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Danse macabre au bal d'automne

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Translation by:

Sergio Marx

Berlin

La campagne EU-Debate on the Ground bat son plein à Tallinn, l'occasion pour les Babelblogs d'observer ce que l'Estonie fait bouger en dehors de ses frontières. Mission impossible ? Bien au contraire, à Berlin le 4ème Baltic Film Festival présente du lundi 17 au mercredi 22 octobre une vingtaine de films au Cinema Babylon Oval dont ''Autumn Ball'', primé à Venise l'année dernière.

''Autumn Ball'' (Sugisball)

Un couple de designers au bord de la nevrose cultivant une haine mutuelle et profonde, une mère élevant seule sa fille harcelée par son ex-mari alcoholique, un vieux garçon coiffeur distribuant des bonbons aux enfants de l'école primaire se fesant traiter de pervers, un portier d'un restaurant chic désabusé et incompris enchainant mécaniquement les aventures sexuelles sans lendemain, un homme constamment alcoolisé épiant sa femme l'ayant quitté pour son meilleur ami... Pour qui l'Estonie n'est toujours qu'une , ce film de Veiko Õunpuu ne risque pas forcément de réveiller des envies d'escapades en terres baltes. En effet, le quotidien ne semble pas y être très rose, il se décline plutôt en divers tons de gris : incommunication, frustration, échec, perte de repères, autodestruction. Tous les personnages entreprennent une quète, une recherche de bonheur et d'absolu qui se crystalise dans un idéal en contradiction complète avec leur vie faite d'un enchaînement de déceptions. Cet quête a toujours pour objets d'autres individus mais l'incompatiblité des désirs et des attentes de chacun semble empêcher tout espoir de réussite. Même si l'absurdité des situations éveille parfois le rire, le film risque d'éveiller du vague à l'âme chez le spectateur.

terra incognita

Rain Tolk incarne l'un des personnages principaux de Autumn Ball, ce n'est pas ca première collaboration avec Veiko Õunpuu avec qui il a notamment coécrit le scénario d'un moyen-métrage. Tolk sera également à l'affiche du prochain film de Õunpuu « La Tentation de Saint Antoine » où il tiendra le rôle du diable en personne. : Rain Tolk, est-ce que Autumn Ball met en scène des individus égoistes, obsédés par leur personne et qui finalement n'arrivent pas à découvrir le bonheur où il pourrait être ?

Babel.Blog.Berlin

: Je ne pense pas que le film traite les gens comme de pauvre petits insectes égoistes. Il parle de l'humanité en général, et non des fautes et du nombrilisme de personnes spécifiques. Le film essaye de montrer le gens tels qu'ils sont et essaye ainsi de faire ressortir une sorte de vérité.

Rain Tolk

Faire table rase pour mieux repartir

: Quel est cette vérité ?

: A la fin du film, l'on peut voir qu'une forme de bonheur peut apparaître lorsque tout espoir a disparu. C'est une sorte de nouvelle plateforme pour tout recommencer. Quand vous êtes au fond, il est enfin possible de reconstruire. D'une certaine manière ce film porte un regard bouddhiste sur la vie.

RT

: Pourquoi avoir participé à ce film ?

Rain Tolk, moins triste que dans son film

: J'aimais l'idée simplement, je suis un ami de longue date du réalisateur, j'imagine que nous partageons une sensibilité comparable. Cela fait deux ans que nous avons tourné le film, aujourd'hui nous aurions probablement tourné un film complètement différent, car, d'une certaine manière nous évoluons, comme tout le monde. C'est pour ça qu'il est difficille pour moi de repenser à cette époque et de me dire qu'elle était ma motivation première pour participer à ce projet. En fait, cela ne pouvait pas être autrement, c'était le bon moment, la décision semblait couler de source.

RT

: Vous dites avoir une sensibilité comparable à celle de Veiko Õunpuu, diriez-vous qu'il s'agit d'une sensibilité spécialement estonienne ?

: Je dirai que la sensibilité qui est à voir dans le film est typique de Mati Unt, l'auteur du livre dont s'inspire le film, tout comme l'humour absurde qu'il en ressort. Veiko et moi avons redécouvert cet auteur et ce livre plus ou moins au même moment. Mais je ne pourrais pas généraliser et dire qu'il s'agit d'une sensiblité spécifiquement estonienne. J'aimerais croire que le film laisse transparaître une sensibilité caractérisistique de l'humanité entière. Nous ne sommes pas des cineastes nationalistes, nous voulons partager un point de vue sur l'humanité et non sur la nationalité.

RT

: Effectivement, à travers le monde, les gens connaissent les mêmes problèmes de communication...

Un film universel B³

: Ce film a eu du succès dans des cultures complètement différentes les une des autres. Il a eu beaucoup de succès au Portugal par exemple. Pourtant, prenez mon personnage, il n'a pas l'air typiquement estonien ou typiquement portugais. Notre but n'a jamais été de faire du cinéma spécifiquement estonien.

RT

: C'est intéressant car il y a une réplique dans le film, où des personnages se plaignent de la tentative de l'Occident de voir les pays baltes comme un tout possèdant une identité commune, une identité en fait inexistante.

: En effet. Le film est dans cette mesure un film politique, car nous montrons avoir peu de foi en une nationalité ou un Etat. Personnellement, je préfère avoir foi en l'humanité.

RT

Propos recueillis lors de la cérémonie d'ouverture du Baltic Film Festival, après projection de Autumn Ball.

http://www.balticfilmfestivalberlin.net

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Translated from Baltic Film Festival