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Mauvaise pub pour la 3D ! Parce qu’aucune technologie ne peut être épargnée d’extrémisme aujourd’hui, la technologie 3D qui promettait tant d’avancées salvatrices – autant pour la microchirurgie que pour notre ère industrielle – s’est avérée être plus controversée que prévu.
2012. État du Texas. Cody Wilson – un crypto-anarchiste assumé – crée le site Defense Ditributed et laisse disponible sur la toile les plans d’impression qu’il imagine pour une arme d’un nouveau genre. Sous 48h seulement, pas moins de 100.000 téléchargements sont recensés. La révolutionnaire « Liberator » faite de résine était née, dont nombre de ses petites sœurs allaient bientôt suivre.
Si longtemps les doutes ont persisté sur la faisabilité de ce nouveau type d’armement (le plastique fondant irrémédiablement sous la chaleur produite par les tirs), les tentatives à répétition et les essais actuels ont quand même rendu quelques rafales possibles grâce aux modèles – plus avancés – de la Lulz Liberator d’abord et de la carabine Grizzly (14 balles à la suite) ensuite.
Un phénomène qui inquiète
Déjà inquiétant pour sa disponibilité « tout public » et pour ses rapides progression et circulation, le phénomène fait l’objet de bien d’autres malaises.
Premièrement, il bouleverse les modes traditionnels de protection en échappant tout simplement aux systèmes de détection des armes à feu. En effet, la fabrication par juxtaposition de couches plastiques est à en faire trembler toute organisation de sécurité aéroportuaire par exemple. Hormis l’aiguille de percussion, toutes les pièces sont de matière plastique. Le « gun home made » semble donc donner un peu plus de fil à retordre pour repenser les normes de contrôle, de marquage et de traçage actuels des armes légères et de petit calibre déjà existantes. Aussi, bien que des solutions aient été avancées pour parfaire à cette détection impossible (introduction obligatoire d’une masse métallique suffisamment importante, reconnaissance automatique de plans numériques rendus interdits par les imprimantes, par exemple), les plans restent inéluctablement disponibles sur nombre de sites Internet. À l’heure actuelle, seule la firme danoise d’imprimantes Create it Real semble avoir fourni l’effort de cette reconnaissance pour refus automatique.
Deuxièmement et au grand bonheur des partisans du NRA, la possession d’armes est, aux Etats-Unis, inscrite et consacrée par le sacro-saint second amendement du Bill of Rights. Dès lors, bien que la police new-yorkaise ait tenté d’en réduire la prolifération par le biais législatif, les tentatives de régulation restent timides et se heurtent à une sérieuse résistance.
D’ailleurs, le bureau du département judiciaire américain, via l’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, organisation chargée de la régulation en matière d’alcool, tabac et armes à feu) – qui avait par ailleurs accordé à Cody Wilson la licence de production et de diffusion de son produit – expliquait au magazine Vice son manque d’intérêt actuel pour avancer vers la voie de la régulation. En effet, l’organisation argumente son inactivité en raison du caractère inabouti de ces armes à feu, encore trop amateur, de même que l’infime proportion que prennent celles-ci sur le marché par rapport aux armes réelles. Le temps, selon eux, n’est pas encore à la préoccupation, malgré que les avancées technologiques actuelles soient parvenues à la conception de modèles métalliques.
Cependant, le débat aujourd’hui n’en est plus là. Par ce procédé (facile) d’accès et de distribution bon marché, tout particulier lambda, terroriste, groupement non-étatique de tout horizon, confession et motivation, pourrait aisément acquérir et recourir à l’armement « imprimable ». Sérieuse menace donc qui, lançant une fois de plus le débat sur la circulation et l’accession des armes aux Etats-Unis, risque de perturber la sécurité européenne également.
En effet, bien qu’aucune utilisation de ce nouveau type d’armement n’ait été recensée sur le vieux continent, les autorités hollandaises, espagnoles, helvétiques et britanniques continuent d’étudier la dangerosité d’un tel recours.
Enfin, s’il est rassurant d’observer que la législation européenne en matière de port d’armes est plus restrictive qu’aux Etats Unis, rien n’a cependant empêché le téléchargement de plans numériques en Allemagne, Espagne et Grande-Bretagne en mai 2013, en témoigne également la saisie d’armes imprimées par les forces de police à Manchester en octobre de la même année.