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Daniel Cohn-Bendit : « La reconversion écologique, c’est le seul moyen de sauver des emplois »

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SociétéPolitique

La campagne électorale des Verts européens est lancée. Inspirés par leur Green New Deal, ils veulent transformer l’industrie, l’habitat et l’agriculture à court mais aussi à long terme. Pour Daniel Cohn-Bendit, ce ne sera pas une partie de plaisir.

« Je préfère être un ‘vieux adolescent’ qu’un ‘vieux ringard’ », lance Daniel Cohn-Bendit quand on évoque les détracteurs de « Dany le rouge » et les reproches qu’ils envoient aussi à sa famille politique, les Verts européens. Le coprésident du parti européen des Verts est le leader. Sans discussion aucune, Daniel Cohn-Bendit soulève la masse de militants venus de tout le continent pour assister au congrès écologiste, en mars à Bruxelles, pour lever l’ancre de son navire, le « Green », en vue de prendre le paquebot du Parlement européen, lors des élections européennes le 7 juin.

(PE)« I beg you pardon, s’excuse cet Allemand qui saute d’une langue à l’autre en plein discours, mais malheureusement je ne pourrai pas voyager dans tous les pays pour faire campagne à vos côtés. » On ne saurait le lui reprocher que dans le camp français où il se présente à la tête d’une des deux listes des Verts en région Ile-de-France. Car il devra quitter l’hexagone pour visiter au moins une douzaine de pays européens pour soutenir ses coéquipiers. « Le programme des Verts se fonde sur deux piliers, revendique Cohn-Bendit, l’immédiat, comme par exemple notre allocation d’existence et de transformation pour que ceux qui ont perdu leur emploi soient formés à faire un autre métier ; et le long terme, pour que la chaîne industrielle soit écologiquement compatible. »

Quelles sont les difficultés auxquelles le groupe des Verts s’est confronté pendant le mandat qui s’achève ?

La grande coalition entre Parti socialiste européen et Parti populaire européen qui bloque le Parlement européen. On vient de le voir à Strasbourg. On a voté la résolution sur le soutien à l’industrie automobile en Europe et il n’y avait aucune conditionnalité environnementale. Les grandes forces ne pensent pas à l’avenir.

Y a-t-il une alternative à cette grande coalition PSE-PPE ?

On n’en sait rien. D’abord il faut que l’alternative ait un contenu et que l’Europe investisse dans cette transformation écologique. Ce n’est pas que l’automobile. Tout l’habitat européen doit être transformé de telle manière que l’on consomme moins d’énergie. Finalement, il faut investir dans l’agriculture biocompatible, si vous transformez l’agriculture vous créez du travail aussi.

Comment effectuer cette reconversion de l’industrie automobile sans envoyer trop de monde pointer au chômage ?

Même avant la crise financière il y avait trop de voitures produites en Europe. La reconversion écologique, c’est le seul moyen de sauver les postes de travail, mais il faut qu’une partie des salariés de l’automobile soient formés à un autre métier car vous ne les maintiendrez pas dans l’automobile. Si vous dite cela, vous mentez aux gens.

Voyez-vous dans le plan d’Obama un modèle positif pour l’UE ?

Oui car ses aides aux industries passent par des réformes.

Faudrait-il envisager une augmentation du budget européen pour pouvoir donner à un plan les moyens de sa réalisation ?

Bien sûr ! On travaille à 27 Etats avec un budget pour 15. Mais il faut également un grand emprunt européen pour actionner cette relance. Permettons à la Banque centrale européenne et à la Banque d’investissement de lancer des bons du trésor européen.

Vous avez influencé la Commission, lors de votre mandat, pour toujours mettre en avant la lutte contre le changement climatique. Pourquoi lancer la campagne « Stop Barroso » aujourd’hui ?

Parce que quand la Commission sort le paquet climatique avec une proposition pour réduire les émissions de CO2 des voitures, cinq heures plus tard, le commissaire Verheugen fait une conférence de presse pour dire que ça ne va pas pour l’industrie automobile allemande. Et que dit Barroso ? Rien. C’est ça le problème.

Vous préférez un président de la Commission avec son agenda, comme Delors, quelqu’un qui sache s’imposer ?

Oui, bon, c’était plus facile au temps de Delors. Le problème, c’est que Verheugen dit une chose, McCreevy en dit une autre et que dit Barroso ? Rien. Cette Commission est dérégulatrice, et au moment où cette dérégulation va dans le mur, Barroso est incapable de mettre de l’ordre dans sa Commission et de la faire agir comme un collectif.

Certains militants disent qu’il ne faut pas se concentrer sur cette campagne anti-Barroso, mais sur les propositions socio-économiques, vous en pensez quoi ?

Dans un débat, si on se concentre sur les problèmes socio-économiques, il faut se poser la question de qui va mener la politique. Barroso est le représentant d’une politique que je refuse. Une élection, c’est aussi quel type de gouvernance on veut.

Pourquoi les Verts ne présentent-ils pas un candidat ?

Nous pensons que c’est à la plus grande force d’opposition d’en présenter un. Les socialistes pourraient présenter Poul Nyrup Rasmussen.

Vous le soutiendriez ?

Mais bien sûr !

Ce serait une alliance pour un modèle différent de l’Europe, pour un plan de relance différent ?

Mais c’est aussi contre Barroso !

Quelles sont les qualités que doit avoir le prochain président de la Commission ?

Savoir dire qu’il faut un projet social et écologique européen pour sortir de la crise. Il doit être le maître d’œuvre de ce projet. Il doit s’opposer aux gouvernements, le Conseil, et chercher une alliance avec une majorité du Parlement pour cette transformation sociale et écologique.

Hans Gert Pöttering, le président du Parlement, veut accélérer les séances de constitution du nouveau Parlement pour approuver le plus vite possible la nomination de Barroso : allez-vous tenter d’enrayer ce processus ?

Nous argumenterons contre et en même temps nous essaierons de mobiliser une majorité alternative. Tout dépend des majorités qui se formeront après les élections. Dans la crise d’aujourd’hui, moi, je ne vois pas la droite percer dans les sondages.