Crise grecque: le FMI et l'Union européenne serrent encore la vis au pays
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Avant le versement de la troisième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé à la Grèce en mai 2010, le FMI et l’Union Européenne somment l’Etat de procéder à des privatisations au sein de son patrimoine pour un montant d’au moins 50 milliards d’euros.
Massives.
Telles seront les dénationalisations auxquelles l'Etat grec va recourir pour dégager 50 milliards d'euros et combler en partie ses déficits. Le journal Eleftherotypia titrait vendredi soir dernier: "Tout ce qui peut être vendu est à vendre...". La question n’a pas fini de faire couler de l’encre.
Vendredi dernier lors d'une conférence de presse à Athènes, les représentants du FMI, de la Commission européenne et de la Banque Centrale européenne, la "Troïka" comme l'appellent les Grecs, ont statué sur la situation financière du pays, avant l'octroi de la quatrième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai dernier par le FMI et la zone euro. Si la Troïka s'est félicitée de ce qui a déjà été fait et qui a permis en un an de réduire le déficit public de 37 %, elle a toutefois déclaré que les réformes structurelles devraient être encore accélérées et même étendues. L'Etat grec est ainsi sommé de se délester d'une part de son patrimoine pour un montant de 50 milliards d'euros au moins d'ici 2015, dont 15 milliards d'ici 2013 au lieu des 7 initialement annoncés. Les banques que l'Etat contrôle ont été mentionnées en particulier, tout comme le secteur de la santé pour lequel les dépenses publiques devront être réduites. Au vu du montant exorbitant, un journaliste est intervenu lors de la conférence de presse pour demander s'il faudrait aussi vendre des monuments de l'Antiquité. Il a été annoncé en tout cas que "pas un domaine du secteur public ne serait épargné".
Dans un communiqué nerveux paru quelques heures après la conférence de presse, le Premier ministre socialiste Georges Papandreou a dénoncé l'attitude "inacceptable" de la Troïka et fustigé son désir d'ingérence dans les affaires intérieures du pays, ajoutant que le gouvernement "ne peut prendre d'ordre que de la part du peuple grec".
Le journal Kathimerini, proche de l'opposition, affirme de source bruxelloise dans son édition de dimanche, que le gouvernement avait donné son accord et adopte une attitude électoraliste en vue des prochains scrutins en criant au loup. De son côté, le journal Avghi pointe l'échec de la politique du gouvernement et estime que l'argent prêté coule à flots pour les banques. Le gouvernement s'apprête d’ailleurs à les soutenir en leur apportant des garanties à hauteur de 30 milliards d'euros.
Une chose est sûre, les Grecs sont en colère et endurent les conséquences de la cure d’austérité en vigueur. Le gouvernement a réduit drastiquement les salaires et les pensions dans la fonction publique, augmenté l’âge de départ en retraite et les impôts. Il a aussi entrepris la dérégulation du marché du travail, la privatisation d’entreprises publiques et une réforme du système de santé et de l’éducation.
L’austérité ralentissant l’activité économique, le pays vit sa troisième année de récession avec un nombre croissant d’entreprises contraintes au dépôt de bilan. Une conséquence immédiate est l’envolée du chômage qui a augmenté de moitié en deux ans : alors qu’il atteignait déjà 9,8 % en 2009, il frôle aujourd’hui la barre des 14 %. Le chômage des jeunes, lui, caracole à près de 35 % ! Par ailleurs, le coût de la vie qui était déjà élevé, ne cesse d’augmenter avec une inflation qui dépasse les 5 %. De nombreux mouvements sociaux s’expriment pour protester et crier la colère des consommateurs, des assurés sociaux, des retraités, des contribuables… et une nouvelle grève générale dans le privé comme dans le public est annoncée pour le 23 février.
Jean-Marc Laborie