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Chacun cherche sa soirée « afterwork »

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Default profile picture Catherine Bobko

Société

Jeune cadre en milieu urbain ou étudiants pas forcément fortunés : chacun cherche sa soirée « afterwork » le jeudi soir après le boulot. Dans un club, ou lors d’une session de speed-dating, c’est l’occasion de faire des rencontres et boire un coup, sans rater le réveil le vendredi matin.

Jeudi soir, 21h, au centre de Paris. Depuis deux heures déjà, le loft bar Les Salons du Louvre se remplit de jeunes « yuppies ». Les lumières rouges qui éclairent la salle aux murs couleur brique leur donnent un air détendu. Chacun tient à la main un verre de champagne. Fatigués par une semaine de travail dans une ville immense, ils sont arrivés dans un bar VIP pour se détendre avec du mousseux, manger un morceau, danser et… rencontrer d’autres jeunes actifs, comme eux. Au premier coup d’œil, la soirée ressemble à ces milliers d’autres soirées parisiennes, mais ce n’est qu’une illusion. La soirée parisienne « after work » commence jeudi juste après le travail et s’achève à 1h du matin, au plus tard. Car, le jour suivant, il faut aller travailler et avoir l’air en forme !

«Dans le métro, tu dois te se serrer contre des individus qui ne sourient pas. Les rues sont pleines de gens qui courent d’un endroit à un autre»

Fabien, un charmant conseiller financier de 28 ans, attend un de ses amis qui essaie tant bien que mal de commander la prochaine tournée. Se frayer un chemin jusqu’au bar semble impossible : le champagne à volonté est inclus dans le prix du billet d’entrée jusqu’à 21 heures, et chacun veut boire et manger à satiété.

Contrairement à toute attente, nouer de simples contacts quotidiens interpersonnels est loin d’être aisé dans une ville aussi grande que Paris. « Dans le métro, tu dois te se serrer contre des individus qui ne sourient que très rarement ; les rues sont pleines de gens qui courent d’un endroit à un autre », explique Fabien. Pour lui, les sorties au bar après le travail constituent de occasions pour rencontrer des gens et discuter. Les soirées ont lieu plus tôt, mais le rapport qualité-prix est tout à fait convenable. On mange, on boit et on danse pour 15 euros. D’habitude un seul verre coûte 10 euros.

(K.A.)

Danser sur une péniche

23 h sonnent. Chloé et Olivier attendent leurs manteaux au vestiaire depuis 20 minutes. Elle travaille dans le marketing et lui dans la finance. Ils ont plus ou moins 25-30 ans et ils sont venus de Bretagne pour un week-end romantique. Malgré la longue attente, ils n’ont pas l’air énervés. Je leur demande si tout cela ne leur paraît pas un peu snob. Ils me répondent que « de telles soirées ont de la classe, mais elles ne sont sûrement pas snob. Des gens qui travaillent dans le domaine de la finance sont là. C’est un bon moyen pour se divertir, tout en s’assurant d’être en forme le lendemain matin. » Le soir : champagne et danse, et le matin : le labeur quotidien.

Un peu plus loin sur la Seine. Une petite soirée sur le bateau du Concorde Atlantique commence à peine à battre son plein, mais ici la clientèle est déjà différente parce que c’est une soirée « after school » pour les étudiants. Héloïse, étudiante à l’Ecole nationale des arts appliqués, qui fête, ce soir-là, ses 18 ans, a reçu une bouteille de champagne gratuite, qu’elle partage avec ses amies.

« La musique est sympa et variée et 10 euros pour le repas et les boissons ne semble pas exorbitant. C’est un bon moyen pour sortir à Paris. C’est une idée très parisienne», estime Guillaume, un étudiant en marketing de 22 ans, originaire du Nord de la France et venu étudier à Paris. Il est accompagné de plusieurs amis qui cherchent un endroit pour organiser des soirées étudiantes. L’endroit leur a plu et ils comptent y revenir. A minuit, il commence à faire froid. Il faut retourner sur la piste de danse, danser un peu et se diriger doucement vers la sortie, parce que le lendemain, il y a cours.

(K.A.)

Speed-dating un peu trop rapide

Vendredi, 21 h, au bar situé au sous-sol du restaurant Bizen. Ici, les gens sont installés dans des canapés et des fauteuils confortables et scrutent la salle avec une curiosité habilement masquée. Les hommes sont majoritaires mais il y a également quelques femmes. Age : 20-30 ans, bien qu’on puisse y rencontrer des personnes plus âgées. En solo, ou plus rarement en groupe d’amis, presque chacun a un verre à la main pour se détendre et se donner du courage, car dans un instant commence une session de speed-dating de 30 minutes.

«Il faut savoir ce que l’on cherche chez sa partenaire»

« C’est une façon de forcer le destin », explique Martin*, âgé de 30 ans, qui participe pour la deuxième fois à une telle soirée. « Il faut savoir ce que l’on cherche chez sa partenaire », dit-il. Par exemple, il recherche, pour sa part, une femme avec un fort caractère. Nous sommes obligés d’interrompre la conversation car le modérateur du speed-dating entre dans la salle et invite les participants à commencer.

Nous nous déplaçons à l’arrière du bar, où des canapés sont installés de façon à former un rectangle. Tous les participants reçoivent une carte sur laquelle est inscrit un numéro qui sert à les identifier. Au début de chaque conversation, il faut écrire le numéro du partenaire. Le jour suivant, les numéros des personnes qui se sont plu sont inscrits sur le portail softdating.com. Si l’intérêt est réciproque, on reçoit les coordonnées de la deuxième personne. Les règles sont simples : il est interdit de donner son numéro de téléphone ou de demander un nouveau rendez-vous.

Un « french kiss » à la clé ?

Malheureusement, des détails manquent sur le déroulement de l’heure qui a suivi. Je n’ai que 6 minutes pour discuter avec chacun. Les sujets sont variés, mais au début de chaque conversation, on commence par inscrire le numéro et le nom de la personne sur la petite carte et souvent, on commence par une question standard de type : « d’où viens-tu ? » et « quel âge as-tu ? » Tous les participants de la tranche d’âge 20-30 ans sont sympathiques, les sujets de conversation sont plutôt légers. La nette majorité d’hommes fait qu’à la fin de deux sessions, j’ai rencontré 10 personnes. Mais, à la fin de la deuxième session, je suis quand même fatiguée, j’oublie les prénoms. J’ai rencontré quelques canons : un pompier, un chef de projet, deux gars de Perpignan. Je suis détendue, les hommes parlent de sport, et moi de voyages. A la fin de la session, nous retournons au bar. C’est l’occasion de discuter avec ceux qui nous ont intéressés. Mais mon regard croise celui d’un charmant jeune homme à la peau mate avec lequel je n’ai pas eu l’occasion de discuter.

Cédric* a 25 ans et comme moi, il aime voyager. Après un certain temps, nous décidons de changer d’endroit, car l’atmosphère est quelque peu stressante. Nous nous promenons sur les Champs Elysées magnifiquement éclairés. A l’aube, il faut se réchauffer, et nous décidons d’entrer dans le café Georges V pour un délicieux chocolat chaud. On ne peut pas faire plus romantique… Mais, je dois finalement prendre congé de Cédric. Une journaliste nomade ne doit, pour l’instant, pas s’attacher. Mais qui sait, quand je reviendrai à Paris…

* Les prénoms ont été changés.

Translated from W poszukiwaniu francuskiego pocałunku