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Cracovie : une perle dans une coupe d’alcool ?

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Default profile picture frédéric bègue

Attirés par les légendaires déesses slaves, une atmosphère conviviale et des bars innombrables, les Britanniques organisent de plus en plus souvent des virées à Cracovie. Témoignages mitigés des habitants.

Sur de nombreux sites anglophones, Cracovie s’est forgé une réputation de 'perle cachée' ou de 'trésor secret'. L’ancienne capitale polonaise ressemble à la Prague d’il y a quinze ans – non corrompue et tellement « authentique ». Certes, elle accueille près de 400.000 Britanniques par an et ceux qui ont l’intention de faire la tournée des bars sont minoritaires. Néanmoins, minorité remarquable, ce sont ces derniers, ivrognes, bruyants et affublés des tenues les plus extravagantes, qui laissent leur marque dans la mémoire des Cracoviens. Et même s’ils ne dépensent pas et n’occasionnent pas tant de dommages, ils ne jouissent pas d’une bonne image.

Des taurillons excités

Au lieu de se réjouir de la popularité croissante de leur ville en Grande-Bretagne, les habitants de Cracovie préfèrent parler du fléau des ivrognes anglais qui hantent la vieille ville. Dominik Tarabaski, cracovien de 25 ans, se plaint : « La plupart des Anglais que je croise quand je sors en ville le soir ressemble à s’y méprendre à nos supporters de foot de Nowa Huta. » Aleksadra Ossowska, 24 ans, qui est en cours d’été à Cracovie, a elle aussi déjà fait connaissance des citoyens des Îles britanniques : « Par plus tard qu'hier, il y en a un qui a couru derrière moi dans la rue en enlevant son pantalon. »

Monika Jarosz, porte-parole de la Police municipale de Cracovie, a du mal à se contenir quand elle évoque les cas rapportés par les policiers de retour de patrouille. « Un jour, la police a dû interpeller un Batman qui, à part une courte cape, ne portait qu’un string… » Elle se souvient aussi de cet Anglais « qui jetait des chaussures dans la Halle-aux-draps ». Lorsque les policiers sont arrivés, il a payé docilement son amende.

Bruyants, mais inoffensifs

La police et les services municipaux ne considèrent pas les Anglais comme un problème. Katarzyna Gdek, directrice du Bureau du tourisme à l’Hôtel de ville de Cracovie, estime que les Britanniques venant à Cracovie pour l’alcool bon marché « représentent un phénomène marginal ». Elle ajoute que « d’après les enquêtes faites en ville, 4% seulement des étrangers visitant Cracovie citent le prix de l’alcool comme le but principal de leur voyage ».

En outre, les Britanniques ivres se comportent plus comme des enfants que comme des hooligans. Le porte-parole de la police municipale prétend que les Anglais « commettent plutôt des outrages aux bonnes mœurs que des dommages matériels ». Marta Braczol, gérante de la société Crazy Stag qui organise des week-ends arrosés pour les Britanniques, affirme que les problèmes sont rares pendant leurs séjours. « Notre société existe depuis plusieurs années et nous n’avons enregistré que deux ou trois comportements répréhensibles. »

Car même les Britanniques ennivrés ne sont pas sans foi ni loi. Selon Monika Jarosz, « ils apportent de leur pays le respect de l’uniforme ». Quand les gardiens de l’ordre entrent en jeu, c’est la fin des plaisanteries. Et le début des procès-verbaux, que les Britanniques en général paient rubis sur ongle, préférant ne pas gâcher leur séjour en Pologne par une procédure judiciaire, fût-elle accélérée.

D’où vient donc cette mauvaise image ?

Un week-end de fête peut se passer d’une visite au poste. De nombreuses sociétés organisent des week-ends attractifs à l’intention des Britanniques venant à Cracovie pour une 'stag night'. Au programme : quads, karting, tir, vol en ballon, descente du Dunajec - et le soir casino ou 'pub crawl'. Mais Marta Braczol ajoute en riant qu’après une journée d’activités pleines d’émotions fortes, les Britanniques « s’endorment après deux bières et sont trop fatigués pour le moindre excès ». Tout cela pour environ 150 livres par personne.

Katarzyna Gdek rappelle que l’anglais est une langue internationale : « Beaucoup de touristes utilisent cette langue, anglais ou pas. C'est le cas des Finlandais, des Danois, des Suédois. » Mais on met tout sur le dos des Anglais. Monika Jarosz a aussi sa théorie : « Ce sont des gens qui se servent d’une autre langue. Ils parlent fort et sont donc plus facilement remarqués. On pense donc que c’est un phénomène beaucoup plus commun qu’il ne l’est en réalité. » Explication simple, mais plausible. Comment expliquer autrement qu’on regarde d’un mauvais œil les Britanniques, qui dépensent pourtant à Cracovie trois fois plus en moyenne que les touristes polonais ?

Photo: CTRL F5 / Flickr

Translated from Kraków: perła w morzu alkoholu?