DO EAT- Et si la mode était aux rondes ?
Published on
Par Bérénice Magloire Imaginez qu’un jour au réveil… vos rondeurs soient vues comme de sublimes courbes, que votre silhouette lourde de 130 kilos soit vénérée telle la déesse de la générosité et que votre manie à manger sans cesse, sans ressentir ce besoin surnommé «la faim», soit tout à fait acceptée et vue comme normale.
Si, dans un univers à l’inverse du nôtre, la publicité affichait des modèles bien en chair, la minceur-attitude était proscrite dans le monde, seriez-vous mieux dans votre peau pour autant ?
Pour son retour au TTO, Dominique Bréda nous propose une pièce haute en couleurs et riche en calories. Fin observateur de la société, ce metteur en scène belge se nourrit des petits faits quotidiens pour alimenter ses comédies. Dans ce spectacle, nous retrouvons les grands sujets du siècle : l’obésité, la mal-bouffe et les régimes.
Annie, la protagoniste, a 52 ans et en pleine remise en question de son mode d’alimentation. Alors que la devise de sa famille semble être «mangeons sans faim, grossissons mieux», cette quinquagénaire est prise d’un doute. Ses 130 kilos ne lui conviennent plus, il est temps pour elle de perdre du poids ! À la recherche d’un traitement lui permettant de fondre et souhaitant des réponses médicales à sa constante prise de poids, elle erre d’un médecin cupide à une psychologue totalement écervelée.
À la veille du printemps où les magazines n’hésiteront pas à nous bombarder d’images de corps parfaits et des régimes supra efficaces, l’auteur de «Do Eat» a choisi comme registre le rire et l’absurde pour nous parler de l’obésité. Le rythme est vivant et les répliques cinglantes. Même si vous n’êtes pas des amateurs de comédie, le reflet de la société renvoyé par la pièce ne peut que vous interpeller.
Du côté des quatre comédiens, nul doute qu’ils se prennent entièrement au jeu. Le médecin cupide et la psychologue totalement déjantée sont parfaitement incarnés par Laurence Bibot. Quant à Nathalie Uffner, elle interprète très justement son rôle de mère de famille, névrosée et éplorée, ne souhaitant plus être à la mode callipyge. Vous retrouverez également Jean-François Breuer et Julie Duroisin jouant, respectivement, le fils d’Annie et une jeune maigrichonne.
Tous les personnages sont mal dans leur peau et essaient d’échapper à la tristesse, en se ruant continuellement sur la nourriture. Mais à les avoir vus se goinfrer, pendant plus d’une heure, de chips, bonbons, pizzas et autres crasses en tout genre, on en sort totalement dégoutés de la junk-food.
À voir au TTO du mercredi au samedi à 20h30 jusqu’au 31 mars 2012.
Avec Laurence Bibot, Nathalie Uffner, Jean-François Breuer et Julie Duroisin.
Crédits photographiques: Julien Pohl