Des gouvernements sanctionnés, le Parlement fortifié
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Philippe-Alexandre SaulnierDeux enseignements majeurs peuvent être tirés du scrutin européen : ce vote apparait comme un avertissement lancé à la plupart des gouvernements nationaux européens et renforce un Parlement européen désormais en mesure de contrebalancer le pouvoir décisionnaire du Conseil.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la poussée des Verts, la fragmentation des votes et la progression des nationalistes, eurosceptiques et autres souverainistes, vont permettre à la nouvelle assemblée récemment élue de renforcer le pouvoir du Parlement, le rendant ainsi plus indépendant vis-à-vis des gouvernements nationaux. A l’exception notable de la France, de l’Italie et de la Pologne, l’une des conséquences de ces élections aura été d’infliger un camouflet éblouissant à la plupart des gouvernements en place à la tête des Etats-membres constituant l’Union européenne. En premier lieu, ceux dirigés par des socialistes ou des libéraux. La situation critique des Travaillistes au Royaume-Uni, des socialistes en Hongrie et des nationalistes modérés en Irlande représente, à ce titre, trois cas de figures pour le moins exemplaires. Cette soudaine volée de bois vert menace sérieusement leur crédibilité politique au sein des gouvernements qu’ils dirigent dans leur pays respectifs.
Bien que d’autres formations se trouvent dans des positions moins inconfortables, la déroute de Zapatero en Espagne et de Sócrates au Portugal, le recul des sociaux-démocrates en Autriche et en Bulgarie, le reflux des Libéraux au Danemark et en Tchéquie et l’affaiblissement des Conservateurs en Grèce, en Roumanie et en Suède indiquent néanmoins qu’une tendance très claire en faveur du changement se dégage de ce scrutin. Même l’Allemagne n’est pas en reste, où, face à la poussée des Verts, du FDP et de la Gauche (die Linke), la coalition gouvernementale formée par les chrétiens-démocrates de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD en place à Berlin vient de perdre un peu de poids.
Avec l’entrée en vigueur probable du traité de Lisbonne, le partage de décisions (une co-décision) entre le Parlement et le Conseil européen risque bien de devenir la règle en matière législative. Toutefois, il faut garder présent à l’esprit que les intérêts des deux institutions restent cependant bien distincts. Le Conseil défend avant tout les intérêts nationaux tandis que le Parlement, campé dans une posture plus idéologique, met en avant des questions d’ordre plus général et plus européen. Le fait majeur reste que la composition du nouveau Parlement, ne reflétant pas le même échantillon de sensibilités politiques que celles présentes au Conseil, offre la garantie d’une plus grande indépendance pour un Parlement face aux intérêts exclusivement nationaux, en grande partie responsables des obstacles à toute réforme institutionnelle permettant à l’Europe d’évoluer vers plus de démocratie.
Translated from Castigo a los gobiernos y más independencia del Parlamento europeo