Coupe du monde : le foot part en voyage d'affaire
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emmanuelle.mSelon la célèbre encyclopédie Treccani e Britannica, le football serait, grâce à ses règles simples et son extrême adaptabilité, le sport le plus populaire du monde, en termes de pratiquants et de spectateurs. Mais derrière cette belle vitrine se cache une réalité plus éhontée : un business engrangeant des millions d’euros, qui occulte la véritable essence de ce sport.
Nous sommes au matin de la Coupe du Monde de football organisée par la FIFA, l’événement sportif le plus suivi au monde. Un sport ultra médiatisé, mais dont les origines sont difficiles à retracer : il aurait trouvé sa forme actuelle dans l’Angleterre du XIXème siècle, pour ensuite se propager à travers le continent européen, les colonies d’Amérique du Sud et enfin le reste du monde. La définition originale proposée par l’auteur de la page Football en Europe de Wikivoyage, démontre que ce sport reste profondément ancré dans notre culture : « chaque année, entre septembre et mai, l’Europe vit à l’heure du football : les matchs sont retransmis dans les bars, les stades sont pleins à craquer, les enfants jouent dans la rue pendant que des adultes en surpoids s’affrontent au nom de leur pub ». Mais, au-delà de ces visions romantiques, le football actuel est encore – surtout ? – un système économique complexe qui trouve en Europe sa meilleure expression.
Le foot business
Derrière les discussions entourant la question de la suprématie des pays sur ce sport, il paraît évident que les clubs sont dorénavant devenus des entreprises sous bien des aspects. Un changement patent constaté dans la majorité des pays : ainsi depuis 1996, le décret 485/96, converti en une loi votée la même année, permet aux clubs italiens d’adopter la forme juridique d’une entreprise. Produit pour le marché et existence d’un risque général sont les caractéristiques fondamentales d’une entreprise à laquelle les clubs ressemblent véritablement. Avec une valeur ajoutée inestimable : la passion et le sentiment d’appartenance. Un patrimoine qui, dans la majorité des clubs, a bâti sa fortune et a réussi à ne pas être détruit par les conflits d’intérêts des supporters, dirigeant, personnel ou joueurs.
Le spectacle sportif est donc l’objet de l’activité économique des clubs de football, mais ne constitue pas la seule valeur de la production : les droits télévisés, le sponsoring et l’exploitation des images, sont l’expression des systèmes économiques modernes organisés et résultant d’une logique entrepreneuriale complexe, joints à des revenus « classiques » plus en adéquation avec le sport. L’image et la popularité sont des avantages psychologiques, qui peuvent même être plus important qu’un gain financier immédiat. C’est grâce à ces caractéristiques qu’une industrie dont le bilan est souvent dans le rouge réussit à rester en vie.
les doutes de l'uefa : fairplay financier ?
La tendance du football à se transformer en un sport-business semble irréversible : dans cette optique, il est nécessaire de mettre en place le règlement du fair-play financier de l’UEFA, un projet créé par le plus grand organe footballistique européen en 2009, qui vise à mettre fin aux dettes de la majorité des clubs – le Bayern de Munich, Arsenal, le SSC Naples et l’ACF Fiorentina demeurent des exemples positifs de ces régulations. Le second objectif inavoué est, à l’inverse, de réduire le fossé entre les équipes qui peuvent se permettre des investissements exorbitants, car gérés par des entrepreneurs et des multinationales : le Paris Saint-Germain de Nasser Al-Khelaïfi détenu par le Qatar Investment Authority, ou le FC Zénith Saint-Pétersbourg d’Aleksandr Dyukov de Gazprom ont ainsi tous deux été sanctionnés, bien que cela n’ait pas empêché le dirigeant du PSG d’acquérir pour 50 millions d’euros le défenseur brésilien David Luiz.
Les récents succès d’un club comme le Borussia Dortmund, le Bayern de Munich ou l’exploit de l’Atlético Madrid ont dissipé les craintes concernant la naissance d’un groupe d’équipes élitiste et exclusif (à l’image du « Big 4 » de la Premier League entre 1996 et 2008 ou le duopole de la Liga). Mais les différents taux d’imposition entre chaque pays, ou le manque de transparence entourant le sponsoring et l’implication d’une société tierce, sont autant de lacunes qui attendent d’être résolues.
Fragilité et lourdeur frappent néanmoins la gestion de ces cas par l’UEFA. Aussi nobles et justes soient leurs intentions, il est nécessaire que Michel Platini (président de l'UEFA, ndlr), Senes Erzik (vice-président, nldr) et leurs collègues trouvent des moyens plus efficaces pour défendre leur cause. Alors seulement, il sera possible de trouver la bonne adéquation entre sport et économie.
Translated from IL CALCIO EUROPEO, TRA BUSINESS E SPORT