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Dopage et âge d'or du sport espagnol : pourquoi Yannick Noah le poisson

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Translation by:

Morgane André

Style de vie

Alors que Yannick Noah se demande encore ce que contiennent les gourdes des sportifs Espagnols, cafebabel.com lui explique pourquoi l'Espagne connaît aujourd'hui son « âge d'or du sport ». Échanges de fond de court. Et piqûre de rappel.

Le sport espagnol reste imparable. Au mois de septembre dernier, « la roja » remportait sans équivoque le Championnat européen de basket-ball et se qualifiait en parallèle pour la finale de la Coupe Davis. De plus, elle a obtenu, pour la quatrième fois consécutive au mondial de hockey sur glace, un titre qui revêt plus d'importance qu'il n'y parait.

« Si tu n'as pas la potion magique, c'est difficile de gagner. Et là, on a l'impression que, comme Obélix, ils sont tombés dans la marmite. Les veinards. »

Jalousie ? Rivalité ? Aigreur ? En France en tout cas, on aime faire tomber l’idole. C’est pourquoi Yannick Noah, ex-gloire du tennis français, s’est fendu d’une tribune assassine parue dans Le Monde et datée du 19 novembre. Concernant le succès des sportifs ibères-costauds, l’une des personnalités préférées des Français, parle de « potion magique ». Exemple : « Aujourd'hui, le sport c'est un peu comme Astérix aux Jeux olympiques : si tu n'as pas la potion magique, c'est difficile de gagner. Et là, on a l'impression que, comme Obélix, ils sont tombés dans la marmite. Les veinards. ». Bon. Évidemment, ça a fait un ace médiatique. Cependant, après son revers, Noah pose une question : « A côté d'eux, c'est simple, on a l'air de nains. Qu'est-ce qu'il s'est passé qu'on aurait raté ? ». Pour lui répondre, cafebabel.com monte au filet. A contretemps.

Meilleur coup de la tribune : " Il faut bien sûr respecter la présomption d'innocence, mais plus personne n'est dupe. La meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage. Et tout le monde aura la potion magique."

Une décennie spectaculaire

Le dimanche 18 septembre, l’Espagne confirmait son titre de championne d’Europe de basket-ball en Lituanie en gagnant haut la main en finale contre la France. Au cours de la même matinée, dans les arènes de Cordoue et toujours contre un Français, Rafael Nadal remportait le match qui qualifierait l’équipe espagnole pour la finale de la Coupe Davis et l’autoriserait à disputer sa cinquième coupe depuis 2000. Deux victoires qui reflètent les instants spectaculaires du sport espagnol.Miguel Induráin, Severiano Ballesteros, Angel Nieto… Avant le 21ème siècle, les succès sportifs en Espagne étaient représentés par les noms et prénoms très concrets de figures qui se démarquaient par rapport aux autres sportifs du pays. Les victoires en sports d’équipe n’étaient décrochées qu’au travers de clubs dirigés par des étrangers ou grâce au jeu exceptionnel de sélections comme celle de basket-ball dans les années 80, qui décrocha la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Los Angeles.

Pour beaucoup de jeunes, Miguel Induráin incarne l'âge d'or du vélo espagnol durant les années 90.

Il était une fois…

Justement, c’est au cours d’autres olympiades, celles de Barcelone en 1992, que les experts situent le point de départ de cet âge d’or. En plus de décrocher 22 médailles aux cours de ces jeux, son record en une seule édition, l’Espagne commença à mieux planifier la formation de ses futurs sportifs et façonna une culture sportive qui n’existait pas auparavant. Ainsi, des enfants qui avaient à l’époque environ 10 ans devinrent de grandes icônes du sport européen.

Un des sportifs espagnols les plus appréciés à l'étranger, vainqueur de deux titres en NBA.Deux exemples. Le premier, Juan Carlos Navarro, nommé meilleur joueur de l’Euro de basket en Lituanie, avait 12 ans en 1992 et venait juste d’intégrer les divisions inférieures de la section de basket du F.C. Barcelone. Sept ans plus tard, il remportait le Championnat du monde Junior à Lisbonne aux côtés de son ami Pau Gasol et d’une génération de joueurs de basket qui décrocheraient la victoire au Mondial 2006 et aux Championnats européens de 2008 et 2011. Le second, Iker Casillas, est le gardien du Real Madrid et le capitaine de la sélection espagnole de football qui remporta le Championnat d’Europe de 2008 et le Mondial de 2010. A l’époque où l’on célébrait les fameux JO, il comptait déjà un an d’ancienneté au Real Madrid, et, en 1999, il remportait avec l’Espagne le mondial junior au Nigeria, aux côtés de joueurs tels que Carlos Marchena ou Xavi Hernández.

Habitués depuis le plus jeune âge à décrocher des titres de niveau international, ils ont totalement changé la mentalité négative qui empêchait de dépasser les quarts de finale aux grands championnats de football ou de se mesurer aux meilleures sélections du monde en basket-ball. Ainsi, les victoires d’icônes comme Rafael Nadal ou Fernando Alonso seraient désormais accompagnées de nombreuses médailles dans les championnats du monde ou d’Europe de football, de basket-ball masculin ou féminin, de handball, de volley-ball…

Tout ce qui brille n’est pas or

Pourtant, dans cette époque dorée, divers points subsistent qui ne sont pas si reluisants. D’abord, les cas de dopages de sportifs comme les cyclistes Alejandro Valverde et Alberto Contador, et les deux grandes opérations de la justice espagnole contre des machinations de dopage présumées (l’opération Puerto et l’opération Galgo). Ensuite, le manque de succès dans des sports à moindre répercussion médiatique, qui, a moins d’un an des JO de Londres, fait des 22 médailles de Barcelone 1992 un exploit impossible à rééditer. Lors du dernier mondial d’athlétisme, célébré l’été dernier en Corée du Sud, l’Espagne n’a décroché qu’une médaille de bronze en 1500m femmes grâce à la performance de Natalia Rodríguez. Et au mondial de natation de Shanghai, pire : l’équipe espagnole n’a obtenu aucune médaille, suite à un écart polémique de la part du sélectionneur, qui exclut du championnat Rafael Muñoz, le meilleur nageur espagnol de ces dernières années.

En dehors de l'équipe de nage synchronisée, l'Espagne n’a pratiquement jamais gagnée de médailles olympiques, en or ou en argent. La même chose est vraie dans la plupart des 26 sports qui font partie des Jeux de Londres où, sauf surprise, les plus grandes chances de médaille resteront le football, le basketball, le tennis et le cyclisme.

Par conséquent, il est très important que l'Espagne ait atteint son quatrième titre mondial consécutif en hockey sur glace. Parce que malgré les grands succès qu'il a obtenus ces dernières années, le pays a encore beaucoup à faire dans de nombreux sports. Lentement mais sainement. N’en déplaise à Yannick Noah.

Cet article est  publié suite à :

- la cuisante défaite de Rafael Nadal contre Roger Federer (6-3 ; 6-0) aux Masters de Londres.

- une série de matchs perdus ou arrachés par l’équipe de foot espagnols en rencontres amicales

- une accusation de dopage proférée par un journaliste espagnol à l’encontre de l’équipe de France de handball. 

Photos : Une,(cc)americanistadechiapas/flickr Texte : Noah (cc)wulfmachine/flickr ; Miguel Induráin, página oficial del ciclista; Pau Gasol, página oficial de facebook; mondial de hockey, Real Federación oficial de patinaje de España.

Translated from Edad de oro del deporte español ¡hasta en hockey patines!