Buzek : tolérance zéro pour la corruption
Published on
Par Aurélie Feller Sous la pression des questions des journalistes présents sur place, Jerzy Buzek, le président du Parlement européen, est revenu sur l'affaire de corruption qui pèse sur l'institution. Déterminé à préserver l'intégrité du PE, le président a affiché une volonté d'appliquer un principe de fermeté.
Retour sur un scandale qui pose de sérieuses questions sur la proximité entre pouvoirs économique et politique et sur la faiblesse de son contrôle.
C'est sans doute l'une des plus sévères affaires de corruption de l'histoire du Parlement européen. Le 20 mars, le Sunday Times révélait comment trois élus, un slovène, un roumain et un autrichien, avaient accepté de déposer des amendements « tout prêts » en faveur du secteur bancaire. Ceux-ci avaient été en réalité piégés par deux reporters de la rédaction. Se présentant comme des lobbyistes, ils leur ont fait miroiter le paiement secret de la coquette somme de 100 000 euros par an en échange de bons procédés. L'offre a été proposée à une soixantaine d'eurodéputés. Au total, quatorze se sont montrés intéressés et trois d'entre eux se sont fait piéger jusqu'au bout.
Tolérance zéro
Les trois anciens ministres nationaux se sont empressés de nier toute action illégale. Si Ernst Strasser du Parti populaire européen et Zoran Thaler du groupe socialiste ont expressément présenté leur démission à tour de rôle, seul le second socialiste Adrian Severin a refusé de quitter son mandat préférant s'exclure temporairement de son poste de président adjoint de son parti. Lors d'une entrevue plus tôt dans la journée, le Président du Parlement européen a invité très sérieusement l'accusé à se retirer au plus vite. « S'il veut racheter sa réputation, il devra apporter la preuve de son innocence », a-t-il insisté.
Rideau de honte et de doute
« Les allégations du Sunday Times sont graves et le Parlement européen les prend au sérieux », avait déclaré Jaume Duch, le porte-parole du PE, annonçant que le Parlement avait ouvert une enquête « pour que les faits soient pleinement établis ». Plusieurs ONG ont réagi, à commencer par Alter UE, qui a dénoncé la pression exercée par l'industrie, notamment les organismes financiers et bancaires, pour influencer les lois qui les régissent. Pour Alter UE, cette affaire ne pourrait être que la pointe de l'iceberg. En fin de conférence de presse, sous le joug des questions embarrassantes, Jerzy Buzek n'a pas vraiment réussi à disperser les doutes des journalistes. Il s'est déclaré prêt à continuer les efforts entrepris depuis quelques années avec la mise en place d'un registre volontaire d'enregistrement des lobbyistes. En jeu une meilleure transparence en matière de lobbyisme et l'encadrement de ces pratiques.