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Colère des épargnants dans les rues de Bruxelles

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Bruxelles

Article écrit par Julien de Cruz Ils étaient environ 300 à manifester pour défendre leurs économies et faire entendre leurs voix au milieu du déluge de la crise financière mondiale. Réunis en cortège sous les couleurs de la Belgique, les épargnants en colère de la banque Kaupthing ont serré les rangs pour demander réparation (et pour ne pas avoir trop froid).

Café Babel Bruxelles était sur place pour cette manifestation hors du commun.MANIF4

De la colère et du dépit. Voilà l'état d'esprit de ces clients de la banque Kaupthing réunis par ce samedi maussade du mois de novembre devant le parc du cinquantenaire. Ils sont venus avec leurs enfants en poussette, leurs amis, leurs chiens. Ils ont peur de perdre leur argent et ont confectionné à la hâte des panneaux évocateurs. Rendez nous nos sous !, épargnons ? piège à cons ou autres remarques acerbes à l'adresse des décideurs et des banquiers.

L'union fait la force

Comment en est-on arrivé là ? Un épargnant nous raconte. Il a d'abord déposé son argent sur un compte d'épargne sur internet. La banque domiciliée au Luxembourg propose des taux attractifs. Sans y regarder plus loin, le client accepte l'offre alléchante. Tant pis si la banque mère est islandaise et que le montage paraît complexe. Après tout, les belges ont confiance en l'Europe, pourquoi être frileux face à un placement à dimension paneuropéenne?

C'était avant que la crise financière mette l'Islande à genoux. Depuis, la banque Kaupthing a été nationalisée et les fonds des épargnants belges placés au Luxembourg gelés jusqu'à nouvel ordre. Les différents gouvernements ne savent trop quoi dire à ces 20.000 clients belges qui ont l'impression que leur euro-optimisme s'est retourné contre eux. Les épargnants en ces temps difficiles ont donc choisi d'arborer des ballons aux couleurs du drapeau belge. Plus que jamais, l'union fait la force.

La colère de victimes ordinaires

MANIF2Les discussions commencent tout juste à s'animer quand les organisateurs de la manifestation sonnent le départ du cortège en néerlandais puis en français. La petite foule se dirige calmement vers le quartier européen, direction l'ambassade du Luxembourg. On attend la déclaration du gouvernement luxembourgeois concernant l'offre d'un repreneur.

Devant l'imposante Maison du Luxembourg, le cortège s'immobilise. La tension monte et les injures fusent. Quelques uns jettent des pétards. La Belgique aurait-elle déclaré la guerre à son voisin ? On pourrait presque le croire quand l'ambassadeur sort enfin sous les hués et les flashs des appareils photos pour annoncer d'un air compassé qu'une offre a bien été faite pour sauver Kaupthing. Il n'a pas le temps de finir sa phrase, les manifestants sont trop mécontents.

Colère non maitrisée, nerfs qui lâchent, la détresse de ces victimes ordinaires de la crise mondiale s'exprime de façon désordonnée. L'atmosphère a viré à l'aigre et le cortège repart en rang dispersé crier encore sa rage devant l'ambassade d'Islande et du Conseil Européen. Certains, pourtant, ont bien compris que le pire a sûrement été évité et se préparent à rentrer chez eux avec un vague sentiment de devoir accompli. Un petit garçon affublé d'une veste fluo ornée de petits cochons tirelire paniqués tire la manche de sa maman : Pourquoi les gens ils sont pas contents ?