Des insectes dans nos assiettes !
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Benoît et Jiri forment un charmant petit couple franco-belge. Ils vivent dans leur camion et cuisinent des insectes. Cafébabel a rencontré ces cuisiniers itinérants, installés à Berlin pour quelques mois.
Benoît et Jiri venaient pour la deuxième fois au club-ciné du Vétomat lorsque nous nous sommes mis à discuter. Tous les deux parlaient français, mais chacun avec un accent différent : lui un peu québécois, elle un peu anglo-saxon - et tous les deux adorent des insectes dans leurs assiettes ! Benoît, 23 ans, vient de la Haute-Loire malgré son accent. Avant de rencontrer Jiri, il oeuvrait dans le bâtiment et dans la création d'espaces verts. Jiri, 24 ans, est originaire d'Anvers et a fait une licence de travailleur social en Belgique. C'est pour réaliser son stage de fin d'études dans un centre social pour jeunes qu'elle est venue à Saint-Etienne. Les deux mangeurs d'insectes se sont rencontrés chez des amis de Benoît qui hébergeaient alors Jiri en coach-surfing.
Cafébabel: Jiri, l'idée de cuisiner des insectes vient de toi, comment cela t'es venue?
Jiri : J'ai fait un voyage en Asie où j'ai vu les gens manger des insectes, puis quand je suis revenue en Belgique j'ai vu des livres de cuisine avec des recettes d'insectes. Avec ma classe on a organisé un workshop pour des migrants sur le thème de l’environnement. On a choisi de cuisiner des insectes. C’était surtout une séance informative sur l’intérêt de manger des insectes. Puis à la fin du séminaire on a cuisiné des muffins avec des vers de farine. Quand j’ai rencontré Benoît par la suite en France, pour mon stage de fin d’études à Saint-Etienne, je lui ai parlé de mon envie de faire de la nourriture aves des insectes.
Cafébabel: Pouvez-vous me raconter la première fois que vous avez mangé des insectes?
Jiri : La première fois c’était quand j’ai cuisiné les muffins lors de ce séminaire. On en avait trop cuisiné et on a coupé un muffin en deux, il y avait plein de vers de farine qui sortaient. Cela ne m’a pas dégouté !
Benoît: Moi, c’était chez moi avec Jiri, on avait cuisiné des grillons frits dans de l’huile. Cela m'a paru très simple...
Cafébabel: Et puis vous vous êtes mis à en vendre...
B : Depuis longtemps je rêvais de cuisiner en étant itinérant !
J : La première fois c’était dans un parking devant le concert de Manu Chao, en avril 2014 ! On vendait des croque-monsieurs à 2 euros.
B : C’était très archaïque au début, on était dans un camion, assez petit. On avait ouvert le coffre, mis des bâches sur le côté, décoré avec des bambous.
Cafébabel: Comment ont réagi les gens ?
B : Bien, il y avait beaucoup d’amis !
J : Beaucoup de monde passait c’était facile de les alpaguer.
Cafébabel: Comment vous procurez-vous les insectes?
B : On cultive des vers de farine dans notre camion. Il y a des sites qui expliquent très bien comment on peut les élever. Mais l'hiver la producion est assez faible. Il y a également des entreprises qui vendent des insectes spécialement pour l'alimentation humaine, mais cela reste assez rare.
Cafébabel: Est-ce que vous mangez de la viande ?
J : Non.
B : Moi oui, mais pas ici car c’est de la viande industrielle. Mais chez moi, dans mon village en Auvergne, j’en mange car je connais les producteurs.
Cafébabel: Quels sont les avantages des insectes ?
J : On a besoin de moins d’alimentation pour faire croître les insectes. Il faut 2 kg d’aliments pour élever 1 kg d’insectes alors qu'on as besoin de 8 kg d’aliments pour 1 kg de viande. Les insectes se reproduisent également plus vite sur un plus petit espace. Cela pourrait être une solution pour nourrir la planète.
Cafébabel: Pensez-vous que dans quelques années la nourriture à base d'insectes ce sera normalisée ?
B : Pour le moment il y’a plus de gens qui veulent juste essayer, cela m’étonnerait qu’on trouve [en Occident] des gens qui en consomment régulièrement.
J : Mais en Belgique tu peux acheter des burgers aux insectes en supermarché ! Parfois les gens ils disent à propos de nous "Ah ils sont bizarre, ils font des insectes ". Mais s’ils savent que c’est plus appuyé par le gouvernement, ils auront moins peur d’en manger dans des lieux plus alternatifs comme des festivals.
Cafébabel: Pourquoi êtes-vous venus à Berlin ?
J : On a pensé qu’à Berlin cela serait moins réglementé. Je pensais que c'était très libre, qu’on allait trouver beaucoup de fêtes et qu’on pourrait s’installer sur les parkings...
B : ... ou dans la rue et dans les marchés. Au départ on pensait qu'on allait pouvoir vivre avec cela, au moins pouvoir nous payer à manger et payer le voyage. Mais non ! On a trouvé d’autres activités pour gagner de l’argent, moi je fais de la musique dans la rue.
J : Moi, je fais les marchés, mais sans vendre d’insectes. Avant avec Benoît, on était dans la rue piétonne de la Lilienthalstrasse, près de Tempelhof, et chaque mercredi on vendait des insectes à prix libre. Cela marchait bien. Des gens, qu’on ne connaissait même pas revenaient toutes les semaines, ils amenaient des amis. Mais on a dû partir à cause de la police.
Cafébabel: Quelle est votre prochaine destination ?
B : Notre but, c’est la Roumanie en passant par Cracovie, en Pologne.
J : Après on prépare les festivals en Belgique et en France qui commencent en mai.
B : On va essayer d’être plus officiel et se mettre en auto-entrepreneur.
Recette
Grillons au chocolat
Pour 4 personnes
15 grillons
100 gr chocolat noir
Mets des grillons au four à feu doux pendant 45 minutes.
Fait fondre du chocolat au bain-marie.
Plonge doucement les grillons dans le chocolat à l’aide d’une fourchette.
Pose les grillons dans le papier cuisson et laisse refroidir dans un réfrigérateur.
Avant de servir mets une pincée de piment.
Testé et approuvé par Café Babel !