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Crise : sauve ton pays, taxe tes riches

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Politique

« La question sociale se résume presque toute entière à la question de la richesse », nous dit Zola. Ça tombe bien, un peu partout en Europe, en pleine crise, économique, financière, des banques irlandaises, de la dette grecque, de l’euro franco-allemand, des banlieues anglaises et des papes espagnols, bref en pleine crise sociale, on s’intéresse aux riches. La raison ?

Une découverte révolutionnaire : un riche, ça peut se taxer.

Sale temps pour les riches. Les expressions à la mode sont éclairantes, comme l’abscons « hausse du taux marginal de l’impôt sur le revenu », le « participation à l’effort national » qu’on entend plus seulement chez les néotrotskistes, voire un « justice sociale » qui fait froid dans le dos. N’en jetez plus ! Les pays européens tapent sur leur nouveau bouc émissaire favori : haro sur les plus aisés, les méga-riches, les hauts revenus, les salaires extravagants, les indécents décomplexés.

Les riches se sabordent

En fait, à bien y regarder, l’idée vient des riches eux-mêmes. Sérieusement ? Sérieusement. Tout semble parti de Warren Buffet, dont l’influence due à son titre de troisième homme le plus riche du monde a eu raison de l’avarice mythique du patronat français, qui, isolément puis en groupe n’a pas tardé à reprendre l’idée à son compte – en banque. C’est une « riche idée », comme le titrait le principal quotidien de gauche français. Pierre Bergénous rassure quand même : « je ne veux pas envoyer des percepteurs chezBernard Arnault et François Pinault [deux des trois Français les plus riches, NdlA] ». Rassurés ? Faire amende honorable et se proposer de payer plus d’impôts, ça ressemblerait presque à un plan comm’. L’un des premiers relayeurs de la bonne nouvelle, Maurice Levy, est d’ailleurs publiciste.

Le cynisme de cette dernière phrase paraît incongru, tant l’exemple de solidarité offert par une classe si souvent montrée du doigt est un pare-feu à toute critique désobligeante soulevant la possible hypocrisie de telles déclarations. Mais quand même, le fliquage des patrons en ronge encore certains. Rangeons donc attaques ad hominem et procès d’intention, jugeons sur les faits, pour les dérangés qui n’ont toujours pas peur de passer pour des satiristes primitifs.

La « contribution exceptionnelle » qui confirme la règle

Tout est question de timing et de sémantique. La rigueur est là, et l’État cherche, pour commencer, à faire 12 milliards d’économie. François Fillon l’a annoncé dans une déclaration très attendue, et survenue moins de 48 heures après l’ « appel des seize ». Coïncidence ou non, il est pour le moins intéressant de noter qu’on a attendu que les riches suggèrent de s’imposer pour que le débat ait lieu dans les médias, les éditoriaux de radio, et pour que l’annonce suive, une petite semaine après, dans la bouche du Premier ministre.

Exportable, l'idée ?Mais que dit ce dernier, au juste ?Et bien pas grand-chose en fait. L’annonce concerne en effet une taxe exceptionnelle, que d’aucuns jugent « anecdotique ». La taxe annoncée par François Fillon (3%) ne prévaut que pour 2 ans, et le calcul est là : seulement 200 millions récupérables, pour 10 000 personnes touchées. Le taux d’imposition français des riches reste d’ailleurs un des plus faibles d’Europe, ce qui n’empêche pas des pays déjà mieux armés d’entrevoir ou de déjà avoir validé de telles mesures, en Espagne, au Royaume-Uni ou en Italie, même si la tendance sur le long terme est exactement inverse.

Les riches ont de l’argent

Certains libéraux continuent encore de penser que la taxe évoquée, même exceptionnelle, est injuste et déloyale pour les riches. L’INSEE [L’institut officiel de statistiques, NdlA] rapporte quant à elle que de 2004 à 2008, les 0,01% plus aisés ont vu leur niveau de vie grimper d’un tiers, et que les inégalités se sont accrues « par le haut » : les chiffres répondent. Les évidences aussi : à ce titre, l’imposition juste et permanente des plus hauts revenus, n'est plus qu’une matière à débat idéologique, cela ne devrait pas en être une ?

Photos : Une gooieduck/flickr, Texte :alancleaver/flickr ; bluerobot/flickr ; dgidgi12/youtube