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Dans l'enfer de Manduria avec les migrants tunisiens
Published on April 13, 2011
Société
Manduria , dans les Pouilles, plus que jamais talon d'Achille de l'Italie. Le camp de réfugiés a été synonyme de cauchemar pour des milliers de clandestins transférés en masse de Lampedusa . Mais aujourd'hui, on rêve de la France, les yeux grands ouverts. Le gouvernement italien, en accord avec les régions transalpines, vient de décider d’octroyer aux migrants tunisiens un permis de séjour temporaire. Pourtant, les frontières ne sont pas ouvertes pour autant, les voisins européens ayant refusé de laisser passer les réfugiés . Photo-reportage des moments difficiles dans le camp... dans l'attente de jours meilleurs.
Nationale Manduria-Oria, Taranto, le 31 mars 2011
Le camp de
toiles préparé par le gouvernement italien, à Manduria, près de Tarante,
a accueillie environ 2 300 migrants, en majorité tunisiens. Ils avaient débarqué sur l’île de Lampedusa, au sud de la Sicile. Là, dans les
premiers jours d’avril, la situation est devenue ingérable avec 6 200
migrants dans une île où vivent habituellement 5 000 personnes . Aujourd'hui,
1 300 personnes sont à Manduria, prêtes à repartir grâce aux permis de
séjour temporaires.
Photo © Giulio
Farella
Vendredi 1er avril à la gare de Tarante
On laisse les migrants
tunisiens s’échapper du centre de Manduria, on les fait partir sur le
train Oria-Tarante pour les rattraper ensuite et les ramener sur la
place en face de la gare de Tarante. Plus de la moitié réussissent à
se cacher en attente du train nocturne pour Rome, avec lequel ceux
munis d’un billet vont partir et devenir ainsi de véritables
clandestins.
Photo © Giulio
Farella
Vendredi 1er avril à la gare de Tarante
La trentaine de
passagers sans billet est sortie du train et emmenée – d’après leurs
dires - dans un nouveau camp situé dans la province de Potenza. D’autres
vont passer la nuit et le jour suivant dans les quartiers proches de la
gare de Tarante, en attendant un train pour le Nord. Des groupes de
bénévoles leurs ont fournis de l’eau, de la nourriture et des
informations sur la région. La plus grande partie des migrants n’ont aucune idée de l’endroit où ils se trouvent.
Photo © Giulio
Farella
Samedi 2 avril 2011
Des manifestants venus de toutes les
Pouilles se dirigent vers le camp de Manduria pour surveiller le
déroulement des évènements et parler avec les migrants. La police bloque
tout le monde et les forces anti-émeute (l’équivalent des CRS français)
apparaissent. Les migrants s’unissent à la protestation, motivés par
leurs mauvaises conditions de détention. Certains réussissent à fuir. Peu après les portails tombent.
Photo © Giulio
Farella
Samedi 2 avril 2011
Un jeune homme se sent mal, il raconte
avoir été frappé par la police à cheval qui patrouillait sur la zone.
Ses compagnons forment un cercle afin de le protéger en attendant
l’arrivée d’un médecin. Ce dernier ne constatera pas de blessures
importantes mais notera des signes évidents de malnutrition.
Photo © Giulio
Farella
Samedi 2 avril 2011
La protestation s’intensifie, « liberté »
est crié dans toutes les langues et dialectes possibles. Les migrants
reçoivent des habits, des cigarettes et des conseils pour défendre leurs
droits et demander des permis humanitaires. Ils racontent qu’ils sont
malmenés et maltraités dans le centre. De plus, on les trompe au sujet
des permis de séjour. Une personne s’en va à travers la campagne en
direction des gares les plus proches. « Bonne chance ! » Les migrants ignorents
presque encore tous l’endroit où ils se trouvent.
Photo © Giulio
Farella
Dimanche 3 avril 2011
Deux choses effraient vraiment les
migrants : les travaux pour de nouvelles clôtures et le déplacement en
Tunisie de Berlusconi pour discuter d’un accord concernant les
rapatriements . Ils sortent de nouveau du campement dans l’après-midi
pour revendiquer de la clarté au sujet des permis : trop de parole en
l’air, trop peu de médiateurs culturels dans le camp.
Photo © Giulio
Farella
Dimanche 3 avril 2011
La majorité des migrants s’organise et
reste en assemblée dans le champ en face du camp. Des cris demandant « Asile! Asile! » se font entendre à plusieurs reprises. Enfin, les
migrants décident de dormir dehors, sans dîner : ils n’attendent ni
couvertures ni nourriture de l’Italie, mais la liberté.
Photo © Giulio
Farella
Lundi 4 avril, dans l’après-midi
Comme on pouvait s’y
attendre, des dynamiques internes au camp s’imposent petit à petit. Des
divisions se créent, entre les personnes « occidentalisées » provenant
des villes du Nord et ceux originaires du Sud par exemple. Nombreux sont
ceux à s’isoler en petits groupes, ne partageant avec les autres ni
l’espace ni la nourriture. Heureusement, beaucoup d’autres demeurent
unis.
Photo © Giulio
Farella
Lundi 4 avril, dans l’après-midi
La situation semble tranquille. Le camp éloigné du centre est encore recouvert de matelas.
Il se dit que les conditions se sont améliorées : aujourd’hui il était
possible de se doucher et la nourriture était meilleure. Des questions
insistantes sont posées à propos de la visite de Berlusconi en Tunisie.
Ils reçoivent de leur pays d’origine des informations divergentes. «
Rien n’est encore décidé », se rassurent-ils.
Photo © Giulio
Farella
Oria, la 6 avril dans l’après-midi
Jour de bonheur. Oria est
maintenant « envahie » par les Tunisiens. Certains prennent le café,
d’autres le soleil. On joue au ballon, on se promène, on fait les
courses. Mon ami Mouez me guide dans le centre historique, qu’il connaît
désormais comme sa poche. Les migrants expliquent que la petite ville
s’est montrée accueillante et ouverte avec eux, contrairement à Mauduria
où ils ont connu des moments peu agréables et des violences. Désormais,
ils attendent tous le permis de séjour avec impatience. Ils ne savent pas encore que la France et l'Allemagne sont opposées à l'accueil des réfugiés présents sur le sol italien. Quelqu’un qui
s’était échappé les jours précédents est même revenue sur ses pas.
Quelques amis de Manduria apportent un ordinateur portable connecté à
internet grâce à une clé 3 G : les visites sur Facebook s’enchainent,
puis les vidéos tournées pendant les révoltes sont regardées. Chacun
espère pouvoir fêter demain l’octroi des permis de séjour !
Photo © Giulio Farella
Translated from Manduria: inferno e ritorno. Da clandestini a liberi cittadini.
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