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Ce qui fait bouger Berlin: La maison de Knut

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Berlin

Dans „Ce qui fait bouger Berlin“, les auteurs de Café Babel reviennent sur le sujet majeur de la semaine précédente dans la capitable allemande. L’approche est évidemment subjective, analytique, commentée mais avant tout informative. Ecrivez-nous votre avis sur le sujet dans les commentaires.

Par Sonia Gigler (traduction Sébastien Vannier)

Pendant que la star Knut continue de faire carrière (des timbres de l’ours polaire devrait être mis en vente à partir du 10 avril), son habitat actuel est sous le feu des critiques. Les défenseurs des animaux reprochent notamment à la direction du zoo de Berlin d’avoir refourger des animaux à l’abattoir. Pourquoi les chatons ont-ils été tués ? Qu’est-il arrivé à la famille d’ours et à l’hippopotame ? Est-ce que les jaguars et les tigres ont été cédés pour en utiliser les hormones en Chine ? Ces questions occupent les esprits berlinois depuis que Claudia Hämmerling, député des Verts a porté plainte le 17 mars contre le chef du zoo berlinois Berhard Blazkiewitz pour violation de la loi de protection des animaux.

Hämmerling, chargée de la protection des animaux chez les Verts, affirme que des centaines d’animaux ont disparu du zoo et du parc animalier ces dernières années sans laisser de traces. Elle s’appuie sur des copies des registres. Elle reproche notamment à Blazkiewitz d’avoir vendu neuf tigres et jaguars à une ferme d’élevage en Chine. Cette même ferme se targue de produire des médicaments et des potions hormonales avec ces gros félins. En outre, une panthère et un léopard auraient été accouplés et la progéniture aurait atteri à l’abattoir.

Un hippopotame à l’abattoir

Un pareil destin aurait également attendu une famille de quatre ours ainsi qu’un hippopotame dans les années 90. Les animaux auraient été donné à un trafiquant douteux avant d’être transportés dans la ville belge de Wortel. Là-bas, il n’y aurait pas eu de zoo mais bien un abattoir. Hämmerling exige plus de transparence dans l’élevage et la vente des animaux du zoo. La présidente de l’association des directeurs de zoo Gisela von Hegel approuve dans un entretien avec le journal Welt Online : « La mort ou la survie des animaux sauvages dans les zoos doivent être abordées avec plus de transparence ».

La presse à sensation parle ainsi de „guerre du zoo“ berlinoise. Alors que Hämmerling a reçu le soutien de juristes de la protection des animaux tel que Frank Albrecht de l’organisation Peta et Marcel Gäding de la fédération berlinoise de protection des animaux, le comité de direction du zoo ainsi que groupe de soutien au parc animalier et zoo se rangent derrière leur chef. Dans un entretien avec le Berliner Zeitung, le chef du comité de direction Jochen Siewers explique : « nous sommes tous derrière Monsieur Blazkiewitz ». Le comité de direction avait appelé en 2007 celui qui était depuis longtemps cehf du parc animalier à devenir également chef du zoo. Le chef du comité de soutien, Thomas Ziolko, appuie également Blazkiewitz et décrit les méthodes de Hämmerling comme une « croisade contre les zoos de la capitales », « sans style ni vertu ». Mais Blazkiewitz est accablé preque quotidiennement de reproches : abattage injustifié de chats, pratiques douteuses de soin, manipulation des registres, croisement en-dehors des règles, pas de contrôle des naissances et isolement pour Knut. Cela semble ne pas avoir de fin.

Pourtant, comme l’a commenté le Süddeutsche Zeitung, les copies de registres utilisés par les les protecteurs des animaux, ne prouvent pas que les animaux ont été abattus. Le directeur du zoo Blazkiewitz a répété à plusieurs reprises au journal que « les procédures d’abattage sont très suivies » et que le zoo « travaille avec des partenaires certifiés ». Pour ce qui est de la cession d’animaux en Chine dans les années 90, les zoo aurait eu une autorisation du bureau fédéral pour la protection de la nature.

Abattage dans les règles ?

Les affirmations de Blazkiewitz qui a expliqué, dans la Berliner Zeitung, avoir « abattu dans les règles » quatre chats de gouttière en leur brisant la nuque, ne lui ont en tout cas apporté aucune sympathie auprès de la population. Selon Marcel Gäding, « il n’y a pas d’abattement manuel dans les règles ». Blazkiewitz aurait donc agit très clairement contre la loi de protection des animaux selon laquelle « Un animal vertébré ne peut être abattu que sous anasthésie ou, selon les circonstances, de manière à éviter les douleurs ». « Un abattement entraînant des douleurs et sans anasthésie ne peut être pratiqué sur un animal vertébré. L’anesthésie sur les animaux à sang chaud … ne peut être pratiquée que par un vétérinaire ». Selon Gäding, ni le diplôme de biologie de Blaszkiewitz, ni son poste comme chef du zoo, ne lui donnent ce droit. Gäding qualifie l’argumentation de l’abbatage (les chatons auraient été porteurs de maladie) comme non suffisante. Blazkiewitz se serait rendu hors-la-loi et devrait donc quitter son poste en tant que chef du zoo et du parc animalier.

Les lecteurs de l’édition en ligne du Tagesspiegel lui trouve même quelque chose d’ »épouvantable ». Il serait un « boucher ou un abatteur » que « l’on aimerait pas croiser seul dans la rue ». Mais de tels commentaires ne montrent-ils pas surtout la tournure émotionnelle que prend le débat ? Un lecteur du Tagesspiegel explique ainsi que le questionnement sur les pratiques de soin des animaux est certes justifié mais ne doit pas tourner « à la chasse aux sorcières ». Il y a quelques jours, le porte-parole du zoo, Detlef Untermann, a annoncé que Blazkiewitz avait même reçu une lettre de menace. Les critiques semblent ne pas s’adresser seulement à Blazkiewitz en personne. Depuis longtemps, les amis des animaux remettent en question la gestion du zoo de Berlin.