Confirmation européenne pour l’UMP ?
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Pour finir le tour des principales forces ou principaux centre d’intérêt, finissons avec le probable futur vainqueur des élections européennes en France, c'est-à-dire le parti qui soutien le président de la République, et qui dispose de la majorité parlementaire, l’Union pour un Mouvement Populaire.
L’UMP trône effectivement depuis plusieurs semaines en tête des sondages réunissant environ 27% des intentions de vote pour ce scrutin du 7 juin 2009.
Rachida Dati et Michel Barnier, têtes de liste UMP pour l'Ile-de-France
Une première place étonnante
Plusieurs choses font qu’il est difficile de comprendre le relatif succès de l’UMP dans ces élections européennes. Premièrement, la côte de popularité du président, bien que légèrement en hausse ces derniers temps, n’indique pas une grande confiance entre le peuple et son chef d’Etat. Le gouvernement non plus ne bénéficie pas d’un large soutien, du fait de dures réformes qui sont passées actuellement (Réforme de Xavier Darcos sur le lycée, réforme de l’Université de Valérie Pécresse, la loi HADOPI de Christine Albanel, la réforme de la santé de Roseline Bachelot,…), qui ont connu ou connaissent d’importantes oppositions. En second lieu, les candidats présentés par la liste UMP, à leur tête Michel Barnier et Rachida Dati pour la liste Ile-de-France, ne manifestent pas un grand intérêt pour ces élections il semblerait. Comme le prouve également le refus de Rama Yade de participer à la campagne européenne, les deux « stars » de l’UMP semblent avoir obtenu le rôle de « punis du gouvernement » par leur dirigeant suprême. Souffrant d’une image négative, la liste UMP ne semble pourtant être pénalisée. Comment expliquer cet étrange phénomène ?
La présidence française de l’UE : un « atout » de poids
En effet, la présidence française, qui a eu lieu du 1er juillet 2008 au 31 décembre de la même année, a laissé l’image d’un pays et de ses dirigeants hyper entreprenants, faisant face aux péripéties mondiales et faisant en sorte que le moteur de l’Union Européenne redémarre. Ainsi, le projet de Nicolas Sarkozy a « impressionné » les spécialistes de l’UE, et se résume de la façon suivante : deux crises, deux succès, une crise. Dans les succès, figurent l’union pour la méditerranée, le bilan de santé de la PAC, le Pacte européen sur l’immigration, et surtout le paquet « énergie –climat ». Cette présidence a du de même faire face à plusieurs crises : celle du non irlandais d’abord, qui a mis dans l’embarras Nicolas Sarkozy, après son congrès de Versailles réussi, où le traité de Lisbonne a été ratifié par les parlementaires. Ensuite, est venue la crise géorgienne, entre la Géorgie et les séparatistes Ossètes et Abkhaze, où la présidence de l’Union s’est imposée en tant que médiateur entre la Russie et la Géorgie, pour parvenir à un accord de cessez le feu le 12 août. Enfin, la crise financière, qui a gagné l’Europe, après avoir dévasté les Etats-Unis, a obligé Nicolas Sarkozy de plaider pour une relance européenne, et à mettre en exergue « la moralisation du capitalisme » et la « fin désirée des paradis fiscaux » qui pullulent dans le monde mais aussi en Europe. A ce titre, son ami et au demeurant président de l’Eurogroupe, ainsi que premier ministre Luxembourgeois s’étant élevé contre cette idée, que le Luxembourg soit une terre de criminels qui blanchissent l’argent sale…
De la poudre aux yeux ?
Il est sûr que tous ces thèmes évoqués ci-dessus, font l’objet d’un âpre débat, quant aux résultats concrets de tous ces chantiers. La conférence organisée par Jean Quatremer, journaliste à Libération, ce mercredi 3 juin à la Mutualité de Paris, a mis en lumière les tensions qui existent entre les représentants de l’UMP et les autres partis candidats aux élections européennes, quant à la façon dont le parti du président « surf » sur son expérience européenne et compte en tirer tous les bénéfices ; Ainsi, Jacques Lehideux, candidat à sa réélection au parlement européen, dan le groupe démocrate, a fustigé la présidence française de l’UE qui n’a obtenu aucuns résultas concrets, et n’a fait en quelque sorte que du politique spectacle. Cependant, il est difficile de nier l’impact de cette présidence, qui a fait indéniablement parler d’elle, et qui est resté dans l’inconscient collectif européen et surtout français. A ce titre, elle explique pour une large part, les sondages en faveur de la liste UMP pour ces élections européennes.
La Turquie, un faut débat
L’UMP a aussi ajouté le spectre de la Turquie en clarifiant son opposition à son éventuelle entrée dans l’Union Européenne. Il semble pourtant que ce thème soit hors sujet, puisque les élections consistent à élire des députés qui sont ressortissants des 27 Etats membres de l’UE. La Turquie n’y est pas, et pourra éventuellement observer ces élections par l’intermédiaire du Conseil de l’Europe qui regroupe 47 membres. Quoiqu’il en soit, les négociations ont été ouvertes en 2005 entre les deux entités, et la Turquie, s’il elle remplit tous les critères de Copenhague pourra intégrer le club UE.
La ligne Bleue horizon de l’UMP.
Qu’espère l’UMP pour ces élections ? Quelles valeurs défend ce mouvement ? C’est avant tout faire en sorte que l’UE soit forte dans le nouvel (dés)ordre mondial qui est en train de se constituer. L’UMP tire du dernier G20 de Londres, une certaine fierté, dans la mesure où Nicolas Sarkozy est apparu aux côtés de Barack Obama et Gordon Brown, comme un régulateur de l’économie devenue folle, une sorte de moralisateur du capitalisme financier capable de mettre fin à la spéculation et à la transmission de la crise dans la sphère réelle. Sur le plan économique, il serait mis l’accent sur la constitution de champions industriels capables de s’imposer dans le marché international, tout en privilégiant la protection des emplois et des entreprises européennes, en luttant contre le Dumping social. Sur le plan sociétal, l’UMP s’engage à lutter contre l’immigration clandestine, plaidant en quelque sorte pour une Europe forteresse, qui va à l’encontre de l’esprit de l’Union pour la Méditerranée….
L’UMP et le PPE
Le 30 avril dernier, le PPE (Parti Populaire Européen) réuni en congrès à Varsovie a clairement approuvé son soutien à la candidature de José manuel Barroso pour un deuxième mandat, après celui de 2004-2009, à la tête de la Commission Européenne. Cette décision a été adoptée à l’unanimité par les 13 premiers ministres du PPE, dont un certain monsieur Fillon. L’UMP soutien dès lors sans réserve la politique libérale assumée de l’ancien premier ministre portugais. Lors de la précédente mandature, le PPE pouvait compter sur l’appui de 288 députés, et constituait la première force parlementaire. La France avait participé à ce groupe à hauteur de 18 députés, ce qui est relativement peu par rapport au 28 britanniques, ou au 49 allemands. Réunissant le parti populaire européen, et les démocrates européens, le PPE compte bien demeurer majoritaire au sein de l’hémicycle, dans la mesure où une majorité des gouvernements en UE fait partie ou supporte le PPE.
Crédit photo : Michel Barnier/FlickR et Downing Street/FlickR
Henri Lacour