Droit de vote à 16 ans : les Autrichiens seraient-ils plus mûrs ?
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Les Autrichiens seront les plus jeunes électeurs d’Europe lors du scrutin européen de juin 2009. La ministre de la jeunesse autrichienne, Andrea Kdolsky, en est convaincue : « A 16 ans, ils sont assez mûrs ».
Loufoque pour les uns, responsabilisation des jeunes pour les autres ou réponse au vieillissement de la population : une chose est sûre, cette réforme, votée en mai 2007, ne fait pas l’unanimité. L'Autriche, pionnière ou aventurière ? Réactions.
Solveig, 16 ans et demie, lycéenne
« Je pense que cette réforme n’est pas une très bonne idée parce qu’à 16 ans, les enfants sont encore sous l'influence de leurs parents. Ils n’ont pas encore un esprit critique, leurs propres idées. Pourtant, je me sens moi même capable de voter, parce que je m'intéresse à la politique. »
Rainer, 21 ans, étudiant et entrepreneur
« Depuis le début, j’ai soutenu le droit de vote à 16 ans, à condition que les jeunes aient suffisamment d’informations de base et qu’ils soient prêts à s’informer eux-mêmes et à réfléchir à la politique. »
Katharina, 19 ans, étudiante
« Je trouve qu’en Autriche, il faut différencier les électeurs citadins des électeurs des zones rurales. En tant qu’habitante de Graz, donc citadine, j’ai l’impression que les jeunes de 16 ans qui habitent en ville ont plus accès à l’information puisque c’est en ville qu’ont lieu la plupart des évènements sur les élections. Je pense que les jeunes qui habitent en zone rurale sont plus facilement influencés par leurs parents ou leurs amis. Dans notre école, il y a actuellement une exposition sur les élections européennes et plusieurs personnalités politiques sont également venues participer à des débats. »
Patrick, 50 ans, portier
« Je ne crois pas que la maturité politique soit une question d'âge. Le problème, c'est de savoir si les politiciens ont décidé de faire voter les jeunes en pensant qu'un grand nombre était capable de le faire d'une façon responsable, ou si au contraire c'est de la propagande politique. Les jeunes sont plus influençables et plus faciles à séduire. En même temps, ils sont capables de voter plus facilement. Les jeunes de 16 ans sont moins conditionnés que les générations précédentes, ouverts à toutes sortes d'idées grâce la culture moderne de l’information. Ils sont aussi moins enfermés dans leur culture nationale. »
Othmane, 17 ans, lycéen
« J'ai 17 ans, je suis Français, et je me dis que les Autrichiens ont une sacrée chance de pouvoir voter à partir de 16 ans. Je ne comprends pas que certains hommes politiques disent qu'il ne faut pas faire voter les jeunes. A 16 ans, on commence à être responsable, à conduire par exemple, et le fait de baisser l'âge du droit de vote permet de nous responsabiliser encore un peu plus. »
Veronika, 42 ans, entrepreneuse
« Le vote à 16 ans, ce n'est vraiment pas une bonne idée. À cet âge, les jeunes ne prennent pas leurs responsabilités. J'ai six enfants, dont deux qui ont déjà passé les 16 ans. Ils sont encore trop bébés. Je ne pense pas qu'ils voteront. Ils n'ont pas encore assez vécu, pour vraiment savoir ce qui se passe dans le monde. »
Fabian, 16 ans, lycéen
« Si les jeunes électeurs ne sont pas suffisamment informés pour pouvoir ne pas être influencés par les opinions de leurs amis et de leurs parents, ça peut poser problème. Je trouve ça bien, que l’on puisse voter à 16 ans, parce que cela nous pousse à penser par nous-mêmes, à être autonomes plus tôt. En tous cas, c’est sûr qu’on doit le faire ! Oui, je pense que j’irai voter en juin. »
Lisa, 17 ans, lycéenne
« Je ne sais pas si c'est bien d'avoir abaissé l'âge du droit de vote à 16 ans. Je pense que l'intérêt pour la politique peut déjà apparaître lorsqu'on est plus jeune. Si à la base, on ne montre aucun intérêt pour la politique, il est possible que cela n'ait toujours pas changé à 18 ans. Je ne suis certainement pas informée de manière suffisante sur les élections. Mais je vais demander conseil à mes parents et aller voter malgré tout. »
Johann, 58 ans, vendeur de saucisses
« La maturité, c’est quelque chose d’individuel. Un adolescent peut être mûr tandis qu’un autre ne l’est pas. Globalement, je trouve que c'est bien d’impliquer les jeunes politiquement. Comme on dit si bien ‘ce que l’on n’apprend pas en étant jeune, on ne l’apprendra jamais’. Le résultat des élections ne sera de toute façon pas déterminé par les jeunes de 16 ans, même s’ils se rendaient tous au bureau de vote. Lors des élections européennes, il y a un grand vide, il faut faire un effort intense pour exercer son droit de vote : je voudrais bien donner ma voix, mais à qui ? »