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Elections en Albanie : place au changement

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Politique

Les projecteurs se sont éteints sur les Européennes. Plein phare sur les élections en Albanie, petit nouveau de l’équipe « wannabe » de l’UE : le dimanche 28 juin, les Albanais ont été appelés aux urnes afin d’élire un nouveau parlement. Les résultats ne sont pas encore définitifs mais la volonté de changement, elle, semble bien ancrée.

Par ce chaud mois de juin 2009, dans la région de Tirana, « la tension pré-électorale est à son comble », estimait Albert Zholi, journaliste et écrivain, avant le scrutin de dimanche 28 juin 2009. Quatre ans après les élections de 2005, remportées par Sali Berisha (également président de 1992 à 1997) ; celui-ci est de nouveau le candidat du Parti démocrate. Son opposant, Edi Rama, pour le Parti socialiste, ancien peintre et professeur à l’Académie des Beaux-arts, est aujourd’hui maire de Tirana (dans son troisième mandat). Rama a pris la tête du PS en 2005, après la défaite de l’ancien leader Fatos Nano. « Berisha et Rama ont déclaré qu’ils démissionneraient en cas d’échec. Le maire critique avec insistance la forte corruption de l’actuel gouvernement, arrivé au pouvoir grâce à son programme de lutte contre cette plaie qui gangrène le pays. Alors que Berisha, de son côté, se félicite des résultats obtenus à la suite de son mandat (la construction de l’autoroute qui relie désormais l’Albanie et le Kosovo et l’entrée du pays dans l’OTAN) », poursuit Zholi. 

L’Otan puis l’Union européenne

Dashamir Shehi, ex-premier ministre, puis fondateur du petit parti LZHK intervient : « L’Albanie participe déjà depuis plusieurs années aux missions de l’Otan, par exemple en Afghanistan et en Irak, son entrée officielle en avril 2009 n’a été qu’une conséquence naturelle. » Suivie par la demande d’adhésion à l’UE. « La réponse européenne se basera sur les résultats obtenus dans la lutte contre le chômage, la corruption, l’immigration clandestine et le trafic d’êtres humains, ainsi que sur la réforme de la justice, souligne Zholi, ces devoirs sont clairs pour chaque Albanais. » « Il s’agit d’objectifs fondamentaux à atteindre, avant tout pour nous-mêmes », poursuit Shehi. Il suggère également qu’aujourd’hui un débat public devrait être organisé afin de déterminer les conséquences d’une possible entrée dans l’UE. Souvent, on a l’impression que seule la libre circulation à l’intérieur de l’Union est prise en considération. Possibilité aujourd’hui convoitée puisque très difficile à obtenir pour bon nombre de la population.

Le problème ? Les femmes !

(Alwynt/Flickr)Mais pour le moment, lors de la campagne électorale, l’attention s’est portée sur d’autres problèmes. Une mauvaise loi électorale par exemple, qui selon Shehi « est fatale pour des petits partis puisqu’elle impose des résultats trop élevés ». De plus, les listes bloquées laissent tout le pouvoir aux mains des partis, au détriment de la représentativité des candidats. A ceci, on peut également ajouter la question de la représentativité des femmes. Certaines listes ont été refusées pour non conformité parce qu’elles n’incluaient pas 30 % de femmes comme prévu par la nouvelle loi. D’où l’ouverture d’un grand débat.

Beaucoup de personnes soulignent qu’ici la politique est encore considérée comme une profession principalement faite pour les hommes, étant donnés les nombreux affronts, les insultes et les discussions enflammées qui la caractérisent. « La société albanaise est encore sexiste, souligne Zholi, cette mentalité est en train de changer à Tirana, mais la situation dans les campagnes est bien différente. »

Par conséquent, « le choix des ‘quotas roses’ peut donner plus d’assurance aux femmes et les pousser à s’impliquer dans la vie publique, surtout dans les réalités fermées, loin de la capitale », conclut Shehi.

Il semble que la même chose soit en train d’arriver avec les jeunes. Le nouveau parti, G99, se base entièrement sur la contribution des étudiants et jeunes diplômés ; certains d’entre eux ont même choisi de retourner dans leurs propres villages pour suivre l’exemple d’Erion Vellaj, de la promotion de 1979.

Même le nouveau Parti socialiste d’Edi Rama recrute beaucoup de jeunes, attirés par l’idée que toute l’Albanie puisse suivre la voie de la modernisation entreprise à Tirana. Mais Shehi se demande « à quel point pourraient-ils vraiment faire la différence tenus en échec par les partis sans lesquels ils n’auraient jamais été élus ? » Alors que Zholi révèle que « le terrain n’est pas encore propice pour développer la pensée progressiste portée par les jeunes. Tout le monde sait que depuis 19 ans, les hommes à la tête des différents partis ainsi que leurs bras droits sont restés les mêmes depuis la création des partis en 1991. »

Mais les noms des deux coalitions majeures créées jusqu’à aujourd’hui, « alliance pour le changement » et « union pour le changement » symbolisent la volonté de chaque Albanais : les résultats de l’élection du 28 juin pourraient marquer la fin de 20 ans de transition postcommuniste et le début du chemin européen. Pour le moment, le dépouillement est encore en cours et les informations changent d’heure en heure. Selon l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le scrutin représentait un progrès par rapport aux élections précédentes, même si certaines violations sont encore à déplorer.

Translated from Elezioni in Albania: largo ai giovani?