tout juste fran­chie le seuil des 5%.

Le Job­bik, « parti ra­di­cal le plus po­pu­laire d'Eu­rope »

Si c’est une vic­toire pour Fi­desz, la ma­jo­rité des 2/3 n’est pas en­core as­su­rée, elle dé­pend d’une di­zaine de cir­cons­crip­tions au coude à coude où les votes étaient en­core en train d'être re­comp­tés hier soir. D'ailleurs, on ne sera pas fixé avant sa­medi. La ma­jo­rité se jouera à 1 ou 2 sièges. Les 150 000 voix des Hon­grois de l'étran­ger, ré­cem­ment na­tu­ra­li­sés, pour­raient éga­le­ment faire la dif­fé­rence, voire po­ten­tiel­le­ment bou­ter le LMP hors du Par­le­ment. Avec les 2/3 ac­quis à sa cause, Orban pour­rait conti­nuer de mo­di­fier les lois car­di­nales comme il l'en­tend. En va­leur ab­so­lue, Fi­desz-KDNP a reçu 570 000 votes de moins qu’en 2010 mais le nou­veau sys­tème élec­to­ral et le coup de crayon donné aux cir­cons­crip­tions (lar­ge­ment cri­ti­qué par l'op­po­si­tion, nda) rendent cette ma­jo­rité des 2/3 plus ac­ces­sible.

L’ex­trême droite (Job­bik), quant à elle, se ren­force en gri­gno­tant des voix dans les bas­tions de gauche pour fi­na­le­ment s'im­plan­ter par­tout dans le pays. Re­la­ti­ve­ment faible à Bu­da­pest, le Job­bik dé­passe la barre des 30% en pro­vince. Vic­time du nou­veau sys­tème élec­to­ral, le parti n’a ce­pen­dant gagné aucun man­dat dans les 106 cir­cons­crip­tions concer­nées. Ses sièges pro­viennent tous de la liste na­tio­nale. Plu­tôt déçu, Gabor Vona, son lea­der (réélu dé­puté), a tout de même fiè­re­ment dé­claré être « le parti ra­di­cal le plus po­pu­laire en Eu­rope ». Pen­dant ce temps là, Vikor Orban reste sur la même ligne qu’en 2010 en ré­pé­tant que la Hon­grie « est le plus uni des pays eu­ro­péens » et que si elle en­ten­dait bien res­ter membre de l’UE, elle ne se lais­se­rait pas pour au­tant dic­ter sa conduite. Enfin, la grande coa­li­tion de l’op­po­si­tion risque fort d’écla­ter au vol par­le­men­taire, cha­cun des par­tis qui la consti­tue pré­voyant déjà de faire bande à part.

La Hon­grie qui gagne

À l'an­nonce des ré­sul­tats lundi soir, j'ai dé­cidé d'al­ler humer l'at­mo­sphère côté Fi­desz, en bor­dure du Da­nube. Les jour­na­listes n'étaient pas for­cé­ment les bien­ve­nus et la cé­lé­bra­tion a d'ailleurs été boy­cot­tée par une ri­bam­belle de pure players ma­gyars, so­li­daires de leurs col­lègues qui s'étaient vus re­fu­ser leur ac­cré­di­ta­tion. Le parti de Vik­tor Orban n'a pas fait les choses à moi­tié, en louant un nou­vel es­pace : Bálna,  lon­geant le fleuve côté Pest. Dans un fes­ti­val de cra­vates oran­ges et de robes de soi­rée de la même cou­leur, seuls les VIPs se sont don­nées ren­dez-vous. Au­tre­ment dit : la Hon­grie qui gagne, celle qui vit mieux grâce à l'im­pôt unique (16%) et qui ban­nit les SDF de l'es­pace pu­blic. Cette Hon­grie-là (à la­quelle se mê­lait quand même quelques jour­na­listes, di­plo­mates et autres pièces rap­por­tées) avait ré­servé le pre­mier étage. L'at­trac­tion de la soi­rée : les ré­sul­tats s'af­fi­chant sur les écrans géant de Hír TV, com­men­tés en di­rect par l'au­di­toire. In­co­gnito, l'élite po­li­tique sa­brait le cham­pagne au der­nier étage, dai­gnant re­joindre la foule le temps d'un dis­cours vic­to­rieux.

Ha­garde, j'aborde un petit groupe de jeunes sans doute prêt à s'em­bar­quer vers un brillant ave­nir : « on est ici à Bálna parce qu'on a des contacts », lâchent-ils. Il est 1h du matin, le pre­mier étage se vide. Pas en­core l'heure d'al­ler se cou­cher pour au­tant. Di­rec­tion Akvárium, une nou­velle boîte de nuit, cau­tion bling bling du centre ville. Ici, le simple bra­ce­let orange ne suf­fit plus. L'in­vi­ta­tion est éri­gée en must. Et moi, je ne tente même pas l'in­tru­sion. Dans une autre vie, Akvárium s'ap­pe­lait Gödör et consti­tuait le centre né­vral­gique de la vie al­ter­na­tive bu­da­pes­toise. Mais ça, c'était avant…