Cuisine sur grand écran
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Nina DelayePulsions, perversions, passions. Tour d’Europe des films où la cuisine joue un rôle principal.
« Un film n’est pas une tranche de vie, c’est une tranche de gâteau. » La phrase est d’Alfred Hitchcock. Pour lui, les spectateurs sont gourmands d’histoires extraordinaires qui leur fassent oublier la vie quotidienne. Cette métaphore alléchante ne surprend pas, car on sait qu'Hitchcock aimait manger et que dans ses films, il a souvent associé la nourriture et le la pulsion meurtrière.
Orgie et festin
Prenons La grande bouffe (Marco Ferretti, Italie/France 1973) par exemple : quatre amis se tuent à force d’ingurgiter nourriture et sexe. Ils se gavent de plats comme cet énorme gâteau en forme de sein. Voilà sur 8 millimètres, une allégorie de la société du bien-être vouée à l'autodestruction.
La nourriture est le plus souvent présentée de manière extrêmement positive. Ainsi, dans Le Festin de Babette (Babettes gæstebud, de Gabriel Axel, Danemark, 1987), une ancienne cuisinière française, contrainte de s’exiler suite à la répression de la Commune de Paris, rentre au service de deux sœurs dans une austère communauté luthérienne perdue quelque part au fin fond du Danemark. Grâce au festin somptueux préparé par ses soins, Babette parvient à transformer les invités pour qui évoquer la nourriture à table était un péché. À la fin du repas, les mets préparés par Babette avec savoir-faire et amour finiront par avoir raison de la carapace des convives et les rendre, pour la première fois, réellement bienveillants.
Les cuisinières d'Almodóvar
De nombreux films mettent aussi en scène l’absence de nourriture. Le meilleur exemple de cela est Kogel Mogel (Roman Zaluski, Pologne 1988), où le jaune d’œuf mélangé à du sucre qui tient lieu de goûter aux enfants (et donne son titre au film), devient le symbole d'une période où c’était le seul dessert qu’on pouvait préparer en Pologne, tant la misère était grande. Enfin, le gazpacho est une autre spécialité culinaire immortalisée sur grand écran et depuis devenue célèbre dans le monde entier. Il est préparé par Pepa dans Femmes au bord de la crise de nerfs, du réalisateur espagnol Pedro Almodóvar (Mujeres al borde de un ataque de nervios, 1988).
Rouge, tout comme la couleur prédominante dans la maison de l’héroïne, le gazpacho reflète parfaitement son état d’esprit, animé et passionné. Cette soupe, dans laquelle Pepa concentre toutes ses frustrations tout au long du film, mais aussi une bonne dose de somnifères, finira par avoir raison de tous les personnages !
Recette du gazpacho, sans barbituriques :
Ingrédients : 1kg de tomates/2 petits concombres/1 poivron/2 gousses d’ail/1 tranche de pain rassis ramolli dans du liquide puis essoré/25 cl d’huile/vinaigre/sel/eau.
Préparation : mixez tous les ingrédients. Si le mélange obtenu est trop épais, diluez-le avec de l’eau. Passez le tout au tamis et laissez reposer quelques heures au réfrigérateur.
Translated from Il cinema è una torta