Cafébabel Bruxelles prend le pouls de la société civile européenne
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Les journalistes de Cafebabel Bruxelles prennent la température de la société civile européenne!
Les journalistes de cafebabel Bruxelles ont participé à deux rendez-vous majeurs entre les institutions européennes et la société civile. La clôture de l’année européenne des citoyens à Vilnius les 12 et 13 décembre 2013 organisée par la Commission européenne et la journée européenne de la société civile le 18 mars 2014 accueillie par le Comité économique et social européen. A la veille des élections européennes, quel était l’état du dialogue entre société civile européenne et Union européenne ?
A Vilnius, deux jours pour le bilan de l’année européenne du citoyen 2013
Plus d’une centaine de participants toutes origines et organisations confondues ont échangé autour de six panels thématiques consacrés au rôle de la société civile dans la construction des politiques européennes et au bilan d’une année européenne consacrée aux citoyens.
Constat, jamais la société civile n’a été plus active et mobilisée. Avec la crise, elle a même pris une nouvelle dimension : celle de pallier les manques dus aux coupes budgétaires et politiques d’austérité à travers l’Europe. C’est à travers le développement d’outils utiles à la participation citoyenne, de plateformes de e-participation, que de nombreuses organisations travaillent de façon de plus en plus horizontales et transnationales, afin d’œuvrer à placer le citoyen au centre du destin européen.
Comment mobiliser les citoyens européens n'est plus la véritable question. En effet, les différents projets présentés lors des différentes sessions montrent une véritable capacité de la société civile à s’organiser et porter ses revendications. Dorénavant, il s’agit pour l’UE de prendre efficacement leur participation et revendications en compte. Cela nécessite une remise en question du fonctionnement institutionnel européen et son adaptation vers un véritable dialogue avec la société civile européenne. Dans ce contexte, il semble essentiel de créer ces nouveaux outils technologiques avec les citoyens et non de leur imposer. Les citoyens doivent pouvoir s’exprimer et s’engager sur les sujets de leur choix et non simplement être consultés de temps en temps par les décideurs européens sur des sujets et dans un cadre imposés. Voir le rapport cafebabel de la cérémonie de clôture de l'année européenne du citoyen 2013
Ces deux jours de clôture ont été marqués par la remise officielle des recommandations de l’Alliance européenne des citoyens par son Président, Jean-Marc Roirant, à la Commissaire Mme Reeding (Commissaire européenne à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Ces recommandations s’articulant autour de trois grands thèmes : Citoyenneté européenne active comme projet de société, Une démocratie européenne ouverte et inclusive et Une démocratie européenne, trois piliers démocratiques. Ces recommandations ont été formulées par une alliance de citoyens et d’organisations à travers l’Europe, l’enjeu ? Que la Commission européenne prenne en compte ces recommandations dans la formulation de ses politiques et surtout, oeuvrer à une Union européenne plus démocratique.
A Bruxelles, journée consacrée à la société civile européenne
Le 18 Mars dernier, le comité économique et social européen (CESE) organisait la journée européenne de la société civile. Ce fut l’occasion, pour l’alliance de l’année européenne du citoyen (EYCA), de faire le point sur le bilan de l’année 2013 et sur les perspectives futures de l’implication de la société civile pour la deuxième moitié de la stratégie EU2020. Le CESE qui accueille l’évènement participe également au développement du Nouveau Plan pour l’Europe qui propose cinq actions phares pour consolider une Union européenne économique, sociale, démocratique et citoyenne.
A l’ouverture de cette journée, Jean-Marc Roirant Président de l’Alliance (EYCA) fait le constat du silence de Mme Reding (Commissaire à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté), à laquelle il avait officiellement remit les recommandations de l’Alliance lors de la cérémonie de clôture de l’année européenne du citoyen à Vilnius. Néanmoins cette journée fut l’occasion pour de nombreux acteurs de la société civile européenne de se regrouper autours de trois thèmes principaux :
- Une économie pour l’Europe et non une Europe pour l’économie
Ce panel fait le constat que la gouvernance de l’Union européenne reste entre les mains de technocrates. Elle n’implique pas suffisamment, ou de manière trop inadéquate, la société civile dans le système décisionnel européen. L’Union économique européenne est perçut comme n’agissant pas dans l’intérêt de ses citoyens.
- Une Europe sociale pour les citoyens
Cet atelier est l’occasion de répondre à trois questions fondamentales :
comment construire un visage social à l’Union économique ? Comment faire le lien entre les mesures prises au niveau européen et les besoins des citoyens et comment répondre à l’urgence de la crise sociale par des actions rapides et efficaces?
- Pour une citoyenneté européenne active
Cette discussion, axée autour de la question de l’efficacité des outils mis en place par les institutions européennes, fait le constat que ceux-ci doivent permettre l’exercice d’une citoyenneté active et une véritable prise en compte des revendications des citoyens.
La construction d’un dialogue durable et efficace entre les institutions et la société civile européenne est une condition centrale à la sortie de la crise et de la reconstruction de la confiance des citoyens envers leurs institutions.
Voir les rapports de cafebabel bruxelles sur la journée européenne de la société civile
On remarque que l’on retrouve le même message formulé trois mois plus tôt à Vilnius. Il ne s’agit pas d’intéresser les citoyens à l’Europe mais bien de trouver le moyen de les écouter. Cette journée s’est conclue par l’intervention des trois présidents de groupe du CESE. Tous trois ont insistés sur l’urgence de la situation, à l’aube des élections européennes, de mettre en place les moyens et outils nécessaires à un niveau européen, à la prise en compte des intérêts et demandes des citoyens.
15 mai 2014… on nous demande de nous taire
Ces deux rencontres ont permi des dialogues constructifs mais le constat est que ceux-ci sont finalement peu écoutés. En effet l’Union européenne reste encore marquée par une crise démocratique majeure et la perte de confiance des citoyens envers ses institutions sera surement palpable aux élections. La complexité des outils démocratiques mis en place depuis le Traité de Lisbonne (notamment l'initiative citoyenne européenne) décourage ceux qui tentent l’expérience. Les réponses données par les institutions restent trop lentes et inadaptées aux besoins des citoyens (monté du chômage des jeunes, crise sociale…)
Récemment les négociations autours du Traité transatlantique entre les Etats-Unis et l’U.E, sans en consultater ou en informer les citoyens, témoignent d’un nouveau déni de démocratie. Les arrestations en masse lors du dernier rassemblement de l’Alliance D19/20 le 15 mai dernier témoignent que le dialogue est loin d’être atteint. En effet, jeudi 15 mai dernier, l’Alliance D19/20 (voir article de cafebabel CONSEIL EUROPÉEN DES 19 ET 20 DÉCEMBRE : L’ENVERS DU DÉCOR) organise un rassemblement afin de manifester pacifiquement contre l’austérité et le projet de grand marché transatlantique discuté à l’European Business Summit. Alors qu’aucune violence et provocation n’avait été faite par les manifestants, 281 personnes ont été arrêtées (dont parlementaires, leader syndicaux …) et détenues toute la journée.
Cet événement montre malheureusement, que les citoyens ne sont pas prêts à être écoutés sur ce sujet. Pourtant, face à ce sujet brûlant, aucune réponse n’est apportée ni par les Etats membres, ni par les grands partis politiques engagés dans la campagne européenne (excepté le groupe GUE/NGL et le groupes de VERT/ALE) voir l'article de cafebabel sur le sujet TTIP, NE MÉLENCHON PAS TOUT !). C’est donc de fait, sur les épaules de la société civile européenne, que repose le lourd travail d’information, de mise en débat et d’élaboration de moyens de participation citoyenne autour de ce traité.
Si cette société civile s’organise de plus en plus face aux besoins urgents des européens, le cadre institutionnel et les politiques de l’Union européenne, doivent quant à eux, changer. Il faut la fin du tout marché, la fin de la concurrence par le marché et appuyer les politiques et les institutions européennes sur un système capable de répondre à la justice sociale et au respect mutuel des peuples.
Lors des deux grands débats qui ont rassemblé les principaux candidats à la Présidence de la Commission Européenne (C.E) (voir l'article cafebabel sur le sujet: ÉLECTIONS EUROPÉENNES : UNE MINUTE POUR CONVAINCRE), les mots clefs «Europe des citoyens », « plus démocratique » sont utilisés par tous les candidats. Le discours est bien rodé. Cependant l’enjeu est maintenant de mettre en pratique la participation citoyenne dans le processus décisionnel européen. Car en effet, avec d’une part un manque de confiance dans les institutions européennes et nationales et de l’autre la monté des votes eurosceptiques, l’Union européenne est à un tournant décisif de sa construction. Comme l’a rappelé le candidat à la C.E Alexis Tsipras en évoquant les nombreuses décisions européennes prises à huit clos : « Soit l’UE va se démocratiser, écouter et répondre aux attentes de son peuple, soit c’est la fin d’un destin européen commun. ».
Les candidats au poste de la présidence de la Commission ont insisté «il serait complètement antidémocratique » qu'aucun d'entre eux ne soit désigné. Ils assurent que si cela arrive « le Parlement européen ne votera jamais en sa faveur ». Il est donc l’heure de prendre part au débat en allant voter, mais aussi d’agir en continuant à s’organiser à un niveau européen.