Des films pour la jeune génération noire
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Véronique MazetDes films indépendants comme Troop 491 : The Adventures of the Muddy Lions, peuvent-ils changer le statut des garçons noirs au cinéma ? Très peu de films mettent en scène cette jeune génération, qui pourrait pourtant s'identifier aux personnages.
Très peu de films ont pour vedette des enfants noirs pré-adolescents, même dans ce qu'on a appelé les « black movies ». Les actrices noires sont mieux représentées, mais existe-t-il un équivalent masculin de Keke Palmer, et de son succès dans Les mots d’Akeelah ? Hollywood s’est laissé emporter en nommant pour l'Oscar de la meilleure actrice la jeune Quvenzhané Wallis dans Les Bêtes du sud sauvage, mais les jeunes garçons noirs brillent seulement par leur absence. Ces dernières années est apparu un créneau pour des rôles de jeunes adultes noirs. Luv, avec Michael Rainey Jr., était en compétition au Festival du film de Sundance. Le Londonien John Boyega, par exemple, a joué dans le film britannique Attack the Block, en 2011. Ce film brillant a été distribué par des cinéphiles indépendants, avec un certificat « R » aux États-Unis (17 ans minimum) et pour les plus de 15 ans au Royaume-Uni. Bien qu’il soit souvent détesté dans la presse et sur les blogs, Jaden Smith, le fils de Will Smith, est l’un des rares jeunes noirs à incarner des personnages principaux dans des films grand publics.
Troop 491 : The Aventures of the Muddy Lions est le premier film de l’Afro-Américain Patrick Ricks alias Praheme Praphet, 29 ans, dans lequel il explore les luttes d’un lycéen pré-adolescent.
Tristan Foster, un jeune un peu naïf joué par Kimani Coleman, vit dans le centre-ville de Richmond, en Virginie avec sa mère Gloria, une infirmière. Nous comprenons tout de suite que Tristan grandit avec difficulté sans figure paternelle, puisque sa mère doit pratiquement le traîner de force à l'église. Sa seule évasion semble être son passe-temps favori, le dessin, mais il a peur de s’y investir vraiment.
Troop 491 : The Aventures of the Muddy Lions - Bande -annonce
Ses « amis », menés par son meilleur pote Cocoa Puffs (King Hoey), après leur poignée de main rituelle jouent les fanfarons pour se faire remarquer. Lors d'une cérémonie à l'office du dimanche, des scouts reçoivent leurs insignes. Cela donne des idées à sa mère. Elle pense que les scouts pourront sauver son fils. À ce moment du film, l’écriture vacille dans l’échange entre Tristan et Gloria. Alors qu’il vient de voler des bonbons avec ses amis, elle le sermonne en lui reprochant de « s’accrocher à une meute de loups » . Ces dialogues un peu clichés auraient pu être un peu plus travaillés par le réalisateur-scénariste, mais après tout, les enfants les ont bien joués.
Un film réaliste entre violence et douceur
Contre son gré, Tristan rejoint les scouts, et bien sûr, il veut garder cela secret. Son combat avec les forces du bien et du mal s’intensifie. Ce genre de film peut déraper très vite dans un mauvais côté mélodramatique, mais Praheme ne l’a pas permis. Il ne cache pas le côté sombre de la vie dans cette ville. Ce diplômé de Howard and Florida State University a pris le temps de construire des personnages complexes. Il se permet un humour léger même après que Tristan ait été témoin d’un meurtre et que ses valeurs de scout sont mises à l’épreuve. Le film très réaliste se situe entre violence et douceur, et même les cauchemars de Tristan semblent être des événements réels.
Tristan trouvera finalement sa famille de cœur avec ses copains scouts, avec qui il formera les « Muddy Lions », qui aurait peut-être été un meilleur titre de film.
Un symbole pour les nouvelles générations
Lors de l’avant-première au British Film Institute, quelques rangées étaient occupées par des jeunes noirs du centre-ville de Londres. À la fin du film, ils criaient et réclamaient des autographes au metteur en scène. Praheme, lui-même ancien scout, a déclaré : « le scoutisme a été le début de ma vie, il m’a enseigné beaucoup de leçons et de valeurs que j'ai encore en tête aujourd'hui ». « Si je pouvais transmettre cela à la prochaine génération d’enfants, peut-être que cela façonnerait la vie de certains de ces enfants ? » Espérons que son rêve se réalise.
Troop 491 est un film drôle et divertissant. Un film, je suis sûre, qui parlera à tous les jeunes garçons vivant dans les villes européennes.
Lorsque j’ai demandé à Praheme quelle a été sa plus grande difficulté en tant que jeune cinéaste, il me répondit sans hésiter la « distribution ». « C’est dur de faire un film, mais c’est encore plus dur de le sortir dans les salles », a-t-il avoué.
Si Praheme a pu franchir ces obstacles et si Troop 491 obtient l’attention qu’il mérite, peut-être que les histoires de garçons noirs finiront par intéresser les jeunes, qui verront sur les écrans une fidèle et profonde image d’eux-mêmes.
Translated from Black boys in film: indie promise?