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Ecrans grecs

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Lorelei

Presse à la grecque

L'information n'a pas encore fait beaucoup réagir, et peut-être n'est-elle qu'anecdotique et ne révèle en rien une tendance de fond. Peut-être n'est-ce que le reflet du talent d'un réalisateur isolé.

Mais tout de même, la voici: le film « Kinodontas » (« Canine ») du jeune réalisateur grec Yorgos Lanthimos, 36 ans, a remporté hier soir le premier prix de la sélection « Un certain regard » à Cannes.

C'est dans l'édition de ''Ta Nea'' de ce lundi 25 mai que j'ai trouvé le rapport le plus enthousiaste de cette soirée cannoise à laquelle le réalisateur a participé de justesse (il repartait déjà pour Athènes quand on lui a signifié qu'il serait peut-être utile de rester un peu...). Selon l'article, ce succès mérité cache une dizaine de cinéastes qui serait en Grèce capable de renouveler la qualité du cinéma hellène. Petite présentation du film, d'après une brève parue dans ''Kathimerini'': «Il s'agit d'un couple qui élève ses trois enfants dans une villa complètement coupée du monde extérieur, dans la banlieue d'une ville grecque indéterminée. Le film montre comment fonctionne une dictature, à l'échelle d'un foyer familial où le mensonge, la menace permanente, et le détournement de la langue font partie du quotidien ». Programme plutôt alléchant. Modeste, Yorgos Lanthimos remercie d'abord toutes les personnes qui ont participé à l'élaboration du film, et espère que ce succès va permettre de faire évoluer la situation de la production cinématographique en Grèce.

Dans ''Ta Nea'', Dimitris Danikas profite de cette victoire de la culture grecque pour attaquer, par comparaison, la propagande télévisée "eurovisionnesque", en référence à la récente compétition d'Eurovision pour laquelle concourait le beau Sakis Rouvas et qui a alimenté les médias grecs pendant quelques longs jours d'informations aussi inintéressantes qu'inutiles, puisque toute cette aventure s'est soldée par une "débâcle". Eh oui, conclut-il, le film de Yorgos Lanthimos a coûté autant que le budget alloué au costume de la star de la chanson... Le résultat, quant à lui, est incomparable.

Dans un autre registre, la presse grecque a également parlé du nouveau film de l'américaine d'origine grecque Nia Vardalos, heureuse réalisatrice de « Mariage à la grecque » en 2003, un gros et inattendu succès commercial et critique (nominé aux Oscars), et qui présente maintenant son « Amour à la grecque ». J'ai sélectionné un article paru dans ''Ethnos'' dont on sent que l'auteur est partagé entre une sympathie sincère pour cette jeune femme qui n'a jusqu'ici pas su exploiter le succès de son premier film et dont le nouveau semble être une jolie publicité touristique pour son pays d'origine (elle a réussi, malgré les difficultés, à obtenir une autorisation pour filmer sur l'Acropole), et un assez grand désintérêt pour un film qui n'apporte rien de nouveau. Une femme, guide pour touristes américains en voyage en Grèce, lassée de son travail, retrouve le goût de la vie (et de l'amour ?) grâce à un touriste américain qui participe à l'un de ses voyages, et au conducteur grec du car qui les trimballe de site archéologique en site archéologique. « Aucune surprise dans tout ça », affirme le journaliste qui ne voit là que « des stéréotypes de comédies commerciales ».

Deux films très différents qui font tout de même parler de la Grèce. Attendons de les voir et surtout, attendons cette éclosion promise de nouveaux talents grecs.

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