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Cantona rien à perdre...

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Politique

L’Olympique de Marseille semble devenu une sorte de repère de « wannabe Président » de la République. Après George Weah et sa candidature à la présidence du Liberia, c’est Éric Cantona qui nous fait part de ses velléités.

Est-ce que l’ancien jouer professionnel de football ne se suffit plus de son titre de King chez nos amis anglais ? Envisage-t-il une carrière politique, la plus classique du monde ? On en est loin. Eric Cantona est d’abord un « citoyen engagé », c’est l’entête de la lettre qu’il a adressée aux maires de France, afin de recueillir les fameuses 500 signatures. Son objectif final n’est pas d’être candidat, mais de mettre en lumière le problème du mal-logement en France.

Coup de sang, coup de gueule, Cantona n’est pas qu’un King du foot, c’est aussi un roi du buzz, si l’on veut bien prendre le buzz pour ce qu’il est : faire un maximum de bruit pour faire passer un message. Et en matière de bruit médiatique, Cantona a un joli casier. On pourra revenir sur sa carrière en club et en équipe de France, ses colères, ses jetés de maillots ostentatoires, on verra qu’il avait déjà un sens inné du buzz… Buzz qu’il a récemment mis en œuvre lors de la crise bancaire qui secouait le monde. Rappelez-vous sa proposition : qu’on aille tous le même jour retirer nos avoirs de nos banques, afin de casser le système devenu fou. Sur l’idée, il y a toujours un certain succès. Cantona parle simple, il parle brut, il parle vrai. Dire que les banques se fichent de nous et qu’on peut leur faire du mal avec cette initiative, oui, c’est vrai, direct, simple à comprendre. Mais derrière, ça fait pshiit, car pas d’action concrète.

Cantona c'est comme la Movida en Espagne

Comme si l’essentiel n’était que dans la dénonciation, la mise en lumière d’une injustice. L’injustice sur le terrain, l’injustice financière, et maintenant l’injustice du mal-logement. Est-ce que c’est suffisant ? Utile ? Contre-productif ? On peut se poser la question : Cantona n’a fait tomber ni la FFF (Fédération française de football, ndlr) à son époque, ni les banques… Et puis la Fondation Abbé-Pierre, qu’il veut aider dans l’affaire, peut se retrouver en porte-à-faux avec le principe d’association apolitique. Je voudrais pourtant le remercier pour ce qu’il fait. Même si ensuite les résultats concrets sont faibles, il pousse certaines personnes, des gens comme vous et moi, à se poser des questions, à se demander ce qui est juste et injuste. Presque à la manière d’un Hessel (oui) il appelle à s’indigner. Nous sommes à l’ère du buzz, des coups médiatiques. Il faut se démarquer dans ce bruit ambiant. Cantona est efficace pour ça. Il n’y a qu’à voir sa popularité en Grande-Bretagne. Eric The King rameute toujours autant les foules et les médias. C’est une force. Et un devoir, presque de s’en servir. C’est même une tradition, comme en Grèce, où Mikis Théodorakis, grand homme de culture, a su mettre son image au service de son combat, la Movida en Espagne et les films d’Almodovar ont contribué à interroger l’Espagne et à la faire évoluer. Tout autre chose, Berlusconi a su parfaitement user de la fascination pour les people et la télévision, pour asseoir son parti.

La célébrité de Cantona, en dehors de nos frontières, est une force supplémentaire. Il faut convaincre et parler à un continent, une union, l’Europe, parce qu’à la toute fin, les décisions sont plus efficaces quand elles sont prises dans l’union. Je ne dis pas que Cantona est un messie, mais s’il sait parler aux mouettes, il peut bien parler à quelques élus pour les convaincre.

Par A-S-L

Photo : Une (cc)dullhunk/flickr ; Vidéos : Banque : MrCantona1981/youtube, Mouettes (cc) sChMoK68/youtube