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DES ÉTUDIANTS FRANCOPHONES RACONTENT LEURS EXPÉRIENCES D'ERASMUS… DANS LEUR PROPRE PAYS !!!

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Bruxelles

Article écrit par Jonas Truwant Traduit par Lionel Van Leeuw

LE BILINGUISME EST UN AVANTAGE DANS NOTRE SOCIÉTÉ

Benjamin est inscrit à l’Université libre de Bruxelles (ULB), mais a choisi l’an passé de poursuivre ses études de sciences politiques à l’Université de Gand.

Il a grandi à Farciennes, un village dans les environs de Charleroi qui selon une enquête récente serait le plus pauvre de Wallonie. Il est selon ses propres dires un des rares habitants de Farciennes à fréquenter les bancs de l’université. Toutefois, il est aussi familier des tabourets des tavernes. “Depuis que je suis revenu de Flandre, je bois beaucoup trop de chopes”, plaisante-il.

Dans la logique étudiante, Benjamin est donc un étudiant Erasmus modèle. L’objectif officiel d’Erasmus Belgica, l’accord de coopération que les communautés flamandes, françaises et germanophones ont conclu en 2004, se présente comme suit : “les étudiants reçoivent la possibilité de s’intégrer effectivement dans la langue et la culture d’une autre communauté de la Belgique par le biais de leurs études”.

De nombreux étudiants suivent ainsi chaque année l’exemple de Benjamin. L’an académique passé, 102 Flamands ont étudié dans une université francophone, 266 francophones ont suivi la direction inverse.

SECOND CHOIX

L’initiative Erasmus Belgica est soutenue par le fonds Prince Philippe, qui se fixe pour but de rapprocher les trois communautés, favoriser le dialogue et soutenir des projets intercommunautaires. Chaque étudiant qui va étudier quelques mois de l’autre côté de la frontière linguistique a droit à une prime incitative de cent euros. “Cela offre la possibilité de s’adapter à un autre environnement et une autre mentalité”, déclare-t-on officiellement auprès des autorités flamandes.

“Nous le faisons évidemment surtout pour les cent euros du prince Philippe”, rit Sophie. Elle aussi vient de l’ULB. Elle a achevé l’année académique passée son master en sciences politiques à l’UGent. Mais étudier en Flandre n’était en fait que son second choix. “Nous avions beaucoup de possibilités de choix dans notre faculté, mais je ne voulais pas aller dans une université anglophone, parce que mon anglais était déjà suffisamment bon. La langue espagnole ne m’attirait pas vraiment. Beaucoup trouvent cette langue importante parce qu’elle est d’envergure mondiale. “Et alors”, je me suis dis. “Vas-tu travailler en Bolivie avec ton diplôme, sans doute?”.”

Sophie a donc voulu l’Italie, mais ses amis lui ont déconseillé d’aller étudier dans “la botte”. L’enseignement n’y a en effet pas bonne réputation. Et donc les universités flamandes sont rentrées en ligne de compte.

“Plus j’y pensais, plus j’y voyais d’avantages. Je pouvais y apprendre le néerlandais, ce qui est toujours intéressant pour trouver du travail, le niveau de l’enseignement y est bon et cela me paraissait intéressant d’apprendre à connaître l’autre côté de la Belgique juste avant les élections fédérales”. Le choix de Sophie s’est vite arrêté sur l’université de Gand. “A la VUB, nous aurions quand même tres souvent parlé français et Anvers ne m’attirait pas. J’avais déjà visité le zoo un jour”, plaisante-t-elle.

NAÏF

Mais la tentation de parler français s’est révélée grande aussi à Gand. “Nous n’y avons pas vraiment vécu comme des “Erasmus”. Nous recherchions souvent des autres francophones et n’avions pas tellement de contacts avec des Flamands ou des étudiants Erasmus étrangers. J’avais espéré qu’après un an, mon néerlandais serait meilleur, mais c’était naïf de ma part”.

Pourtant, pour Fanny, la langue néerlandaise a également été un des motifs les plus importants pour venir étudier en Flandre. “J’ai étudié Traducteur-Interprète néerlandais-anglais” Et pour bien pouvoir traduire, c’est important aussi de bien connaître la culture. La langue et la culture s’influencent d’ailleurs mutuellement”, explique Fanny. Elle est en fait très contente des progrès qu’elle a enregistrés. “Mon néerlandais s’est beaucoup amélioré, surtout au niveau de la maîtrise orale de la langue.”

Selon Sophie et Fanny, leur bilinguisme est un gros avantage, surtout dans un pays comme la Belgique. “J’ai été surprise que tous les Flamands n’étaient pas bilingues. Je pensais qu’ils parlaient tous parfaitement français et anglais, mais mon néerlandais s’est révélé meilleur que le français de nombreux étudiants flamands”, dit Sophie. Fanny rajoute : “je ne comprends pas pourquoi les francophones ne veulent pas apprendre le néerlandais et pourquoi les Flamands refusent d’apprendre le français. Le bilinguisme est un avantage dans notre société. Nous sommes avant tout des Belges et nous avons la chance de vivre dans un pays multiculturel. Je suis convaincue que beaucoup de gens pensent comme moi. Mais ce sont les médias et les hommes politiques qui n’en tiennent pas compte et sèment la discorde.”

JONAS TRUWANT TRADUCTION : LIONEL VAN LEEUW

… A SUIVRE ...