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Chine : les jeunes européens ont-ils peur du dragon ?

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Virginie Wojtkowski

Politique

A l'occasion de la nouvelle année chinoise (qui cette fois-ci tombe le 23 janvier 2012), cafebabel.com présente une nouvelle analyse de la situation économique du géant asiatique et ses répercussions sur l'Europe. Les jeunes chinois ont-ils quelque chose en commun avec leurs pairs d'Europe ? Dans quelle ambiance les Européens accueilleront-ils l’année du Dragon ? Voyez vous-même.

Qu’est ce que réellement nous, les Européens, connaissons de ce pays, dont certains parlent avec fascination dans la voix, d'autres avec une petite dose de méfiance, ou parfois même avec terreur ? Peut-être que les inquiétudes sont aggravées par le fait que les entrepreneurs chinois ont dirigé jusqu’à 30% de leurs investissements vers le groupe des pays du bassin méditerranéen – ceux qui étaient le moins capable de faire face à la crise économique – à savoir la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l'Italie, tout en se préparant à conquérir l’Europe orientale.

La Génération «Y» a plusieurs visages …

Lire aussi sur cafebabel.com : « « La tribu des fourmis » ou la contestation de la jeunesse chinoise »

Les jeunes chinois ont-ils quelque chose en commun avec leurs pairs d'Europe ? Ce qui caractérise la génération « Y » ne se limite pas à la latitude géographique ni à la richesse du portefeuille … mais aussi au sens d’un quelconque engagement social. Cette dernière définition pourrait tout simplement ne pas exister en Chine. La nouvelle génération de Chinois préfère se tenir à l’écart de la politique. Bien qu’il reste des oasis « d’idées démocratiques » en les personnes de Yao Chen et Guo Meimei, engagés dans les droits humains grâce à des micro-blogs, ils sont emportés dans le flot des enfants uniques dont la seule préoccupation est de satisfaire leurs besoins matériels. Dans les cas les plus extrêmes, pour atteindre cet objectif, ils ne réfléchiront pas à deux fois avant de tomber dans le piège de la prostitution qui se révèlera alors être la meilleure façon de gagner de quoi s’acheter de nouveaux gadgets ou bien des produits … contrefaits.

Guo Jingming - étoile de 28 ans et considéré dans le monde de la pop culture chinoise comme un écrivain, alors qu’il serait probablement considéré comme un « plagiaire » en Europe (cet auteur de romans d’amour pour les adolescents a été accusé de plagiat dans trois de ses romans), est presque un héros en Chine. Serait-ce à cause des 12 millions qu'il a engrangés depuis le début de sa carrière d'écrivain ? Réaliser son « rêve américain » ? Ou plutôt son « rêve chinois » - c'est-à-dire « live fast, love hard » à la sauce asiatique aigre-douce. Il ne faut pas s’attendre à une « européanisation » de la jeunesse chinoise. Pourquoi ? « Parce que l'Europe est perçue dans les yeux de nombreux Chinois comme un continent intellectuel, trop conservateur et tourné vers son histoire », rapporte le Courrier International. En un mot : « ennuyeux ».

La Chine attire les Européens comme un aimant

Peut-être que Ryszard Kapuscinski, Tiziano Terzani ou Bernardo Bertolucci avec son œuvre Le Dernier Empereur (1987) les ont attiré à l’Extrême-Orient. Peut-être, mais il est temps d’avoir un peu plus les pieds sur terre. Les donnés économiques ne provoquent pas chez les Européens qu’un sourire sincère. Au contraire – il semblerait que de plus en plus de jeunes européens migrent vers l’Asie en quête de meilleures perspectives financières.

« La vie dans la métropole chinoise n'était pas différente de la vie dans les grandes villes occidentales, nous nous attendions à cela », dit Laurent.

C’est un phénomène assez intéressant – en plus des étudiants qui sont toujours plus nombreux à vouloir découvrir la culture et la langue du géant asiatique, la Chine attire de plus en plus de diplômés du monde entier, à la recherche acharnée d’une solution au chômage. Le professeur Jing Men du Collège d’Europe de Bruges estime que si le nombre d’étudiants chinois en Europe a atteint les 180 000, le nombre d’Européens en Chine est estimé à seulement 18 000. Est-ce qu’en Chine on peut se sentir comme à la maison ? Selon une étude de l’hebdomadaire britannique The Economist, c’est possible. Et cela dans six provinces de Chine que l’hebdomadaire a comparées à six autres membres de l’Union européenne, en fonction de leur niveau de développement économique, et donc du niveau de vie. La province de Fujian a ainsi été décrite comme « l’Irlande chinoise », quant à Shanxi on doit s’attendre à la même atmosphère qu’en … Hongrie. La Chine ne peut plus être associée à un pays pauvre, où l’on ne vit que du riz et des jouets fabriqués en grande quantité sur lesquels il est écrit « made in China». Laurent, un Belge venu à Beijing pour un stage de plusieurs mois dans l'une des institutions européennes, confirme qu’à son arrivée à Pékin, il n'a pas vécu d’énorme choc culturel. « La vie dans la métropole chinoise n'était pas différente de la vie dans les grandes villes occidentales, nous nous attendions à cela », dit Laurent.

Un pays « eldorado » ?

Pas complètement. Lu Gang est convaincu que la destruction et la dégradation de la société doivent être imputées aux 10 % de croissance économique. Le photographe chinois, qui grâce à une série de clichés forts et choquants, pris dans la province du Heinan, a reçu le World Press Photo en 2004. Il suffit de lire des extraits des rapports de presse internationale, pour apprendre que dans la capitale de l'Empire du Milieu, les gens commencent à mourir à cause de la pollution. Mais pas une seule fois les autorités aéroportuaires de Pékin ont annulé des vols en raison de la couche chimique jaune intense, qui couvrait la ville comme un brouillard limitant la visibilité à quelques centaines de mètres. En 2006, la Chine a dépassé les États-Unis dans la course aux pays émettant le plus de gaz à effet de serre dans le monde.

Bien que la République de Chine ait décidé « d’adoucir » son image internationale - en remplaçant la « montée pacifique » par le slogan « développement pacifique », avant d’utiliser « l’harmonie » - ne révélant rien d’autre qu’une démagogie à la sauce asiatique, la Chine continue d'impressionner avec des chiffres tirés de statistiques économiques. Plutôt que de donner la main, elle jette le gant. Quand Nicolas Sarkozy s’est posé la question de savoir si la Chine ne pouvait pas aider l’Europe dans la crise de l’euro – les Chinois ont fait savoir qu’ils aideront les « amis » d’Europe, mais dans la mesure du possible – autrement dit, ils aideront mais ne sauveront pas. Est-ce que la fourmilière de près d’un milliard de personnes composée pour sa majorité de travailleurs acharnés sera en mesure d'entrer dans des relations harmonieuses avec les « indignés » européens ? Il semblerait que pour l’instant la Chine mise sur le développement matériel, et non idéologique. Tout parait indiquer que le dix-huitième congrès du Comité central du Parti communiste de la République Populaire de Chine, n'apportera pas de réels changements à l'atmosphère qui règne actuellement, si ce n’est un changement dans les noms.

Photos : Une(cc) kevin dooleyom;  Texte: (cc) Esparta/flickr.com; (cc) Stuck in Customs/flickr.com; (cc) eddie/flickr.com

Translated from Chiny: Smok z zadziwiającymi statystykami wypisanymi na twarzy