Cartes d'identité en Géorgie : le retour du diable ?
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emmanuelle.mEn novembre, des membres de l’Église ont organisé des manifestations dans la capitale géorgienne, protestant contre un objet qui ne semble pourtant poser aucun problème, la carte d’identité. Selon eux, les nouvelles cartes d’identité électroniques multifonctions sont possédées par le diable.
En août 2011, la ministre de la Justice a mis à la disposition de chacun des cartes d’identité numériques, une première pour les uns, le remplacement d’une ancienne pour les autres. Difficiles à falsifier, ces nouvelles cartes d’identité permettent également à tous d’avoir sa propre signature digitale. De plus, chacun peut désormais effectuer des opérations bancaires en ligne, payer des factures, acheter des tickets de bus, et même vérifier leurs notes ou s’inscrire à des cours. Modernes et pratiques, elles permettent également aux étudiants d'obtenir des dizaines de réductions. Malgré tous ces avantages, l’Église s’oppose à l’adoption de ces cartes.
Une vidéo promotionnelle hallucinante où un mec, dans un décor de Sims, devient soudainement un super-héros grâce à sa nouvelle carte d'identité.
Liberté, périe
Tea Gegia, du Collectif Orthodoxe, le Père Zosime de l’Église Quashveti à Tbilissi, et l’avocate Irma Bandzeladze figurent parmi les opposants. Après les récentes manifestations du 21 novembre, les organisateurs ont été invités à débattre de leur position à la radio. L’avocate Irma Bandzeladze affirme que les papiers d’identité violent la liberté des personnes, les informations personnelles étant enregistrées dans un système central. Cet argument, cependant, n’est pas très rationnel puisque le gouvernement et les banques stockent déjà ces informations, et que personne ne s’y est jamais opposé.
Mais le plus troublant, c'est que les représentants de l’Église affirment parler au nom de toute la communauté. Actuellement, seulement 100 000 personnes ont signé une pétition contre l’utilisation des cartes d’identité électroniques, alors que la Géorgie compte environ 4 millions d’habitants. Malgré ces chiffres, Irma Bandzeladze soutient que 99% des Géorgiens veulent retrouver leur ancienne carte d’identité.
LE SECOND RETOUR DU CHRIST
Le fanatisme religieux est commun en Géorgie, et ceux qui s’opposent aux cartes d’identité fondent leur principal argument sur la superstition. Le Père Zosime affirme que les cartes d’identité électroniques annoncent le second retour du Christ. Il pense également que l’utilisation d’un code barre pour l’achat de produits dans un supermarché est le signe de l’arrivée de l’apocalypse. Si les cartes numériques sont supprimées, ce groupe de représentants religieux prévoit également d’exiger des Géorgiens qu’ils n’utilisent plus leurs numéros personnels sur leurs papiers d’identité, ou toute autre numéro d’identification.
Alors que le gouvernement géorgien tente de coopérer avec leurs opposants, aucun consensus n’a été trouvé. Avec l’espoir de sensibiliser l’opinion publique quant à la nature inoffensive de cette innovation, la ministre de la Justice a fait quelques apparitions télévisées pour parler de ces nouvelles cartes. Elle a même diffusé une vidéo informative de 5 minutes, présentant des arguments solides qui s’appuient sur les déclarations de techniciens et experts informatiques, qui affirment qu’aucun signe d’Antéchrist biblique n’a été intégré dans la puce électronique, le symbole malheureux sur lequel les groupes ultra-orthodoxes s’appuient. En dépit de cet effort, les opposants aux cartes d’identité ne semblent pas prêts à abandonner.
Translated from Georgia's ID Cards : A Sign of the Devil?