David (et Nicolas) contre Moubarak
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Par Maxence Peniguet "Il faut investir dans la recherche ! Nous ne sommes pas d'accord avec les violences en Égypte !" C'est ainsi que les discours, écrits depuis des mois - d'accord, depuis deux jours - de Nicolas Sarkozy et de David Cameron pour conclure le dernier Conseil européen avaient l'air.
Seulement, après les discours, les réponses aux questions des journalistes furent, elles, plus personnelles. Revue des divergences.
D'un côté, la salle de conférence de presse française, forte de nombreux sièges. Un fond bleu maitrisé, le drapeau tricolore embrassant le drapeau étoilé. Le cadre laisse Nicolas Sarkozy, le Président français, parler dans une certaine classe. De l'autre côté du mur, les anglais, dans un style beaucoup plus simple, peu de places, et des drapeaux qui, semblent-ils, se retrouvent là par hasard. Mais David Cameron, Premier ministre britannique, a lui aussi un certain standing à faire respecter ; la lumière est donc bien équilibrée, au contraire de son prédécesseur, Gordon Brown.
Être ou ne pas être égyptien, telle est la question
Passé le discours officiel sur l'énergie, l'innovation, le pacte de compétitivité, et les quelques condamnations sur les atteintes aux droits de l'homme en Égypte, place aux questions des journalistes. Sarkozy, directement, refuse de prendre position sur un éventuel départ de Moubarak, le Président égyptien, actuellement au pouvoir alors que des manifestations demandent des réformes sociales en se faisant violemment prendre à partie. Je ne suis pas égyptien (...). Nous laissons aux Égyptiens le soin de déterminer qui doit les conduire et comment , rappelle le Chef d'État français.
Le son d'outre-manche est, quand à lui, différent. David Cameron a lancé une fronde en souhaitant une transition le plus rapidement possible. Pour lui, les protestations montrent un désir de changement. Sur le sujet, Le Guardian indique que le résident du 10 downing street voulait lancé un message clair contre Moubarak.
Être ou ne pas être égyptien, telle est encore la question
Sur l'ampleur du risque extrémiste dans la région ? Sarkozy, tout en rappelant qu'il n'est bel et bien pas égyptien, précise que le fait d'utiliser l'excuse du simple risque qu'il y ait un mouvement extrémiste qui reprendrait le pouvoir n'est pas suffisant pour ne pas tenter le mouvement de contestation. Alors que Cameron, qui nous le savons, est anglais, prend soin de croire qu'il y a une possibilité entre un régime à la Moubarak et un régime religieux extrémiste.
L'axe Paris-Londres semble donc diverger sur l'intensité des condamnations à propos du régime égyptien. Il reste tout de même loin de la position de Silvio Berlusconi qui pense directement que Moubarak peut rester en place pendant la transition démocratique.