Cafébabel présente Sphera!
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Sphera, plus qu’un projet, est un véritable travail de collaboration. Une collaboration folle, ambitieuse, tumultueuse mais aussi enrichissante, divertissante et qui fait sens.
Il y a un an, l’équipe de Cafébabel a eu cette idée folle de candidater à un projet financé par la Commission Européenne et a pris le pari de réunir dix médias indépendants en Europe autour d’un projet éditorial d’envergure: le projet Sphera.
Mais qu’est-ce que Sphera?
Sphera est un réseau composé de dix médias européens indépendants et d’organisations culturelles qui s’est donné pour but de réinventer l’espace médiatique européen. Une mission ambitieuse qui se porte grâce à une vision nouvelle et authentique qui engage les jeunes Européens sur des sujets émergents à travers du contenu diffusé sur les réseaux sociaux. Sphera produit des vidéos multilingues sous-titrées en six langues: le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol, l’allemand et le polonais, mais pas que. En effet, Sphera produit également des podcasts et organise régulièrement des débats en ligne ou en présentiel. L’intégralité des contenus a comme public cible les générations Z est Y. Le projet journalistique est porté sur les réseaux sociaux mais se veut également proche de son public. C’est pourquoi, tout au long de l’année, Sphera s’est associé à des festivals de musique pour aller à la rencontre d’une jeunesse peu préoccupée par les enjeux européens. Le public cible est touché grâce à des thématiques sensibles qui nous affectent tous: la mobilité, la culture, le futur du travail, l’immigration, le climat, les inégalités et discriminations et la technologie digitale. Chaque thématique traitée dans une langue, à travers un point de vue teinté par la culture et les habitudes d’un pays, peut-être aussi porté ou nuancé par d’autres. C’est là toute la richesse du réseau: comment une problématique donnée dans un pays européen peut avoir un impact direct ou indirect sur un autre. La rédaction internationale de Sphera s’étend sur différents pays, cultures et langues, mais surtout elle s’articule autour de l’élément le plus important de notre projet: la collaboration. À travers cette collaboration journalistique européenne, Sphera a comme objectif de donner la voix aux jeunes générations souvent mises à l’écart des discours politiques et de les soutenir afin qu’elles ne se sentent plus seules dans leurs luttes pour une société plus juste. Il est indispensable de montrer à l’Europe entière que des jeunes mènent des combats, osent, manifestent, tentent à leur échelle de changer les choses pour le meilleur, et d’inspirer d’autres à en faire de même. Sphera se veut moteur de changement, mais surtout, porte parole d’une jeunesse militante à travers l’Europe. Grâce aux contenus publiés sur les différents canaux de distribution, le réseau tout entier souhaite soutenir une jeunesse délaissée par le discours public et leur faire entendre que les mêmes luttes sont menées à travers différents pays. Des jeunes générations qui de prime abord tout oppose, se retrouvent finalement autour des mêmes idéologies.
Le projet Sphera présente un intérêt très fort pour ses lecteurs à travers l’Europe. En effet, le réseau Sphera est d’une extrême richesse avec des rédactions basées dans six différents pays et met l’accent sur le journalisme transfrontalier. Le partage de connaissance et d’expertise permet ainsi une meilleure circulation de l’information en temps record grâce au réseau européen. Sphera peut couvrir en temps record les actualités européennes et locales et ce sous différents angles et points de vue. C’est grâce à cela que Sphera prouve sa richesse et sa valeur ajoutée pour le lectorat: un contenu qui s’écarte de ceux publiés par les médias locaux grâce une approche différente, réelle et brute. Sphera se veut proche de son lectorat avec du contenu qui lui ressemble: jeune, authentique, engagé, tout en s’adaptant aux nouvelles pratiques journalistiques et canaux de distribution en place aujourd’hui. Sphera veut se rapprocher au mieux des jeunes et pour cela, le réseau utilise les codes qui leur parle afin de faciliter l’accès à l’information.
Sphera est unique en son genre, à la fois pour les lecteurs mais également pour les différentes rédactions. En effet, le réseau représente une vraie valeur ajoutée pour chaque média local qui bénéficie d’un vrai partage de connaissance et dont les exigences les poussent à adopter de nouvelles pratiques journalistiques ou d’utiliser de nouveaux outils.
Sphera est très fier d’avoir réussi à implémenter un changement positif dans les rédactions locales, même si la tâche n’a pas été aisée notamment au début du projet. Nous avons demandé à Yago Alvarez, journaliste pour El Salto, le partenaire média espagnol, quel a été le plus gros défi en embarquant dans l’aventure Sphera.
« Chez El Salto, nous ne faisions que très peu de vidéos et nous n’avions pas l’habitude de considérer ce format-là. Cela nous a demandé un gros effort d’organisation pour réaliser une vidéo par semaine, ainsi que de nous coordonner avec d’autres médias », nous répond-il.
Sphera est une valeur ajoutée pour chaque média membre du réseau, et El Salto a pu très justement en attester. Yago nous a fait part de son expérience:
« Grâce au projet Sphera, nous nous sommes habitués à la production de vidéo. Cela nous a poussé à penser davantage aux formats visuels et de tenter d’atteindre une audience plus jeune que celle habituelle. Nous avons pensé à l’utilisation de l’humour et de vocabulaires différents qui sont plus adaptés aux publics plus jeunes. Nous avons aussi été forcés de penser sous une perspective européenne, ce qui nous a permis de traiter différents sujets ou alors les mêmes sujets dont nous avions l’habitude mais sous un angle différent, avec une dimension européenne. »
Mais la vraie question demeurant est: existe-t-il un avant et après Sphera? Un changement dans les pratiques et les méthodes, qu’apprend-on de l’expérience Sphera?
« Bien sûr qu’il y a un après. Nous sommes désormais capables d’aborder un sujet, écrire le script, tourner et monter une vidéo en moins de 24 heures. Nous nous sommes habitués à la vidéo et nous avons crée nos propres formats. Aujourd’hui, nous produisons des vidéos au-delà de Sphera. Nous produisons également des vidéos pour d’autres entreprises, ce qui est une nouvelle branche de financement pour notre média. Nous avons également déménager dans de nouveaux locaux où nous avons installé un studio d’enregistrement et nous pensons désormais à de nouveaux formats vidéos, ainsi qu’à ouvrir notre propre chaîne sur Twitch. », affirme Yago.
Les médias locaux sortent grandis de cette expérience et ne cessent d’apprendre notamment sur le plan technique grâce à de nouvelles pratiques. Cela les met dans une nouvelle position qu’ils n’avaient alors pas considéré, cela les force à penser différemment, à se remettre en question, à repenser leur sujet, à aller plus loin. Sphera, incontestablement oblige à se positionner sous un angle européen, et ce afin de toucher un public plus large. Se plier aux exigences du réseau n’est pas une tâche aisée, il y a des standards de qualité et de production à respecter mais cela les fait monter en compétences et leur permet par la même occasion d’actionner de nouveaux leviers de financement pérennes.
Les nombreux effets vertueux du réseau sont certes des atouts pour toute rédaction souhaitant rejoindre Sphera. Mais le secret d’un tel projet réside toutefois dans l’organisation. Une collaboration entre rédactions venant de pays différents existe au prix d’efforts quotidiens. Coordonné par la rédaction de Cafébabel, Sphera, est une machine désormais bien ficelée. Le rédacteur-en-chef, Alexander Damiano Ricci, collabore avec brio avec les différentes rédactions et les journalistes indépendants afin de produire des vidéos hebdomadaires. Une réunion éditoriale par semaine qui a parfois du mal à s’intégrer dans les tâches journalières des différents médias mais qui est nécessaire afin de trouver une cohésion éditoriale et surtout, la coordination des traducteurs et éditeurs dans les six différentes langues, afin de publier immédiatement tous les contenus sous-titrés en différentes langues. C’est un véritable travail d’orchestre qui demande de la rigueur mais fort de son expérience d’un an maintenant, Sphera, sait s’adapter aux difficultés , aux situations et à exécuter des changements lorsque nécessaire.
Le 28 février, Sphera aura achevé sa première année, une année pleine de remues et d’accomplissements, de rencontres, de collaborations, de coopération. L’année fut incroyablement riche, et se termine avec l’espérance de continuer les années suivantes, de développer le réseau, de l’étendre à d’autres médias, à d’autres pays, afin de donner toujours plus d’importance aux médias alternatifs et aux voix ignorées du plus grand nombre.