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David Cameron : une happy end ? 

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Julie Tirard

Politique

[OPINION] Après avoir engendré le désastre du référendum sur l’Union Européenne et démissionné de son poste de premier ministre en juillet, David Cameron quitte maintenant le Parlement britannique. Bon, ce n’est pas comme s’il on allait le regretter. 

« Les Britanniques n’abandonnent pas », nous expliquait David Cameron le 21 juin dernier. Sauf que trois jours plus tard c’est précisément ce qu’il faisait en déposant sa démission, assurant néanmoins qu’il resterait le chef de file jusqu’à l’automne. 30 jours, c’est le temps qu’il a tenu. Et voilà que deux mois plus tard, le plus jeune premier ministre anglais depuis 1812 se dirige lentement mais sûrement vers la sortie, la queue entre les jambes, murmurant quelque chose du genre « je ne veux pas être une source de distraction ». À défaut, espérons qu’il trouve rapidement la porte qui l'a fait entrer.

Cameron, c’est d'abord l’histoire d’un homme qui avait toutes les cartes en main pour laisser son nom dans l’histoire. Arrivé à la tête d’un parti conservateur diminué par 13 années de domination travailliste, il a ensuite remporté deux mandats successifs, à la tête d’une coaliton tout d’abord, puis avec une écrasante - bien qu’étonnante - majorité. Ses six années en tant que premier ministre, ce sont aussi ces chiffres du chômage qui sont descendus à un niveau quasiment historique, ces députés qui votent la légalisation, au Royaume-Uni, du mariage entre personnes du même sexe. Peut-être la seule raison pour laquelle on se souviendra positivement de lui.

Mais nombreux furent les pièges tendus devant lui, dans lesquels il tomba presque toujours de bon cœur. Deux exemples se détachent des mesures d’austérité bancales mises en place par le gouvernement Cameron : d’abord les coupes drastiques au sein des crédits d’impôts offerts aux familles de travailleurs (qui ont dû être stoppées par notre non-élue Chambre des Lords), ensuite, l’impitoyable saignée dans notre système d’allocations perpétrée alors par Ian Duncan Smith. Les étudiants se sont retrouvés avec une dette trois fois supérieure à celle qu’ils connaissaient sous le gouvernement de coalition, et le NHS lui-même (British National Health Service, le système de sécurité sociale britannique ndlr) peine désormais à faire face aux ridicules demandes du ministère de la Santé. 

Mais ces multiples déconvenues ne sont rien comparées à l’énorme bourde commise par Cameron : le Brexit, of course. Dans le seul but de gagner une énième élection, il est l'homme qui a offert aux Britanniques la possibilité d’un choix certes, mais qu'ils n'étaient pas en mesure de faire, ce qui n'a pourtant pas semblé le déranger. Il a légitimé ainsi la montée de la méfiance, de la xénophobie et d’un racisme avéré au sein du Royaume-Uni qui a ainsi perdu tout semblant d’unité dans le processus. Enfin, dans le chaos et l’incertitude qui s’ensuivit, il a simplement déclaré que tout ceci n’était plus son problème.

Le futur se résume aujourd'hui à deux scénarios : soit la Grande-Bretagne sort effectivement de l’Union européenne, ce qui fera alors de Cameron le pire premier ministre que l’Angleterre n’ait jamais eu, soit le discours de Theresa May, « Brexit means Brexit », ne fera l'objet d'aucune application, auquel cas le pays regagnera un semblant de normalité et l’histoire enterrera Cameron pour de bon. Dommage pour lui certes, mais c’est tout ce que je nous souhaite.

Translated from This is how Cameron ends: not with a bang, but a whimper