Cinq questions à Hans-Gert Pöttering
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Interview du Professeur Hans-Gert Pöttering, membre de la commission des affaires étrangères du Parlement Européen.
Le Professeur Hans-Gert Pöttering est vice-président du groupe du parti social-démocrate au Parlement européen et chef de la délégation des sociaux-démocrates autrichiens au PE.
Cafébabel : Quel a été à votre avis le poids de l'Europe dans la composition du gouvernement provisoire afghan?
LUnion Européenne sest fortement engagée dans ce processus, par exemple dans laccord de Petersberg qui est à la base du futur politique de lAfghanistan, suivi daides financières considérables. Avec 352 millions deuros, lUE est le plus grand donateur financier pour laide humanitaire en Afghanistan et contribue ainsi à la reconstruction du pays. Cependant lUE a souligné que laide à long terme dépendra du respect des accords de Petersberg, car celui-ci est la meilleure garantie pour linstauration d'un nouveau gouvernement réprésentatif. LUE peut, comme contributeur important en aide financière, influencer le futur gouvernement pour quil respecte les droits de lhomme, les principes démocratiques, la tolérance politique et religieuse ainsi que légalité des sexes. LUnion Européenne a agit de façon semblable en ex-Yougoslavie.
Cafébabel : Quelle est la portée des enjeux économiques pour l'Europe dans cette guerre?
La guerre ne se fait pas pour des raisons économiques. Assurément, lenvoi de troupes coûte cher aux Etats engagés, mais ce nest pas le plus important. Lessentiel est que la communauté internationale sentende pour combattre le terrorisme dans le monde entier. Il ne faut pas oublier que lAfghanistan sous le régime des Talibans est resté pendant de longues années dans loubli de la communauté internationale. Maintenant il faut contribuer à construire de nouvelles structures stables et pacifiques dans ce pays. Comme en ex-Yougoslavie, la vérité est que la guerre coûte plus cher encore que la paix. Cest pourquoi lUE soutient la reconstruction de lAfghanistan avec des aides financières aussi importantes.
Cafébabel : Après l'effondrement du régime des Talibans, comment envisagez-vous la suite de cette crise internationale et le rôle de l'Europe?
On est sur la bonne voie pour surmonter cette crise internationale. Les accords de Petersberg contribuent fortement à cette impression. LEurope va, comme je lai déja dit , contribuer à la transition de lAfghanistan vers la normalité, tout en diffusant ses idéaux démocratiques et de respect des droits de lhomme.
Cafébabel : Jusquà quel point la politique étrangère européenne peut-être influencée par les communautés islamiques basées en Europe?
Des groupes religieux islamiques font partie de la société dans beaucoup de pays de lUnion Européenne et les possibilités légales de participation à la vie politique leur sont ouvertes (ils peuvent exprimer librement leurs opinions, ils peuvent fonder des partis politiques démocratiques, ainsi que sengager politiquement). Ils sont à un pied dégalité avec dautres groupes sociaux. Cependant ils nont pas de poids particulier dans les politiques extérieures européennes.
Cafébabel : Comment peut-on envisager les relations entre les Etats-Unis et lEurope dans le cadre de la crise et du nouvel alignement « anti-terroriste ».
Le 11 septembre 2001, ce sont les Etats-Unis que les terroristes ont choisi comme cible, mais en réalité ce ne sont pas que les Etats-Unis qui ont été touchés, mais le monde civilisé dans son ensemble. En principe, on a agit en solidarité avec les Etats-Unis pendant la crise et on a lintention de le faire à nouveau dans lavenir. Ceci nempêche pas quon puisse avoir des avis divergents sur certaines questions. Les Européens ne vont pas forcément sengager dans toutes les actions américaines. Mais en général, les Européens et les Américains ont fait front commun en combattant le terrorisme et en défendant nos valeurs communes.