Cuba, le droit à l’opposition
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céline panteixL’UE est à la recherche d’un dialogue avec le régime castriste. La défense des droits de l’homme est mise en avant. Mais combien de temps avant la démocratie ?
« J’ai perdu confiance dans le projet cubain, les espérances sont finies et les illusions brisées». Voici ce qu’écrivait en 2003 le Prix Nobel de littérature, le portugais José Saramago, dans les pages du quotidien espagnol El Pais.
Dissidence laminée
La désillusion de Saramago n’est pas fortuite. En mars 2003, après une période d'ouverture apparente et de plus grande permissivité, les autorités cubaines ont jeté en prison près de 70 journalistes, intellectuels et opposants au régime. Les principales accusations ? Propagande contre le régime, offense à l’État et désordre public. Entre autres. En avril 2003, trois hommes tentent de s’enfuir vers les Etats-Unis sur une embarcation de fortune. Neuf jours après leur arrestation, ils sont fusillés au terme d’un procès sommaire. L’article 19 du code pénal cubain, durci lors des modifications intervenues en 2001, punit de réclusion voire de la peine de mort « tout acte contre l’indépendance et l’intégrité » de l’Etat. Contre cette vague répressive, l’ONG Amnesty International monte au créneau, définissant les prisonniers cubains comme des « prisonniers de conscience », accusés d’avoir des idées différentes de celles du régime.
Revirements diplomatiques
Pour le ministre cubain des Affaires Etrangères Felipe Pérez Roque, « Cuba sait bien que le droit international est de son côté car la Charte des Nations unies lui reconnaît le droit de choisir son propre système politique ». L’Union européenne ne partage pas ce point de vue : en juin 2003, Bruxelles interrompt ses relations diplomatiques avec le gouvernement de la Havane et lance un appel à la libération des prisonniers.
Deux ans plus tard, en janvier 2005, l’Union fait machine arrière et décide de suspendre temporairement les sanctions contre Cuba jusque juin 2006. A cette occasion, Jean Asselborn, vice-Premier ministre du Luxembourg souligne que « les Ministres [des 25] ont souligné l’importance d’encourager le pluralisme démocratique et le respect des droits de l’homme à travers un dialogue constructif avec les autorités cubaines ». Bien que les abstentionnistes au Conseil des ministres aient été plus nombreux que ceux favorables à la suspension des sanctions, le dialogue entre l’UE et Cuba repart. Cette décision constitue « un acte de bonne volonté de la part de Bruxelles » mais n'empêche pas l'Union de critiquer la politique répressive menée par Castro.
La lutte pour la démocratie
La confiance accordée par l’UE semble pourtant loin de porter ses fruits. Actuellement, 72 prisonniers politiques sont incarcérés pour le seul motif d’opposition au régime castriste. Amnesty International et Reporters sans Frontières (RSF) continuent de dénoncer les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les détenus, privés de toute assistance médicale, enfermés dans des cellules d’isolement et victimes de sévices corporels.
Benoît Hervieu, responsable de la section Amérique de RSF, conlut que « les sanctions de l’UE de 2003 n’ont pas servi à grand-chose. L’objectif de RSF est de se concentrer sur le soutien aux différentes formes de dissidence politique pour apporter à Cuba une forme de gouvernement démocratique et pluraliste », continue-t-il. Si Castro ne l’entend pas de cette oreille, la recherche de pistes de dialogue continue.
Translated from Cuba, il diritto ad un’opposizione