Ceci est un ultimatum aux socialistes Européens
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Chers socialistes européens, Français, Allemands, Espagnols, Danois, Italiens et autres (etc, etc...)
Je vous écris pour vous dire que je suis las. Las, très las, des tergiversations du Parti Socialiste Européen au sujet de la présentation d’un candidat pour les élections, au poste de Président de la Commission Européenne.
Or, il se trouve que je suis aussi un pro-européen enragé pre-maastrichtien, erasmus, TCEiens et lisbonnien actif.
Si on décernait des médailles en chocolat belge pour cela, j’en aurai très certainement mérité une, dorée ( et je l’aurais caché pour qu’on ne me la mange pas). En d’autres termes, et sans détours, vous pouvez être sur que si je venais un jour à perdre la flamme de l’Europe, cela signifierait qu’il ne resterait guère plus que moi pour l’entretenir sur tout le continent.
A vrai dire, dans l’environnement ou je vis, loin de Paris et des consultants aux salaires mirobolants, je suis déjà bien seul. Bientôt, si ça continue, on me montrera du doigt en maugréant « c’est lui, l’européen »…et les enfant me jetteront des pierres, pendant que les femmes me cracheront dessus.
Je plaisante, ou plutôt je galéje… pour attirer votre attention, d’en bas, sur un danger réel très sérieux, et qui désormais ne peut plus souffrir aucune attente.
Vous le savez, l’Europe à 27 rend désormais toute évolution institutionnelle pratiquement impossible via la voie des traités intergouvernementaux. Feu le TCE, maintes fois castré , est aujourd’hui encore retenu en otage en Tchéquie et suspendu une nouvelle fois à la vindicte populaire en Irlande. Même si, au terme d’une longue péripétie, il abouti, ce sera le dernier traité du genre…et il est déjà dépassé par les évènements, car il ne permet pas (je ne vous apprend rien) de donner à l’Europe la capacité décisionnelle dont elle a besoin.
Au delà, d’une manière plus générale, l’Union Européenne se trouve à un tournant critique : le temps de la construction par les états est dépassé. Le peuple, qui se rend compte du haut degrés d’intégration de l’UE, n’admet plus de ne pas pouvoir influer directement sur les politiques.
Ce mécontentement - légitime - est exploité par des leaders populistes à courte vue, qui s’appuient sur cette paralysie pour blâmer l’UE de tous les maux, dans l’intention avouée de la dissoudre.
Dans ce contexte, attisé par les difficultés économiques, le danger est réel. Mais il reste aussi une chance à saisir.
Les élections européennes peuvent être l’occasion d’apporter un démenti flagrant à cette paralysie, et plus important encore, l’occasion d’un sursaut pour le destin de l’Europe et de ses habitants.
Mais il ne suffit plus de suivre le train-train « national » habituel des élections européennes. Les (futurs) parlementaires européens doivent profiter des ces échéances pour mener de vraies élections transnationales et arracher le place qui revient de droit au parlement européen au sein de l’UE.
Pour cela, la présentation d’un candidat à la présidence de la commission européenne est la seule chance à saisir, d’une part parce que elle ne dépend pas de la volonté des états, mais de la seule décision des membres du PES et d’autre part parce qu’elle permet d’en finir avec les commissaires nommés et de porter la démocratie au cœur du système : le conseil sera forcé de s’incliner devant la volonté exprimée par le suffrage universel.
Enfin, sachez que si je m’adresse à vous, ce n’est pas par esprit partisan, mais parce que le parti socialiste européen est la seule force à pouvoir, à travers ces élections, renverser à la fois le commissaire « nommé » du PPE, imposer ainsi définitivement la démocratie dans le choix de la plus haute charge de l’UE, et incarner la volonté populaire d’un changement de contenu politique.
Les citoyens européens n’attendent qu’une alternative démocratique radicale et visible, que jusqu’ici, aucun parti n’a été capable de lui apporter. Vous pouvez être sur que, si vous êtes ceux qui la leur donnera, vous serez massivement suivis, de Porto à Varsovie, de Copenhague à Naples.
Notre espoir réside donc dans votre capacité à faire passer l’Histoire et le destin d’un demi-milliard d’européens avant vos ambitions personnelles et vos calculs nationaux
Si vous en êtes capables, je me joindrai aux autres européens pour défendre votre candidature avec la dernière énergie.
Dans le cas contraire, l’Europe n’aura peut être pas de seconde chance. Et vous pourrez être sur que je me joindrai également aux autres européens pour me détourner définitivement du parti socialiste, national et européen, que la postérité, elle, se chargera de conspuer.
Bien à vous
Un Européen parmi tant d’autres.