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Démocratie à la bulgare

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Babel Sofia

Sofia

Le Bulgare ne respecte pas la Démocratie ! Ceci a été rendu évident une fois de plus lors des manifestations devant le Parlement de la République de Bulgarie ce mois de janvier : policiers battus, citoyens battus, bouts de fer et cailloux volants, pétards, cris, troubles, une vie sociale bloquée au centre de la capitale… Voilà le triste bilan. Et savez-vous pourquoi il ne la respecte pas ?

Tout simplement parce qu’il ne la comprend pas. Ne la connaît pas. Il prétend même qu’il est déçu par elle…

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Le problème prend ses racines ailleurs : il y a deux décennies, le régime démocratique était perçu comme la panacée d’une société malade, totalitaire. Dans les idées du Bulgare ordinaire, la place du tout-puissant et tout-planifiant Etat totalitaire doit être prise par la démocratie. On attend d’elle qu’elle apporte prospérité et bonheur total. Le régime communiste s’en va mais laisse derrière lui son sombre héritage : un état d’esprit funeste ! Les gens ne parviennent pas à apprécier les bienfaits que le Temps nouveau leur offre : liberté, la possibilité pour chacun, à travers l’initiative personnelle et les qualités individuelles, d’atteindre ses buts et son bonheur. A la place d’un organe « planificateur », les Bulgares se trouvent face à un Etat dont les pouvoirs sont strictement définis et qui défend les droits et la non-intervention dans la vie privée du citoyen. L’enthousiasme du début se mue bientôt en une grande DECEPTION. Peu nombreux sont ceux qui sont prêts pour un tel défi : prendre leur destin en mains, se montrer actifs, faire preuve d’esprit d’entreprise et de responsabilité personnelle pour leurs actes.

Il n’y a plus personne pour prendre des décisions de la part de l’individu. Il n’y a personne pour planifier le lieu d’habitation, le lieu de travail et la rétribution pour ce travail. Ni les voyages à l’étranger. La déception se manifeste de deux manières : apathie totale et passivité citoyenne ; agression et animosité.

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Mois de janvier 2009. L’objet sacré de la démocratie et de l’Etat bulgare a été vulgairement insulté. Le non-respect de la démocratie ne se manifeste pas dans la forme utilisée pour exprimer le mécontentement général. Les manifestations organisées restent l’instrument institutionnalisé le plus puissant pour montrer le désaccord de la société avec la politique menée par le gouvernement. Mais celles-ci, de pacifiques, se sont transformées en une attaque violente contre la police, cette structure de l’Etat dont la fonction consiste à garder l’ordre et à défendre la vie des citoyens. N’oublions pas que notamment cette dernière jouit du droit légitime à exercer la force. Et suite à de nombreuses provocations, elle l’a exercé. Encore dans l’esprit de la pratique démocratique : aucune demande ou intérêt privé ou collectif ne doit mettre en péril la vie des gens et gêner le fonctionnement normal de toute la société. La police est entrée dans l’exercice de ses droits et a empêché que cela ne se passe.

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Par définition, le régime démocratique est considéré comme étant la seule méthode trouvée pour un changement pacifique de gouvernement. Pacifique. Au moyen d’élections. Et non pas au moyen de vandalisme sur les places publiques (même si c’est justement la pratique adoptée par les citoyens bulgares, autrement apolitiques). A la question des journalistes « Qu’est-ce qui vous amène ici ? » la plupart baissent la tête. Peu sont ceux qui réussissent à trouver un argument sensé pour leurs actes protestataires. La démocratie est, par son essence, uniquement un certain nombre de procédures visant à limiter les pouvoirs de ceux qui momentanément les détiennent. Autrement dit, elle est tout ce qu’on peut désirer ! Le reste dépend de nous. Pour cela, apprenons au moins à la respecter !

Kuzman Iliev

Photos par Juliana Nik (plus de photos sur son blog)

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