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Crise politique belge : bientôt la fumée blanche ?

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Politique

Le compromis à la belge a pris un sérieux coup ces toutes dernières semaines. Sa survie ne tient désormais qu’à un fil. Et il ne restera aux belges que leur humour légendaire pour savoir le pleurer avec philosophie et fatalisme.

L’accueil froid qui a été réservé par les deux partis flamands, la N-VA (l’Alliance Néo-Flamande) et le CD&V (parti démocrate chrétien-flamand), à la dernière note de Di Rupo a sonné la fin de toute une époque. Époque où il était encore possible de former un gouvernement fédéral aux moindres frais. Aujourd’hui, chaque parti essaie de tirer la couverture sur lui et de se tenir au chaud. Chaque communauté veut faire payer la note à l’autre, et beaucoup s’étonnent par quel miracle le pays n’a pas fait l’objet d’attaques spéculatives sur sa dette.

pour combien de temps ?

La fédération Wallonie-Bruxelles ou le mariage forcé

Après une année d’âpres négociations conduites par les deux partis vainqueurs des dernières élections législatives, la N-VA et le PS (Parti Socialiste), la lassitude a gagné l’ensemble des rouages du pouvoir. Dans la rue, le cœur n’y est plus. Les négociations sur la réforme de l’Etat trainent depuis maintenant quatre ans sans la moindre avancée. Pis, la situation est encore plus compliquée. Sans toujours le dire clairement, flamands et francophones se livrent une bataille rangée autour de Bruxelles. Les francophones soupçonnent les flamands de vouloir habiller la capitale d’un modèle institutionnel qui la viderait de son identité et la conditionnerait à une future indépendance de la Flandre. C’est ce qui explique en grande partie l’empressement des francophones à sceller le sort de Bruxelles à celui de la Wallonie dans le cadre d’un mariage conclu à la hâte sous le nom de la fédération Wallonie-Bruxelles.

L’heure est grave même s’il est encore permis d’espérer. L’une des rares notes d’espoir auxquelles il convient de s’accrocher nous vient cette semaine de l’Open VLD

Le pays s’achemine tout doucement vers un blocage total. Malin sera l’homme politique qui saura concilier les positions des uns et des autres, et arriver à formuler un accord qui satisferait nord et sud. L’heure est grave même s’il est encore permis d’espérer. L’une des rares notes d’espoir auxquelles il convient de s’accrocher nous vient cette semaine de l’Open VLD (libéraux et démocrates flamands). Il y a un an, ce parti avait précipité la chute du gouvernement d’Yves Leterme. Le coup de pied dans la fourmilière donné par l’Open VLD pourrait libérer en partie le CD&V et le rendre plus entreprenant. Après tout, le statut quo profite à la N-VA que les sondages donnent déjà gagnant en cas de nouvelles élections législatives. La N-VA qui continue à se servir du blocage pour absorber les autres partis flamands. Le chemin sera long et le VLD n’est pas le seul à s’en apercevoir.

Une dette qui dépasse son PIB

Les partis du Sud du pays font depuis quelques mois un appel du pied aux ténors du CD&V visant à le convaincre de sortir des ornières de la N-VA. Au début des négociations l’année passée, personne ne pensait, francophones compris, qu’il était bon de monter un gouvernement sans la N-VA. Ce serait confisquer la volonté populaire d’un tiers de la Flandre que d’ignorer une victoire aussi éclatante que celle de Bart De Wever (leader de la N-VA, ndlr). Mais aujourd’hui, les données ont changé. Avec une dette dépassant son PIB, le pays vit en permanence sous la menace des agences de notations et tout relâchement risque de lui être fatal. Les partis flamands risquent à très court terme de subir les foudres de l’électorat, mais rien n’indique qu’à long terme le temps ne leur donnerait pas raison.

Cette belle bête à trois pattes qui a fait des petits dans le monde entier, réapprendra vite à marche...

L’option d’un gouvernement sans les nationalistes flamands ramènera, d’après ses défenseurs, plus de clame autour de la table des négociations. Les partis flamands pourront ainsi arracher une profonde réforme de l’Etat sans devoir mettre le couteau à la gorge aux partis francophones et sans leur faire perdre la face. Les trois partis du sud, le PS, MR (Mouvement Réformateur) et CDH (Centre Démocrate Humaniste), savent qu’ils sont eux aussi pour quelque chose dans la crise institutionnelle et ne vont pas rater une nouvelle occasion de conclure un accord avec les partis flamands.

C’est seulement au prix de ces sacrifices que le compromis à la belge gagnerait son nouveau sursis. Cette belle bête à trois pattes qui a fait des petits dans le monde entier, réapprendra vite à marcher pour peu qu’elle trouve l’appui qui lui fait défaut depuis 2007. Le roi pourra ainsi siffler la fin de la récréation, sabrer la Leffe et souffler enfin.

Lire l'article original et en version longue d'Abider Bouzid sur le blog cafebabel de Bruxelles

Photos : Une (cc) Gilderic/flickr (cc) ; Texte : drapeau belge : (cc) Jacob Johan/Flickr, Bert de Wever et Di Rupo : (cc) Daniel Basteiro/flickr