Crise de foie
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Attention ! Pendant les fêtes, la dinde aux marrons vous attend au tournant. Petit conte de Noël pour découvrir des expressions européennes.
Assis sur un banc en bois, dans le fond d’une église pleine à craquer de paroissiens en goguette, mon estomac tournicote et bougonne contre une digestion difficile. Le prêtre s’échauffe la voix et j’essaie de me rémunérer les aliments ingurgités ces dernières heures. La liste est bien trop longue ! Huîtres au citron, beurre d’escargots, foie gras, bûche de Noël arrosée de champagne ! Je suis « farcie jusqu’aux branchies », comme disent les Anglais (« to be stuffed to the gills ») et vire carrément au violet d’avoir tant mangé (« ponerse morado » en espagnol). La « crise de foie » est imminente. Vivement le carême !
Je me tourne vers ma voisine polonaise qui me dit malicieusement que quelque chose « pèse sur mon foie » (« Coś mi leży na wątrobie ») entre deux couplets. Soit j’ai avalé l’hostie de travers, soit c’est l’homélie du curé que j’ai du mal à « digérer ». « Was ist Dir über die Leber gelaufen ? » me dirait un Allemand pour qui avoir quelque chose « qui passe sur le foie » est synonyme de colère. Un des sept péchés capitaux ! Plongé dans le silence religieux de la prière, je regrette de ne pas avoir été à confesse : « Je m’en mange le foie » comme dans l’expression italienne « mangiarsi il fegato ». Colère et gourmandise… c’est direction l’enfer sans arrêt au purgatoire, quoi que j’en dise !