Corruption : une marotte européenne ?
Published on
Plus de la moitié des Européens sont convaincus que les pots de vin ou les abus de pouvoir sont des pratiques répandues chez les politiques. Ils n’ont pas tout à fait tort. Démonstration.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de France
A peine la porte de l'Elysée passée, l'ancien Président français Jacques Chirac se voit rattrapé par la justice. Le 14 septembre, les magistrats rendront leur verdict dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs du RPR, l’ancien grand parti de droite. Motif du procès : le salaire de plusieurs employés permanents du RPR, aurait été financé par la ville de Paris, dirigée à l’époque par Chirac. L’ancien locataire de l’Elysée, entendu comme témoin assisté en juillet dernier, risque une mise en examen pour prise illégale d’intérêt et recel d’abus de biens sociaux. Son ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, n’est guère mieux loti : il vient d’être mis en examen dans l'affaire Clearstream pour complicité de dénonciation calomnieuse, entre autre chefs d'inculpation. Le but de l’affaire Clearstream aurait été d'impliquer Nicolas Sarkozy, alors rival de M. de Villepin dans la course à la présidentielle, dans un scandale financier et le décrédibiliser ainsi aux yeux de l'opinion publique. Le domicile de l'ancien Premier ministre et ses bureaux ont été perquisitionnés fin juillet et il lui est désormais interdit de rencontrer les autres personnes impliquées dans ce dossier, comme Jacques Chirac, qui a déjà annoncé qu'il refuserait de témoigner devant la justice « sur des faits accomplis ou connus » pendant son mandat.
Berlusconi court toujours
En Italie, Silvio Berlusconi a été poursuivi dans près de 10 affaires. Corruption, liens avec la mafia, financement illégal de parti politique, évasion fiscale, abus de biens sociaux... L'homme le plus riche d'Italie a toujours réussi à passer entre les mailles de la justice. La plupart des affaires concernent sa holding ‘Fininvest’. Condamné en première instance à plusieurs reprises [parfois même à des peines de prison ferme], il a été blanchi en appel ou bénéficié de prescription des faits. Pour assurer ses arrières, il a pris soin de faire passer plusieurs lois servant ses intérêts, comme la dépénalisation des faux bilans.
Favoritisme à la britannique
En Angleterre, Tony Blair a été interrogé à trois reprises par la police dans le scandale des Prairies, portant sur de supposés traitements de faveur dont auraient bénéficié des hommes d'affaires anglais. Ceux-ci auraient reçu des titres honorifiques ou des sièges à la Chambre des Lords en échange de leur générosité envers le parti travailliste de Blair [le Labour]. En juillet 2006, Lord Levy, trésorier du Parti travailliste et ami personnel de l'ex Premier ministre britannique, était arrêté puis relâché sous caution. L'ancienne conseillère de Tony Blair, Ruth Turner était également entendue par Scotland Yard. Tony Blair a toujours assuré qu'il n'avait rien fait d'illégal car rien n’interdit aux dirigeants politiques de proposer des candidats pour « services rendus » à leur parti.
Du rififi en Pologne
Plus à l’Est, en juillet dernier, le leader du parti politique polonais de droite ‘Samoobrona’ [Autodéfense], Andrzep Lepper, se retrouve limogé par le premier ministre Jaroslaw Kaczinski suite à des accusations de corruption. Le dirigeant de ‘Samoobrona’, également vice-Premier ministre et titulaire du portefeuille de l'Agriculture, serait impliqué dans une affaire de pots de vin à grande échelle. Le ministère de l'Agriculture aurait ainsi procédé à des classifications illégales de certaines zones agricoles, en échange de versement de subsides. Toutefois, la culpabilité de Lepper n’a pour l’instant pu être prouvée.
Une Commission sous le feu des soupçons
Les hauts fonctionnaires européens n’échappent pas à la règle. Le 15 mars 1999, la Commision, présidée par Jacques Santer, est amenée à démissionner collectivement suite à des allégations de fraude visant certains de ses membres dont la Française Edith Cresson et l'Espagnol Manuel Marin. Plus généralement, les critiques portaient sur la mauvaise gestion de la Commission. En 2006, Edith Cresson est reconnue coupable de favoritisme par la Cour européenne de Justice.
Photos: Home page (donmatas/Flickr); Chirac (zavosh/Flickr); Berlusconi (Enrico Maioli/Flickr); Katsav (gyuval/Flickr); Blair (flashstef/Flickr); Lepper (Panmateusz/Flickr); Santer (Commission européenne)