Droit de la concurrence et « Tektonik »…
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Bon, le traité, les référendums, Dieu et toutes ces conneries, c’est bien joli, mais si on refaisait un peu de concurrence, histoire qu’on rigole ? Le 3 octobre dernier, la Commission européenne a autorisé pour la deuxième fois la fusion entre Sony et BMG. Attentifs que vous êtes au monde de la musique, je vous vois venir : Mais ils ont déjà fait ça en 2004 !
Bah oui, sauf qu’entre temps, la Commission s’était faite retoquer par la Cour de Luxembourg (en fait le Tribunal de première instance, mais je vous passe les détails…) pour avoir autorisé la fusion. Le truc marrant, c’est qu’en général ce sont les interdictions qui sont annulées, par les autorisations ! Mais là, apparemment, le dossier de la Commission, c’était tellement du grand n’importe quoi qu’il n’y avait pas d’autre solution.
Donc, elle revient, pour nous dire qu’en fait elle avait raison, avec encore plus de chiffres, de tableaux et de statistiques, histoire de faire un peu sérieux. Si on suit bien le raisonnement, cela veut dire que le seul problème c’était la motivation du truc. En gros, il y avait pas assez de papier noirci…
Mais si en fait le problème venait du fait que la Commission n’a pas vraiment compris le secteur qu’elle traitait ? Quant on lit le communiqué de la Commission européenne (après de longues recherches, je n’ai pas pu trouver le texte de la décision…), on a l’impression qu’elle ne s’occupe que des prix. Selon elle, le risque principal, c’est que tout ce petit monde s’entende pour avoir les mêmes prix, si possible élevés. En langage technique, c’est un truc qui s’appelle « dominance collective ».
Bon, Ok, les Cds chers, c’est pas cool… Mais c’est quoi le gros problème dans la musique aujourd’hui ? C’est que les disques ne se vendent plus, en partie à cause du téléchargement illégal. Le prix n’est qu’une partie du problème. Pour combattre la baisse des ventes, on assiste à une concentration du marché. Quelques grosses boîtes survivent, parce qu’elle sont capable de subir à la fois une diminution des volumes et des marges. Et donc la production baisse.
Dans tout autre marché, ce serait une évolution saine. Les faibles meurent, et on repart pour un tour. Ouais, sauf qu’ici on parle culture. On parle pas de kilos de porc ou de télévisions. Si on a plus que quatre gros qui se partagent l’essentiel du marché, on risque d’aggraver le rapport de force entre l’artiste et son label. Après on s’étonnera pas de voir tous les rockeurs de la planète habillés de jeans slims, de pulls rayés et arborant d’atroces franges ! Parce que c’est ça aussi l’uniformisation du monde, c’est tout le monde habillé comme Franz Ferdinand ! C’est toutes les chanteuses qui se croient obligées de mettre des trémolos et des « Yeahiyeahiyeah » à chaque fin de phrase ! La concentration du marché de la musique, c’est Yelle qui fait un clip « Tektonik » ! C’est ça que vous voulez ?
Le droit de la concurrence, c’est super, mais contrairement à ce que tout le monde croit, ça ne se fait pas avec des chiffres. Le droit de la concurrence, c’est avant tout du bon sens. Et là, la Commission européenne en a peut-être un peu manqué…