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David Bowie : tout tout tout sur le Ziggy

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Sarah Todd

Culture

Nous sommes le 8 janvier 2013. Ce matin, grande nouvelle : David Bowie est vivant. A l’occasion de son 66e anniversaire, il vient de rendre disponible sur Internet un single intitulé Where are we now? qui sera suivi en mars d’un nouvel album. Mais au fait, où en sommes nous avec l'idole ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que David Bowie s’est fait discret ces dix dernières années. Ses apparitions publiques ont été rarissimes, et des rumeurs alarmantes sur son état de santé ont circulé à plusieurs reprises. Des petits plaisantins ont même fait croire à sa mort.

Il n’en est visiblement rien. Pourtant, une fois passés le premier moment d’excitation à l’annonce d’une nouvelle chanson et le soulagement quant à la non-mort de Bowie, une inquiétude s’installe. Comment est-elle, cette chanson ? Les derniers albums, comme le pâlichon Reality, ont été décevants pour beaucoup de fans. Comme chez la plupart des pop stars vieillissantes, le risque de tomber dans la facilité, voire l’auto-parodie, est bien réel (coucou Mick, coucou Paul). Peut-être la retraite calme et digne que Bowie semblait avoir choisie était-elle la meilleure solution ? Angoisse.

Après écoute, il semble que les années n’aient pas de prise sur Bowie. Where Are We Now? est une ballade rétro-futuriste qui évoque la période berlinoise de son auteur, à travers les paroles et le clip qui nous fait voyager dans les rues de la capitale allemande. La mélancolie est bien présente, mais elle ne prend pas la chanson en otage. Il ne s’agit pas ici d’un condensé réchauffé de ce qui a fait la gloire de Bowie dans le passé, mais d’une chanson résolument contemporaine.

C’est cela qui constitue tout le génie de Bowie. Un immense talent musical, certes, mais aussi une conscience aigüe de ce qui l’entoure alliée à une capacité d’absorption hors du commun. La manière dont Where Are We Now? est sorti le démontre une nouvelle fois : l’utilisation des médias modernes, l’absence de showbiz à l’ancienne... tout cela est représentatif du flair et de l’intelligence qui ont fait de David Bowie l’idole que nous connaissons.

Bowie, Ziggy déjà ?

David Bowie est le nom d’artiste choisi par David Robert Jones, né à Brixton en 1947. Après les tâtonnements de tout jeune artiste londonien des années 60, il sort son premier album solo, sobrement intitulé David Bowie, en 1967. L’album passe plutôt inaperçu et Bowie lui-même n’en est pas spécialement fier. Deux ans plus tard, le 11 juillet 1969, cinq jours avant le lancement d’Apollo 11, sort le single Space Oddity, suivi de l’album du même nom. Le single est classé dans le Top 5 britannique.

Le génie de Bowie ? Un immense talent musical et une conscience aigüe de ce qui l’entoure

The Man Who Sold the World sort en 1970. Son côté rock assez lourd se démarque du son folk et de la guitare acoustique de Space Oddity. Avec cet album, Bowie commence à exploiter son apparence androgyne. Il lustre sa chatoyante chevelure, achète un lot de robes pour hommes conçues par le créateur londonien Mr Fish, et pose vêtu de l’une d’elles pour la pochette de l’album. Sa pose lascive et son décolleté provocant déclenchent un scandale, au point que le label Mercury remplace la couverture aux États-Unis par un dessin. Pour l’artiste, toutefois, le pari est réussi. Il est parvenu à allier dans cette pochette son goût pour le scandale et les tabous sexuels avec une stratégie commerciale brillante, tout en surfant sur la vague du mouvement Gay Lib. Bref, il a fait parler de lui et en est ravi.

À partir de là, le goût de Bowie pour le déguisement et le théâtre se développe. Au cours de la tournée américaine qui suit la sortie de The Man Who Sold The World, il crée un personnage d’extraterrestre androgyne qui représentera l’idole pop ultime : Ziggy Stardust, son incarnation la plus célèbre, qui apparaît en 1972 avec l’excellent album The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, sorte de concept-album évoquant un futur décadent et apocalyptique. Après une décennie de travail pour créer la formule parfaite, le mystérieux extraterrestre Bowie/Stardust trouve sa voix et devient une icône du 20e siècle. L’histoire de la pop change cette année-là, et Bowie créera ensuite d’autres incarnations, dont Aladdin Sane et le Thin White Duke. Ce dernier représente le virage soul et funk pris par Bowie à la suite de son installation à Los Angeles en 1974.

Bowie, année 1976.La célébrité grandissante de David Bowie est accompagnée d’une utilisation toute aussi grandissante de drogues en tout genre. Il s’installe à Berlin en 1976, où il prend pour colocataire Iggy Pop, histoire de mener une vie saine et rangée. Les premiers albums de Bowie à Berlin deviendront connus sous le nom de Trilogie Berlinoise (Low, Heroes et Lodger).

Dans les années 80, Bowie est une mégastar. Il collabore avec Queen, Mick Jagger et Tina Turner, participe au Live Aid (double concert historique à vocation humanitaire, ndlr) et obtient des rôles au cinéma. Puis, à partir des années 90, il ralentit la cadence. Ses albums se font plus rares et expérimentaux. En 2003, une crise cardiaque met fin prématurément à la tournée mondiale qui a suivi l’album Reality. Depuis, silence. Jusqu’à ce matin de janvier 2013.

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