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Droits des femmes : où en sommes-nous?

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Evelyn Luz

Bruxelles

Dans le cadre du programme d’évaluation des actions Pékin +20, l'Association pour les Nations Unies (APNU) en Belgique a organisé jeudi dernier un déjeuner-débat sur les droits des femmes. L'occasion pour Cafébabel de poser la question : où en sommes-nous ?

20 ans après : où en sommes-nous ? 

Faisons un petit saut dans le temps : nous sommes en 1995, tout le monde danse au son de « la Macarena », Bill Clinton est président des États-Unis et à Pékin a lieu la 4 ème Conférence mondiale sur les femmes. Son objectif principal : « la lutte pour l'égalité, le développement et la paix ». Le monde semblait si beau…

Vingt ans après, il faut faire le bilan des efforts réalisés par les gouvernements, les ONG et la société civile pour garantir l'égalité des femmes et des hommes, tant sur le plan juridique que dans la pratique. Malgré les énormes avancées structurelles opérées au niveau international, comme la création de UN Women, la Convention sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes et la récente campagne #HeforShe, de grands écarts persistent entre la loi et la pratique au niveau local. Les femmes continuent d’être enfermées dans des rôles et des représentations stéréotypés souvent sources d'inégalités.

(Pour en savoir plus : une infographie interactive publiée par le Guardian qui passe en revue le droit des femmes, pays par pays.)

Quels objectifs pour le nouveau ministère ?

Cafébabel a assisté à la conférence organisée par l'APNU dans les locaux de Wallonie-Bruxelles International pour connaître de près le plan d’action du tout nouveau ministère francophone pour le droit des femmes, dirigé par la ministre Isabelle Simonis. Lors de son intervention, celle-ci a proposé une approche en 3 axes :

Premier axe : la Gouvernance de l’égalité

En premier lieu il s’agit de mettre en place un décret “genre” qui permette de tenir compte de l’impact des politiques menées sur les 2 sexes, en intégrant dans l’analyse la dimension du genre. Afin d’atteindre les objectifs du décret, madame Simonis propose de former les différents fonctionnaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles à mieux comprendre le concept de “genre” et à identifier correctement cette notion. Enfin, une cellule de pilotage et d’évaluation sera responsable d’effectuer un reporting régulier sur l’efficacité du décret sur base de critères bien spécifiques.

Deuxième axe : réclamer les Droits des Femmes

Il s’agit de travailler sur l’application effective de l’égalité homme-femme en collaborant avec les associations et mouvements féministes sur le terrain. En décembre dernier a ainsi été lancée «Alter Egales»,  l’Assemblée pour les Droits des femmes, au cours de laquelle les participants ont pu se mettre d’accord sur une thématique de travail pour l'année 2015. Ils ont finalement choisit le thème du «droit à l’égalité au travail».

Troisième axe : un plan d'actions interministériel

34 mesures pour l’égalité réelle dans la fédération Wallonie-Bruxelles on été listées. Parmi elles : promouvoir la diversité dans la fonction publique, abolir les stéréotypes par rapport à certains métiers, lutter contre les principes de «plancher collant» et de «plafond de verre» qui affectent la carrière des femmes en entreprise (désignent respectivement la précarité de départ et les freins invisibles dans l'accès aux postes de direction).

Le bilan en Belgique 

La Belgique est encore loin de satisfaire aux objectifs fixés par la Convention de Pékin de 1995. Il existe toujours un écart de salaire de 23% entre hommes et femmes, ainsi qu’une mauvaise répartition des tâches domestiques qui vont jusqu’à 80% à charge du sexe féminin. Le revenu moyen d’une femme à l’âge de la retraite revient à 39% en moins à celui d’un homme selon le Professeur De Schutter.  

Si la création d'un ministère consacré à la matière est un premier pas, et si son plan d'action ne manque pas d’ambition, il reste du travail à faire dans l’amélioration du statut des mères de famille. Les femmes sont en effet de plus en plus acculées à choisir entre vie professionnelle et vie familiale. Selon les dernières statistiques présentées par l'ONE, l'âge de la mère au moment de l'accouchement a significativement augmenté entre 2000 et 2010. Il faudra donc trouver le moyen de faire appliquer aux femmes ces droits dits "réels" ou de « troisième génération », ces droits qui devraient leur permettre de faire librement des choix de vie sans pression sociale ou culturelle. Pour cela, il faudra mettre l'accent sur l'effectivité des différentes legislations visant à établir un équilibre entre vie familiale et  vie professionnelle. C'est une grande occasion pour la Belgique d'avancer dans la matière avec des politiques innovantes qui créent de nouvelles synergies entre les différents organes du gouvernement et les acteurs politiques sur le terrain.

Relecture et correction de style : Maude Theunen

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