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Des bluffs qui valent des millions

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Style de vie

Technique, stratégie, mathématiques, patience et pas mal de chance : voilà les ingrédients nécessaires pour se qualifier à la table finale des Championnats du monde de poker (WSOP) le 9 novembre. Le jeune Danois Peter EastGate, unique représentant européen, a remporté le tournoi... et neuf millions de dollars.

(flipchip/ Wikipedia)Qui ne se rappelle pas de la fameuse scène du film L'arnaque dans laquelle Paul Newman réussit à dépouiller son adversaire, Robert Shaw, grâce à sa meilleure façon de tricher à une partie de poker clandestine. Aux débuts du poker, dans le Far West du 19e siècle, quand on jouait alors avec le colt sur la table, la triche jouait un rôle fondamental. Déjà en 1834, l'Américain Jonathan H. Greer décrivait le poker comme « le jeu de la triche ».

Mais ce jeu pratiqué autrefois dans de dangereux saloons, au son des notes du piano, avec les courtisanes et les barmans qui lavent et essuient sans arrêt des verres à whisky, l'est aujourd'hui dans les tranquilles salons de nos maisons. Le Texas Hold'em, la plus populaire variante du poker, est le jeu de cartes qui comptent le plus de joueurs à travers le monde grâce à Internet, mais aussi grâce à la télévision, qui dans ses grilles le programme au milieu d'autres émissions sportives.

Une manne télévisée

La retransmission des WSOP par la chaîne sportive ESPN a fait de ce jeu un grand spectacle. Le Texas Hold'em s'est d'abord popularisé à travers le continent américain, puis son succès a rapidement atteint l'Europe, où la chaîne Eurosport commença à diffuser les différentes étapes de l'European Poker Tour (EPT), un championnat annuel disputé dans toute l'Europe et qui se termine par une grande finale à Monte Carlo.

L'Américain Chris Moneymaker, comptable de profession, a également apporté sa pierre à l'édifice. Il a commencé en payant 39 dollars l'inscription à un tournoi de qualification pour les WSOP 2003 dans une salle de poker en ligne et a terminé champion du monde à Las Vegas empochant au passage deux millions et demi de billets verts. Il a ainsi pu faire honneur à son nom (littéralement « fabricant d'argent ») et nombreux sont ceux depuis qui tentent de l'imiter. Les salles de poker en ligne ont connu une hausse de fréquentation sans précédent.

Ce marché draine des millions d'euros chaque jour sur Internet. L'entreprise britannique Partygaming, dont le siège est situé à Gibraltar, a réalisé des bénéfices de 153,9 millions d'euros au premier semestre 2008, grâce au poker. Aussi, le jeu s'est transformé en un véritable métier pour beaucoup. Tous les joueurs espagnols connaissent le cas d'Armando Romano, surnommé Sobraoboy (« Excessifboy »), ce qui définit parfaitement sa personnalité et son style de jeu sur les tables. En octobre 2006, Romano, qui travaillait jusqu'alors comme magasinier, décida de poser 100 dollars sur une salle de jeu en ligne, après un certain temps de jeu gratuit passé à apprendre. Cela fut sans aucun doute l'investissement le plus rentable de sa vie puisqu'en janvier 2007, il avait déjà gagné 30 000 dollars. Il a alors pu retirer l'équivalent d'un an de salaire et ainsi faire ses adieux à ses chefs.

Le poker en tant que sport

Doyle Brunson, champion régulier du WSOP | (Wikimedia)De la discipline et un entraînement intensif sont deux principes de base pour tous les sportifs qui veulent aller loin, des principes partagés par tous les champions de poker. Toutefois, cela ne suffit pas pour faire de ce jeu de cartes un véritable sport. Il existe entre les joueurs un éternel débat à ce sujet. Armando Romano estime lui que cela ne peut pas être considéré comme un sport « puisqu'il n'existe aucune organisation qui le régule », même si quelques organismes allant dans ce sens ont déjà été créés. L'Association mondiale de poker (WPA) milite pour le professionnalisme dans le poker. Pour le moment, trois associations européennes (Allemagne, Pologne et Suède) ont déjà adhéré à la WPA.

Juan Barrachina est le président de l'Association espagnole de poker, et il pense que le poker de tournoi « constitue un sport à tous les égards puisque chaque participant commence avec le même nombre de jetons et au même moment, joue selon les mêmes règles, et que c'est donc la patience, la technique et la stratégie qui peut faire qu'un joueur soit meilleur qu'un autre, même s'il a reçu de plus mauvaises cartes. » De son côté, le journaliste sportif Emilio Guerrero assure que « pour le considérer comme un sport, il devrait détenir une charge physique qu'il n'a pas », ce en quoi s'accorde Armando Romano : « Si le poker est un sport, pourquoi alors ai-je un tel ventre ? », plaisante-t-il.

Une nouvelle profession ?

Ils sont tous d’accord sur un point : en dépit des coups du sort, on ne peut pas parler d'un simple jeu de hasard. « Il faut bien jouer pour connaître toutes les possibilités de jeu et savoir comment agir à chaque moment », affirme Emilio Guerrero. Juan Carlos Barros, responsable de pokererpoquer.com, se plaint du fait qu' « en ce moment, le jeu est considéré par erreur comme un jeu de hasard. » Toutefois, ce ne serait pas le cas parce que, dit-il, « on peut faire un classement des meilleurs joueurs ».

Sans doute qu'un peu de chance est nécessaire pour parvenir à une table finale de tournoi. Le matin du 9 novembre se disputera à Las Vegas la plus grande des finales, celle des WSOP, avec à la clé un prix de plus de neuf millions de dollars pour le vainqueur. Le Danois Peter Eastgate, 22 ans, devra s'imposer à une table à majorité nord-américaine s'il veut pouvoir empocher le pactole.

Translated from Póquer: Faroles que valen millones