David Beckham au PSG : adieu, le foot
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Dans son édition datée du 1er février 2013, The Guardian consacre un bon tiers de sa Une au transfert de David Beckham au Paris-Saint Germain. Et si la France entière a été subjuguée par l’after-shave du joueur anglais, le quotidien britannique s’est révélé comme l’un des seuls journaux européens à mettre en avant le caractère essentiel de la cérémonie médiatique : sa dimension purement politique.
Dans son article intitulé « Paris match Beckham signs for France’s richest club – and gives wages to charity », Angelique Chrisafis aborde après 2 paragraphes d’ambiance, la taxe Hollande à 75%, le départ de Depardieu en Russie et Nicolas Sarkozy. Pourquoi ? Parce qu’en plein milieu de la conférence de presse organisée hier au Parc des Princes visant à officialiser l'arrivée de David Beckham au PSG, le Spice Boy pimente la messe et balance que ses 5 mois de salaires seront reversés à une œuvre caritative pour enfants. Stupeur. Silence. Sourire. Puis un journaliste lui demande comment va son français dans une tiédeur journalistique à rendre lymphatiques 4 siècles de déontologie.
Rideau. On n’en sera pas plus sur l’âme charitable d’un mec que d’aucuns qualifieront de « pied droit magique » mais que l’on pourrait volontiers baptiser « slip fantastique », « marcel gagnant » ou « caleçon prodigieux ». Beckham, ce fils de pub, vient en deux phrases de faire de la politique, les deux pieds dans l'actu, entre salaire du foot et exil fiscal. Et personne n’a rien vu. L’ancien joueur de Manchester United, déjà très bon communicant, s’est mué en subtil politicien, rendant caduc tout article – préalablement écrit – sur l’opulence de sa fiche de paie. Donnant aussi la possibilité aux médias de jouer allégrement avec le mot « show ».
Quand on s’appelle David Beckham et que l’on a bientôt 38 ans, on n’est plus joueur de football de haut-niveau. On n’adresse plus de mots aux fans. On ne parle pas de son positionnement sur le terrain. On est ambassadeur. Ambassadeur d’un des clubs les plus riches du monde au sommet duquel les dirigeants qataris viennent indirectement d’être soupçonnés de corruption dans l’organisation du Mondial 2022. On rend donc service. On enterre définitivement le foot en tant que tel. On fait de la politique. Et on sourit. Pour éblouir.
Photo © courtoisie de la page Facebook officiel du PSG